L'emploi à Bruxelles : l'étrange vie des étrangers
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Elodie Red30% des habitants de la capitale belge sont des résidents étrangers parmi lesquels on compte des milliers de jeunes travailleurs venus du monde entier. Hyper motivés, qualifiés, et dotés de CV impressionnants, ils peinent pourtant à trouver un emploi. cafébabel est parti à la recherche d’astuces pour les actifs de tous bords. Des conseils pour vous aider à trouver le job de vos rêves.
Au pays des Spéculoos, on rencontre des travailleurs venus du monde entier. Els Scheppers, l’inventeur de la pâte de speculoos avait comme devise : « si vous voulez vraiment quelque chose, vous pouvez le faire ». Cela pourrait tout aussi bien être le leitmotiv de Nuno Loureiro, coordinateur d’associations chez Interel, qui a remporté cette année le Prix européen du meilleur cabinet conseil public. Avant de rejoindre Interel, cet ambitieux portugais de 27 ans a suivi un master en Sciences politiques, pris des cours du soir et envoyé des centaines de candidatures. Il a aussi effectué quelques stages non rémunérés, travaillé dans un supermarché Delhaize pour gagner de l’argent et a même dû compter sur l’aide financière de sa copine pendant un certain temps. Bref, Nuno a tout donné pour réaliser son rêve : travailler à Bruxelles dans les affaires européennes. « J’ai reçu des centaines de 'non' dans ma vie. À partir d'un certain stade, le rejet ne vous atteint même plus. Il faut toujours demander un retour lorsque sa candidature est rejetée tout en oubliant qu’on l’a fait. Comme ça, quand on reçoit une réponse, c’est toujours une agréable surprise. Si on nous répond, ça nous sert pour les candidatures suivantes mais il ne faut pas attendre après ça. »
« Trafiquer son cv ? Tout le monde fait ça à Bruxelles »
Pour lui, la solution c’est des ateliers, des langues et un apprentissage en continu. « Ne vous contentez pas de ce qui est requis par votre job. Il y a des milliers d’opportunités autour de vous. Ne vous laissez pas coincer par votre travail, même si vous l’aimez. N’arrêtez pas d’envoyer des candidatures. »
Nuno est passé de stage en stage et il a dû s’inscrire comme sans emploi auprès d’Actiris, l’Office régional bruxellois de l’emploi, à plusieurs reprises. « Les opportunités manquent à Bruxelles pour les jeunes diplômés », c’est ce qui l’a motivé à devenir entrepreneur via B!ngo. Cette ONG à destination des stagiaires de Bruxelles aide les jeunes professionnels à trouver un stage équitable et de qualité dans la région de la capitale belge. Par conséquent, il recommande à tout le monde de « bien réfléchir à son CV et de faire attention à la photo. Parfois je ne parle pas de 'stage', j’indique simplement ce que je faisais, comme Assistant de projet. Trop de stages peuvent plomber un CV. Tout le monde fait ça à Bruxelles. »
Ses 6 années d’expérience professionnelle il les a passées entre Vienne, Kiev et Bruxelles et c’est grâce à ses contacts qu’il trouve ses différents projets. « La clé est d’entretenir un réseau avec les gens qu’on rencontre ou avec qui on a travaillé, Linkedin aide beaucoup », ajoute-t-il.
Et l'amour alors ?
Marciano Silva est venu en Europe par amour. Maintenant c’est de Bruxelles dont il s'est épris. Il est gérant chez Exki!, une enseigne qui compte plus de 70 restaurants franchisés répartis dans 6 pays. Ce Brésilien de 35 ans travaille dans le centre, entre la gare principale et la Grand-Place. Il doit switcher entre l’anglais, le français, l’espagnol et n’importe quelle autre langue afin d’aider des clients venus du monde entier. Quand ils lui posent des questions sur les possibilités d’emploi, son premier conseil est de « chercher les informations officielles en se référant aux documents légaux et de ne surtout pas travailler illégalement. »
Tout en préparant des salades fraîches et un latte d’un côté et en servant des cheesecakes de l’autre, Marciano m’explique qu’il travaille ici depuis 7 ans « pour avoir une certaine stabilité financière sans laisser de côté ce que j’aime faire ». Une fois sa journée au restaurant terminée, Marciano se tourne vers ce qu’il aime vraiment : la peinture. Il se concentre sur les galeries, les expositions et les clients internationaux. La vente de ses peintures à l’acrylique lui permet d’envoyer de l’argent du côté du Paraná au Brésil. Cela lui permet aussi de suivre son rêve, de mettre à profit sa créativité et les connaissances acquises grâce à son éducation artistique tout en faisant la promotion de l’art moderne brésilien.
Bruxelles : une ville pour « les gens les plus forts »
Depuis le balcon de Milieu, une société de conseil politique et juridique, Mari Tepp précise comment les entreprises multiculturelles de Bruxelles contribuent à entretenir l’état d’esprit international de la ville. « Chaque jour, on travaille avec des gens qui viennent de différents milieux et on voit les particularités de chacun, comment ils organisent leur pause repas ou combien de temps elle dure par exemple. Les gens deviennent plus tolérants et respectueux. » La jeune estonienne vit à l’étranger depuis maintenant plus de trois ans : elle est passée par l’Allemagne, la France, les États-Unis et s'est désormais installée à Bruxelles. Aujourd’hui intégrée à un bureau multiculturel en tant que chercheuse en politique, Mari a toujours « fait attention à toutes les opportunités qui s’ouvraient à l’étranger, certaines proposaient même des bourses ». À ses amis sans emploi, elle recommande « de ne pas perdre confiance en soi, même lorsque vous avez l’impression que personne ne veut de vous. Il y a une place pour tout le monde. Si vous mettez du temps à trouver une opportunité, restez actifs. Les projets de volontariat, la création d’une startup, l’apprentissage d’une langue et le renforcement de vos compétences sont aussi des atouts précieux pour votre CV. »
Pour trouver sa place dans une ville où l'on peut réserver une chambre d’hôtel en au moins trois langues, Mirela Mistor a dû apprendre le français, l’anglais et l’allemand. Elle parle aussi l’italien et le roumain, sa langue natale. Elle a travaillé pendant 4 ans pour une chaîne d’hôtel avant de rejoindre Bruxelles peu de temps après l’entrée de la Roumanie dans l’UE. Elle a quitté son petit soleil et a débuté en nettoyant des maisons avant de mettre à profit son diplôme et d’obtenir un travail dans le secteur du tourisme. Son meilleur conseil : « étudier, investissez vous, et étudiez quelque que soit votre âge, même si vous avez déjà un travail, continuez d’apprendre ». Elle a réussi à faire venir son fils à Bruxelles et elle l’encourage à « ne pas oublier que quoi que vous fassiez, ou que vous ayez envie de faire, vous devez être le meilleur ». Mirela retourne en Roumanie chaque été, mais elle a l’impression d’être différente. « En vivant à Bruxelles, votre mentalité change et vous êtes plus ouverts d'esprit. Les gens ne vous regardent pas, ils ne vous jugent pas suivant ce que vous portez. Si vos parents sont derrière vous pour vous soutenir à chaque instant, vous n’aurez pas le courage de venir et de vous battre. Les gens les plus forts sont ceux qui peuvent vivre au milieu d’étrangers, au lieu d’être entourés d’amis, tout le monde peut faire ça », affirme-t-elle fièrement. « Si je devais revivre ce que j’ai traversé jusqu’à présent, je ne sais pas si je pourrais le supporter. Mais cela vous rend plus fort. Tout est possible si on le veut ! »
Cet article fait partie d'une édition spéciale consacrée à Bruxelles et réalisée dans le cadre du projet « EU-topia Time to Vote » initié par cafébabel en partenariat avec la fondation Hippocrène, la Commission européenne, le Ministère des Affaires étrangères et la fondation EVENS. Retrouvez bientôt tous les articles à la Une du magazine.
Translated from Live the Dream: Finding a Job in Brussels