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Le SVE, vivre à l’étranger différemment

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Isha Dalaya

Aujourd’hui, les étudiants des universités d’Europe peuvent se targuer d’être devenus ce qu’on appellera plus tard « la génération Erasmus ». Moins connu que son homologue, le SVE (Service Volontaire Européen) offre la possibilité de travailler pour une association ou une ONG dans un autre pays de l’Union, et ce pour une durée pouvant aller jusqu’à 12 mois. 

Ces dernières années, ma vie s’est partagée entre Bruxelles, Istanbul, Berlin et Londres et je dois avouer que les programmes de mobilité offerts par l’UE ont joué un certain rôle dans ces déplacements intempestifs. Découvrir une nouvelle culture, explorer les nuances d’une langue jusqu’alors inconnue, s’essayer à de nouvelles coutumes sont toute une suite d’événements qui m’ont façonnée avec le temps. Je me suis alors posé la question de savoir si, comme moi, d’autres jeunes en Europe étaient encore aussi fortement influencés par leur séjour à l’étranger.  Que pensent-ils de l’intégration européenne après en avoir fait eux-mêmes l’expérience ?  Huit d’entre eux ont accepté de me faire part de leur histoire. Venant de France, du Danemark, de Hongrie et de Pologne, c’est leurs expériences que j’ai ici tentées de traduire par écrit.

Ces ex-volontaires se sont tous retrouvés à Berlin pour effectuer leur SVE en septembre 2010. Alors que la plupart travaillaient comme éducateur dans des jardins d’enfants, d’autres travaillaient pour diverses associations comme, par exemple, le Centre Anne Frank à Mitte. Mais quelle est la motivation première de ces jeunes Européens à partir en territoire inconnu, eux qui, pour la plupart, n’avaient jusqu’alors jamais quitté leur pays natal ? La réponse est univoque : l’idée de se retrouver à Berlin était attrayante. « Je trouvais Berlin tellement cool ! », s’enthousiasme Lisa, une jeune Danoise âgée de 20 ans à l’époque et qui aujourd’hui étudie la médecine dans son pays d’origine.  « Moi, j’avais plutôt envie de trouver un projet qui m’intéressait », déclare Lucia, originaire de Hongrie et aujourd’hui âgée de 30 ans. « Mon mémoire de fin d’étude portait sur l’Holocauste, c’est une partie de l’histoire qui m’a toujours fort interpellée et je voulais continuer à traiter ce sujet durant mon SVE », ajoute-t-elle.

Outre l’attractivité de Berlin même, il y a aussi sa langue. La plupart des volontaires connaissaient déjà l’allemand car c’est une langue largement apprise à l’école. Cela a d’ailleurs joué un rôle important pour Katarina, une jeune Polonaise qui n’en était pas à sa première visite en Allemagne : « Je trouvais cela un peu bête de partir pour un pays dont je ne connaissais pas la langue alors que j’avais déjà les bases en allemand ». Pour Julien, débarquer à Berlin était comme un grand plongeon dans le vide. En effet, ce jeune Français ne connaissait pas un seul mot d’allemand ! « Mais bon, je ne suis pas du genre timide, je me suis lancé. Avec le recul, je pense que c’était une bonne chose pour moi de ne rien connaître de la langue et de la culture allemande. Au moins, comme ça, je n’avais aucun préjugés », rit-il.

Et qu’en est-il aujourd’hui ? Quatre ans plus tard, quel genre de liens les ex-volontaires entretiennent-ils encore avec leur vie d’autrefois ? Pour Sophie, étudiante en communication au Danemark, Berlin et ses amis du SVE occupent encore une place centrale dans sa vie : « Oh je revois mes amis de cette époque plusieurs fois par an ! De la même manière que je retourne à Berlin dès que j’en ai l’occasion ». Miriam, en revanche, n’entretient plus aucun contact mais cela ne l’empêche pas de continuer à pratiquer son allemand en lisant des livres ou en regardant régulièrement des films. Certains, comme Peter, un jeune Hongrois qui était déjà familier avec la culture allemande en raison d’un long séjour à Stuttgart antérieur à son SVE, suivent même encore régulièrement l’actualité en Allemagne : « Pour ne pas oublier la langue bien sûr, mais aussi parce que je me sens encore très concerné par tout ce qui se passe là-bas », explique-t-il.

Les ex-volontaires ont beau avoir quitté la capitale allemande depuis longtemps, tous sont encore très attachés à la ville de leur SVE. Camille, une jeune Française originaire de Strasbourg, se considère d’ailleurs comme berlinoise d’adoption : « Le SVE était ma première expérience à l’étranger sans mes parents. Pour moi, Berlin c’est un peu « ma » ville, celle où je me suis développée toute seule ».

Des programmes tels que le SVE servent à une meilleure entente et compréhension des peuples au sein d’une Union Européenne en pleine expansion. Ces quelques témoignages, bien qu’ils ne soient pas représentatifs de la majorité, laissent entrevoir une jeunesse ouverte évoluant de manière très dense entre ses espaces sociaux transnationaux.

Depuis janvier 2014, tous les programmes de « Jeunesse en Action », dont le SVE, sont passés sous l’égide du programme Erasmus+. Tenté par une expérience en tant que volontaire ? Rendez-vous sur le site http://www.erasmusplus-jeunesse.fr/ pour plus d’informations.

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