Leçons d’Amérique
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pauline kollerL’UE peut apprendre des Etats-Unis sans pour autant abandonner la tradition sociale de solidarité européenne.
Les débats en Europe à propos des réformes du marché du travail ont été assez vastes ces dernières années. Ils illustrent l’importance de la question et montrent combien il devient pénible pour beaucoup de pays européens d’avoir des marchés intérieurs du travail plutôt inefficaces, sans parler du marché du travail européen intégré toujours inexistant. Les décideurs politiques, les syndicats et les personnes en général peuvent-ils apprendre de la stratégie américaine ? Les Etats-Unis sont beaucoup plus proactifs lorsqu’il s’agit d’introduire des changements sur les marchés des biens et des services et sur celui du travail, ce qui leur permet de tirer les bénéfices de leur stratégie plus vite que leurs lambins d’homologues européens. Au milieu des années 1990, l’UE et les Etats-Unis ont créé un forum à ce sujet pour faciliter la discussion et la coopération, mais les réformes européennes sont toujours à la traîne, avec une croissance économique très lente, pendant que les Etats-Unis évoluent rapidement vers une économie experte.
Les syndicats sont coupables
Commençons par quelques faits : alors que la productivité par heure de travail est à peu près la même dans l’UE et aux Etats-Unis, les Européens travaillent moins que les Américains parce que l’Europe a un taux d’emploi plus faible et le travailleur moyen effectue moins d’heures de travail. Ce qui s’explique par le fait que de nombreux Européens sont au chômage. En comparaison avec les Etats-Unis, l’Europe a un taux de chômage beaucoup plus élevé chez les jeunes, et un taux d’emploi plus faible chez les femmes et les séniors. Le chômage chez les jeunes est dû principalement aux syndicats qui protègent les affiliés, de plus en plus âgés, aux dépens de ceux qui ne sont pas membres et qui, de surcroît, n’ont pas ou peu de voix. La participation plus réduite des femmes résulte du rôle traditionnel de la femme dans la famille et du peu d’appui du système social, particulièrement en ce qui concerne les enfants (par exemple, le fait de devoir s’occuper des enfants aux heures qui correspondent aux heures de bureau, ou de devoir s’en occuper sur le lieu de travail). La participation des séniors est faible en raison de systèmes de retraites généreux. De plus, la plupart des causes de la piètre performance européenne peuvent être mise en relations avec les institutions du marché du travail et les choix politiques européens. La forte augmentation récente des emplois à temps partiel et des contrats à durée déterminée a aidé les jeunes et les femmes, mais un taux de chômage élevé persiste.Dans tous les cas, ces emplois ne peuvent pas être considérés comme des substituts d’emplois à plein temps, étant donné, par exemple, qu’ils ne contribuent pas assez aux cotisations de la retraite et ne permettent pas l’accès aux emprunts-logements.
Le chômage européen pourrait être attribué en partie aux réformes structurelles incomplètes dans plusieurs secteurs où une protection excessive des acteurs, l’aide publique et les réglementations entravent la concurrence, les investissements et les innovations. Des mesures récentes concernant les « obstacles à la volonté d’entreprendre » (« barriers to entrepreneurship ») et la « propriété publique » (« public ownership ») citées par Olivier. Blanchard dans le document étude empirique suggère que l’Etat social n’est pas à l’origine ce cette faible performance au niveau du marché du travail et de la croissance économique. Des changements dans le marché du travail peuvent être compatibles avec une stratégie européenne traditionnelle de solidarité sociale élevée et un système social considérable, mais les institutions sociales ont besoin d’être adaptées ( et parfois même développées) aux nouveaux besoins des économies en évolution.
Mobilité et intégration
L’expérience américaine peu être utile de plusieurs manières, même si l’Europe ne devrait pas essayer de copier la structure du marchés du travail américain. Aux Etats-Unis , une source importante de demande de jeunes qualifiés a émané du secteur des Technologies de l’Information. L’Europe n’a pas été prompte à investir dans les nouvelles technologies ou à les adopter, mais un pas assuré dans cette direction, dans le cadre de la stratégie de Lisbonne, pourrait stimuler la croissance et fournir des emplois à des jeunes, qui sont généralement plus prompts à acquérir les compétences nécessaires.
Une autre proposition pour améliorer la mobilité à l’intérieur de l’UE serait d’introduire une mobilité permettant de cotiser au système des retraites pour les travailleurs qui se déplacent en Europe, sur le modèle du système 401K (1) américain. Les travailleurs européens qui changent d’emplois et de pays devraient pouvoir transférer leurs cotisations d’un pays à l’autre, créant ainsi leur épargne-retraite ; ce qui encouragerait le déplacement des travailleurs entre les pays et les secteurs, tout en augmentant l’offre et la demande, et en contribuant à un réel marché du travail à l’échelle européenne.
Une troisième possibilité concerne les personnes âgées et les invalides. Aux Etats-Unis , la pénurie de travailleurs a créé une opportunité pour introduire des réformes qui considèrent des groupes de personnes comme de véritables ressources. Ces réformes les aide à poursuivre leur contribution à la société via un plus grand nombre d’emplois pour les personnes à mobilité réduite et un système de « retraite progressive » pour les plus âgés. Afin d’aller dans le sens de l’attitude de l’Europe qui se veut intégrante et attentive à la dimension humaine du travail, ces approches pourraient être adoptées également sur le Vieux Continent.
En général, la principale leçon des Etats-Unis a été celle de la dérégulation et de la libéralisation des marchés financiers et des produits, ainsi que de l’investissement dans la recherche et les industries des hautes technologies ; à tel point que les Américains peuvent parler à présent d’une société experte. Ces politiques ont généré des profits d’efficacité considérables pour la société et les consommateurs, tout en stimulant la création d’emplois et une croissance économique soutenue.
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(1) Les plans d’épargne-retraite individuels 401k ont été institués par une loi fédérale de 1981 et bénéficient d’avantages fiscaux spécifiques. En adhérant à un plan d’épargne-retraite 401(k), un employé autorise son employeur à déduire de son salaire, avant retenue fiscale, un montant fixe (et dont la limite maximale est fixée annuellement) pour l’investir dans ce plan d’épargne-retraite, selon une des options d’investissement offertes par l’entreprise. L’employeur peut également choisir d’abonder cette épargne... (Source http://www.sri-in-progress.com)
Translated from Lessons from America