Les abeilles parisiennes : le miraculeux buzz urbain
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Philippe-Alexandre SaulnierA Paris, entre les toits de l'Opéra Garnier et le palais du Luxembourg, s'il n'est pas rare de croiser sur son chemin des ruches et des alvéoles, le plus surprenant reste que le miel qu'on en tire exhale un parfum délicieux ! Bien meilleur et plus sain que celui des campagnes proches ou lointaines infestées de pesticides.
Il faut voir là le résultat de l'action de citoyens peu ordinaires qui se sont engagés en faveur du maintien de la biodiversité urbaine.
Lancée en France le 19 mai 2011, en vue de lutter contre la disparition progressive d'un grand nombre d'espèces végétales et animales, la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) en a déçu plus d'un à cause de son manque d'objectifs clairement définis et de propositions d'actions concrètes. Le gouvernement a donc demandé aux diverses collectivités locales, aux syndicats, aux entreprises, aux associations, de s'investir personnellement dans ce combat. Le plan de 2010 invitait en particulier les Parisiens à devenir des observateurs actifs de la faune et de la flore de leur ville. Un mouvement éco-citoyen se mit alors à quadriller la ville. On peut toutefois se demander si cet élan témoigne avant tout d'une participation volontaire à la défense d'un bien public telle que la biodiversité ou s'il résulte aussi tout simplement du manque de fonds disponibles nécessaires au bon déroulement de la stratégie visée ? En fait, peut-être les deux. Il n'est pas interdit d'envisager la première hypothèse comme la conséquence déclenchée par les carences de la seconde. Même les agriculteurs dans leur ensemble ont répondu à l'appel en signant une déclaration d'engagement volontaire. Néanmoins, étant donné que leurs intérêts économiques pourraient être directement affectés par les nouvelles règles de cette stratégie, leur représentativité peut donc paraître sujet à caution.
Là où butinent les abeilles jaillit le nectar
Le plan d'action de la SNB a désormais pris le risque de faire reposer son action sur la bonne volonté des citoyens ordinaires plutôt que de parier sur les ambitions et les moyens d'un choix et d'une ligne politique nettement définis. Or, à Paname, les ambitions ne manquent pas. La plus inattendue d'entre elles consiste à vouloir dorénavant produire le meilleur miel de France, plus sain et de plus grande qualité que celui des campagnesenvironnantes. A l'intérieur d'un périmètre délimité par l'Opéra, le palais duLuxembourg, le Parc Monceau et le Parc Georges Brassens (et même au-delà), on compte de 200 à 300 ruches en activité. Chaque association et chaque particulier engagé dans cette pratique de l'apiculture urbaine crée pour les meilleures élèves de la classe des apidés mellifères un environnement plus optimal que celui qu'elles pourraient trouver à la campagne où la pratique de la monoculture, l'usage des pesticides et l'introduction d'OGM menacent sérieusement la vie de ces hyménoptères déjà en forte diminution.
« Les ruches ne doivent pas être installées à moins de 25 mètres d'un hôpital ou d'une école.»
Georges, qui est apiculteur sur laButte Bergeyre à deux pas du parc des Buttes-Chaumont dans le 19ème arrondissement de la capitale, nous expose les deux règles d'or à respecter : « Les ruches ne doivent pas être installées à moins de 25 mètres d'un hôpital ou d'une école. D'autre part, les apiculteurs ont l'obligation de dresser un filet de protection de 2 mètres de hauteur à proximité des ruches. »
Les abeilles jouent un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité. D'après les données de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), 35% de notre alimentation et 65% de sa diversité dépendent du processus de pollinisation déclenché par les abeilles. Acacias, châtaignes et millefleurs constituent les principales variétés de miel récolté à Paris. Or, grâce au plus grand soin dont bénéficient les plantes et les fleurs dans les jardins et les parcs de la Ville Lumière, le miel local s'enrichit d'une multiplicité d'arômes délicats.
« Bonjour. Nous avons détecté dans les alvéoles la trace de produits polluants déposés préalablement sur les fleurs et dans l'eau. Aidez-nous à en chercher la cause afin de pouvoir y remédier au plus vite. Merci pour votre aide. Georges et Catherine, les apiculteurs. » Voilà ce que les passants peuvent lire sur le carton apposé à la grille du jardin géré par les habitants et membres de l'association de la Butte Bergeyre dans le 19ème arrondissement où, avec un nombre limité de ruches, a été extrait cette année 200 kg de miel. Et Georges d'ajouter : « La première année, avec seulement deux ruches, nous avions produit 40 kg de miel, cette année nous en avons récolté 200. » Pour savourer la millefleur de la Butte Bergeyre et des autres jardins où se pratique l'apiculture urbaine, le rendez-vous est donc fixé au premier weekend d'octobre à l'occasion de la fête du miel.
Une note intéressante pour les apprentis en« ruches », vous pouvez dès à présent vous inscrire jusqu'en septembre 2011 à des cours d'apiculture dispensés dans les jardins du Luxembourg. Ces cours seront assuré par la Société Centrale d'Apiculture qui lutte contre l'extinction des abeilles depuis 1856.
Cet article fait partie de Green Europe on the ground 2010-2011, la série de reportages réalisés par cafebabel.com sur le développement durable. Pour en savoir plus sur Green Europe on the ground
Photos : toutes, © Greta Gandini
Translated from Le api parigine, piccolo miracolo urbano