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Le Slow food s'implante au Parlement européen !

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Bruxelles

par Olivia Hottat

Un club de six eurogastronomes écologistes a vu le jour hier (8 avril) dans l'enceinte du Parlement européen. « Slow Food », une asbl qui se bat pour une alimentation « bonne, propre et juste », a désormais un convivium (groupe local) composé de parlementaires européens - jusqu'à présent, essentiellement verts.

L'idée est née dans la tête de la vice-présidente du groupe des « Verts », Marie-Héléne Aubert, suite à sa rencontre avec le fondateur et pésident de « Slow Food », Carlo Petrini, au salon « Cheese » en Italie. « De retour à Bruxelles, j'ai contacté une quinzaine d'eurodéputés, à ma connaissance, sensibles à l'agriculture régionale, à l'environnement et à la conservation de notre patrimoine gastronomique. En octobre/novembre 2007, nous nous sommes mis d'accord de créer un convivium européen, « Goûts d'Europe ». »

A l'heure actuelle, le convivium, ouvert à toute personne travaillant au sein du Parlement, est composé de quatre députés verts (Marie-Hélène Aubert (photo), Monica Frassoni, Jean Lambert et Carl Schlyter), un de la gauche verte (Vincenzo Aïta) et un socialiste (Csaba Sandor Tabajdi). A la sortie de la conférence pour le lancement du convivium, le groupe aurait déjà récolté la signature de 60 personnes supplémentaires intéressées par le projet, aux dires de Mme Aubert.

L'agenda des activités de « Goûts d 'Europe » n'est pas encore défini. Mais le groupe a annoncé qu'il comptait s'intéresser de près à la restauration collective du Parlement européen, gérée par le mastodonte Sodexho. Il sera présent au rendez-vous incontournable des communautés de la nourriture engagée à Turin. La projection au Parlement de quelques films au sujet du goût des aliments, des produits du terroir, de l'écologie est également prévue.

P1040098_copy.jpg Les membres fondateurs de « Goûts d'Europe » semblent néanmoins avoir encore beaucoup à apprendre de leur maître, Monsieur Petrini. « Nous avons bousillé des siècles de savoir-faire agraire. » « Nous n'avons plus le respect de l'aliment. » « Il ne faut pas oublier que chaque citoyen européen a au moins un paysan comme ancêtre. » déclarait hier Carlo Petrini d'un ton convaincant. Reste à voire si ces phrases « choc » suffiront aux membres du Convivium pour défendre leur cause au sein de l'Union européenne, souvent jugée plus libérale que verte.

« Le rapport de l'Union Européenne à l'agriculture est schizophrène. Elle se dit protectrice du patrimoine gastronomique et écologique. Mais lorsqu'elle adopte des lois, elle se plie à la pression des lobbys industriels » affirme Petrini. Pour lui, la réduction du budget de la Politique Agricole Commune (PAC) et les normes sanitaires européennes de plus en plus contraignantes sont des obstacles importants au maintien de la biodiversité et de la diversité culinaire au sein de l'UE.

Alors que la réforme de la PAC approche à grand pas (au plus tard pour 2009), ce convivium europarlementaire va-t-il contribuer à changer les choses ? Si le coup de pub est réussi et les estomacs sont bien repus, l'influence politique a en tirer risque d'être assez limitée, puisqu'en matière agricole, le Parlement n'a toujours pas de poids politique : il ne donne que des avis. Peut-être que M. Petrini devrait prévoir sa prochaine dégustation chez les bureaucrates de la Commission et des Ministères de l'Agriculture des 27...

''Image : www.slowfood.org; Photo : "Mariana Miron" / www.youthphotos.eu, CC-License(by) http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/de/deed.en"