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L’égalité, pas la quantité

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Default profile picture Delphine Leang

Le 26 septembre marquera la 5ème édition de la Journée européenne des Langues. Fêter la diversité linguistique du continent soit. Mais sans dissimuler la nécessité pour Bruxelles de réaffirmer sa politique linguistique.

Depuis l’élargissement, l’Union européenne fonctionne avec 20 langues officielles, parmi lesquelles l'irlandais, au programme en 2007. S’il est communément admis que la diversité linguistique enrichit l’Europe, trop de langues de travail pose toutefois des problèmes logistiques aux institutions. Parallèlement, la déclaration de l'Union selon laquelle « toutes les langues européennes sont égales » sonne de plus en plus faux, eu égard à l’exclusion de certaines du jeu communautaire.

Un génocide culturel

Récemment, Patrick Le Lay, le PDG de la chaîne TF1, a accusé le gouvernement français de  «génocide culturel», en référence à la langue bretonne. Pourquoi ? Parce que la France mène une politique linguistique destinée à éradiquer le breton et tous les autres dialectes parlés dans l’hexagone sous un prétexte d’égalité. Une initiative qui vise à accorder le droit linguistique à ceux qui parlent le français exclusivement. Comment une telle mesure est-elle acceptable en ces jours de prétendue diversité linguistique ?

Alors que le droit à la langue est reconnu à certaines communautés, à des nations et des régions sans Etat, d’autres en sont totalement privées. Le fossé est visible à l’échelle institutionnelle de l’Union, où il existe des grands écarts entre les idiomes utilisés. Le basque, le catalan et le galicien sont dorénavant des langues co-officielles en Espagne, l’irlandais sera une authentique langue communautaire et langue de travail dans à peine un an ; et le Royaume-Uni a passé un   « Language Acts » destiné à faire renaître de leurs cendres le gallois, l’écossais et le gaélique. Certains idiomes ne se portent pas aussi bien. En Allemagne, le « sorbian » lutte constamment contre les suppressions de fonds pendant que les politiques gouvernementales françaises et grecques visent à éliminer toutes les autres langues au sein de leur territoire.

Lingua franca

On peut globalement admirer l’effort fourni par l’UE pour mettre en pratique une diversité linguistique significative et ériger le multilinguisme en pierre angulaire de sa politique. Même si selon certains critiques, le travail des 25 serait largement facilité s’il n’y avait qu’une seule langue. Et peu importe que la mesure ne soit pas juste pour les citoyens européens. Actuellement, l’anglais, qualifié de «langue tueuse » par l’universitaire danois Tove Skutnabb Kangas, est de facto la véritable lingua franca de l'Union, plébiscitée par 85 % du personnel travaillant au sein des institutions communautaires comme langue favorite.

Il est évident que la protection de la diversité linguistique nécessite des changements et le développement d’une politique appropriée. Mais comment y parvenir en maintenant une certaine égalité entre Européens ? Depuis 1958, la plupart des documents sont traduits dans toutes les langues officielles. Cela ne posait pas de problèmes pour les idiomes des 6 pays fondateurs de l’UE. Il y a désormais 25 Etats membres. Est-il vraiment nécessaire que l’ensemble de la documentation applicable à Malte soit traduite en danois et en hongrois ?

Egalité linguistique

Les minorités linguistiques doivent-elles imaginer leurs propres solutions, à l’instar des Irlandais dans les années 90 et des universitaires de Catalogne en 2003 ? L’idée est d’officialiser toutes les langues européennes, en distinguant « langues officielles » et 3 ou 4 « langues de travail », comme l’anglais, le français, l’allemand et l’espagnol. Le hic : les économies réalisées grâce à la diminution du nombre de langues de travail seront contrebalancées par les coûts inhérents à l’officialisation de toutes les langues.

La proposition rend néanmoins possible un système fluide et flexible au sein duquel des langues minoritaires peuvent être reconnues à l’échelle européenne tout en permettant de gérer le quotidien des institutions dans trois ou quatre langues seulement. Les réunions se dérouleraient ainsi en fonction du nombre de langues des personnes présentes. La représentativité démocratique et l’accessibilité du citoyen, thèmes fondamentaux du rapprochement entre Bruxelles et Européens, sont évidemment au coeur de ce projet.

Le Dr Davyth Hicks sera l’un des invités à Bruxelles d’un débat café babel le 26 septembre, date de la Journée européenne des Langues.

Translated from Equality, not quantity