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L'élargissement, c'est qui perd gagne...

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Quels sont les arguments de ceux qui s’opposent à l’élargissement ? Et les contre-arguments de ceux qui y voient une opportunité unique.

Les citoyens européens montrent de plus en plus d’inquiétude sur l’avenir de l’Europe alors que se prépare la cinquième étape de l’élargissement qui inclura jusqu'à 12 nouveaux membres de l’Europe centrale et orientale. Cette crainte est-elle vraiment fondée ? Ne sommes nous pas en train d’imaginer un scénario catastrophe et d’oublier les avantages que l’élargissement apportera aux membres de l’Union européenne ?

Envahis par les (pauvres) Polonais

Parmi les inquiétudes exprimées par beaucoup de personnes en Europe occidentale, on retrouve la crainte d’une immigration massive vers les pays les plus riches de l’Union. Lorsque les frontières n’existeront plus, les ressortissants de l’Europe de Est pourront circuler librement à l’Ouest et chercher du travail. Cette vision ne fait qu’intensifier l’inquiétude sur l’immigration dans les pays occidentaux et s’est vérifiée par la montée des parties d’extrême droite. Malheureusement pour Monsieur Le Pen et ses semblables, l’élargissement de l’Europe ne provoquera pas d’afflux de travailleurs venant de ces nouveaux pays qui « voleront » le travail de nos concitoyens.

Les gens sont en effet en général réticents à quitter leur pays, leurs famille et amis (sauf circonstances exceptionnelles). La langue représente à elle seule un obstacle important au déplacement. L’adhésion de l’Espagne et du Portugal à la Communauté Européenne avait suscité de semblables inquiétudes. Cependant, l’amélioration de l’économie des deux pays (conséquence directe de l’adhésion) a rendu l’immigration moins intéressante. Il se produira sans doute la même chose pour l’Europe de l’Est. Grâce aux perspectives d’une stabilité politique, de la croissance économique et des meilleures conditions de vie, les habitants de ces pays ne verront pas l’intérêt de se déplacer.

Ensuite, nous avons énormément besoin de main d’œuvre étrangère. Dans beaucoup de pays de l’Union Européenne, la tendance démographique témoigne d’un vieillissement de la population face à laquelle le besoin de main d’œuvre qualifiée est alarmant. La libre circulation des travailleurs est nécessaire pour assurer l’avenir d’une économie performante.

L’élargissment, ça coûte

Il est évident que l’élargissement de l’Europe est un projet coûteux. Selon des estimations, ce projet s’élèvera à 25 milliards d’Euros les trois premières années en supposant que 10 membres adhéreront en 2004. Autrement dit, cela représente 100 Euros par citoyen européen et par an. Et même si la population des pays de l’Union européenne augmente de 25% après la première vague d’adhésion, le PNB de l’Union Européenne n’augmentera que de 5%. Ces chiffres nourrissent un sentiment de déloyauté chez les citoyens de l’UE. Selon eux, l’élargissement ne profitera qu’aux pays candidats aux dépends des pays membres.

Bien entendu, cette attitude est trop simpliste, le processus d’élargissement étant en réalité plutôt injuste pour les pays candidats qui ont effectué des reformes substantielles dans beaucoup de domaines afin d’adopter la législation européenne, l’acquis communautaire. Ces règlements et lois débattus, votés et appliqués par l’Union européenne pendant 50 ans doivent sans discussion être assimilés en quelques années par les pays candidats. Si l’on considère en outre que ces pays se relèvent à peine du système centralisateur communiste pour s’adapter à l’économie libérale de marché, on peut s’imaginer la difficulté à surmonter une telle « digestion ». Si en effet il s’agit d’un projet coûteux, il n’est pas tout bénéfice pour les nouveaux arrivants, ni perte pour les membres actuels. Il y a de nombreux aspects positifs dans l’élargissement qui profiteront à tous à long terme.

Intérêts économiques

Si l’élargissement de l’Europe se poursuit, avec l’arrivée de 10 nouveaux membres en 2004, cela créera le plus important marché commun du monde avec plus de 500 millions de consommateurs. Même si un marché de cette envergure suscite chez certains des craintes, on peut s’attendre à un accroissement des investissements et la création d’emploi. Ceci permettrait une augmentation du niveau de vie à la fois dans les nouveaux états membres et les adhérents plus anciens. La possibilité de pouvoir développer les activités économiques et commerciales peut être perçue comme une chance et redonner un nouvel élan à la croissance et à l’intégration de l’économie européenne. Bien évidemment, se serait plus profitable pour les nouveaux Etats membres puisqu’ils partiront d’un niveau légèrement inférieur. Comme le démontre le « Centre pour la recherche Economique » dans un étude réalisée en 1997, l’adhésion des pays d’Europe Centrale et de l’Est entraînerait un gain économique d’environ 10 milliards d’euros pour les 15 pays.

Elargissement = Constitution

L’élargissement peut apporter une bouffée d’air frais à l’Union européenne. La perspective d’intégrer en une seule fois un si grand nombre de pays a poussé les Etats membres à envisager la réforme des institutions de l’Union. Ce qui s’avèrait nécessaire. Jusqu'à présent, les réformes entreprises découlent du Traité de Nice qui a ouvert la voie à d’importants changements institutionnels pour que l’Union Européenne puisse s’élargir et fonctionner efficacement. La nouvelle répartition des votes des pays membres au Conseil et l’attribution des sièges au Parlement Européen rationalisera des institutions européennes lourdes et dépassées pour accueillir de nouveaux pays. Les pays de l’Union se sont finalement mis d’accord sur une politique agricole commune afin que les pays de l’est à dominante agricole puissent intégrer l’Union. Les autorités européennes ont ainsi appris à répartir les subventions de la politique agricole commune de manière moins contraignantes. Enfin, l’adoption d’une Constitution vise clairement à rationaliser le pouvoir des institutions européennes et à avancer un plus d’intégration et un meilleur fonctionnement de l’Europe élargie

Hymne à la joie

Hormis les aspects économiques et institutionnels, l’Union européenne bénéficiera d’autres avantages. Je fais allusion a une Europe pacifique et intégrée, unifiée après des décennies de division et conflit. La stabilité et la richesse s’étendra à un nouveau groupe de pays. Elle donnera de nouvelles chances à la paix et la prospérité au sein de l’Europe. D’un point de vue géographique seul, les états du centre et de l’est de l’Europe sont admissibles dans l’Union. Alors pourquoi devraient-ils être exclus d’un processus qui s’est avéré être une expérience profitable à tous les pays membres ? Certains problématiques de l’Union ont été contestées aussi bien par les élus que par le public européen, mais nous oublions de voir au-delà. L’élargissement n’a rien coûté. En réalité, c’est le non élargissement qui serait extrêmement coûteux. Comme le souligne très justement Chris Morris (correspondant de la BBC) : « Accrochez-vous. Il s’agit d’histoire en devenir et personne ne prétend que se sera chose facile ».

Translated from Whats in it for us? An overview of the arguments against enlargement