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Le vote « transnational » aux prochaines élections européennes ?

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Bruxelles

Par Charline Cauchie En tant que ressortissante belge, pourrais-je bientôt élire un député roumain, danois ou irlandais au Parlement européen ?

Cela se pourrait bien… Des listes électorales transnationales aux élections européennes, voilà ce que propose l’eurodéputé britannique Andrew Duff (ALDE, Alliance des démocrates et libéraux d’Europe) dans son rapport qui sera voté cette semaine en séance plénière à Strasbourg. Le but : répondre au problème du déficit de légitimité des élus européens auprès des citoyens. Mais il n’y a pas que cela.

« Il s’agit des plus importantes réformes dans l'élection des membres du Parlement européen depuis 1979 », explique Andrew Duff. Ce que souhaite le rapporteur de la commission des affaires constitutionnelles (AFCO), c’est la mise en place d’une circonscription à l’échelle européenne sur laquelle pourront s’inscrire des listes de candidats transnationaux.

Proposer un deuxième vote, en plus du vote national.

Andrew Duff propose pour cela d’ajouter 25 sièges aux 751 prévu par le Traité de Lisbonne. Mais la plus grande nouveauté réside dans le mode d’élection : le citoyen européen aurait la faculté de voter pour un député national ainsi que pour un député transnational. Mais, au fond, quel est l’intérêt des électeurs de disposer de ce vote supplémentaire ? « Ceux-ci ne l’utiliseront peut-être pas, déclare Duff, du moins, dans un premier temps. » Mais selon lui, les citoyens vont tôt ou tard se rendre compte que les partis politiques nationaux ont échoué dans la proposition de solutions globales. Ils se sont concentrés jusqu’à présent sur des campagnes relevant de « domestic issues » alors que les réponses à la mondialisation doivent être prises à un niveau paneuropéen.

Un challenge et un pas en avant décisif

Il y a, à l’heure actuelle, un décalage et une certaine forme d’incohérence entre l’existence d’un Parlement européen transnational et son mode d’élection délimité au niveau national. D’autre part, les plus jeunes générations remettent largement en question la conception de la politique actuelle et éprouve le désir de faire de la politique quel que soit leur lieu de résidence en Europe. « Je ressens un lien non pas vis-à-vis de mon parti national mais plutôt vis-à-vis d’une couleur politique », affirme ainsi une membre de la Federation of Young European Greens. Mais cette nouvelle possibilité de vote ambitionne plus que de régler la frustration des partis européens : à long terme elle veut permettre d’améliorer la participation citoyenne, la transparence et encouragera une meilleure représentation des femmes et des minorités au sein de listes plus équilibrées à un niveau transnational.

Si le Parlement européen approuve la semaine prochaine le rapport d’Andrew Duff, le chemin vers la ratification sera encore long. Le Conseil européen, la Commission devront accepter les propositions faites par les parlementaires comme base de négociation. La dernière étape sera la ratification par les différents Parlements nationaux. Les plus optimistes, les branches jeunes des partis politiques en premier lieu, espèrent que le processus sera mis en œuvre d'ici juillet 2013, à temps pour les élections européennes de mai 2014. Mais vu la lenteur du processus et la nécessité de la bénédiction des 27 assemblées parlementaires, cet agenda apparaît de plus en plus compromis.