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Le Quai d'Orsay sort de ses brumes.

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Le Puy de Babel

La nouvelle consigne de Bernard Kouchner, notre ministre des Affaires étrangères, est tout à fait novatrice : il faut sortir le Quai d'Orsay de ses murs ! Le ministre insiste sur la nécessaire communication de son ministère envers les citoyens, car enfin, la politique étrangère les concerne au premier plan.

C'est pour répondre à cette demande que le porte-parole du ministère, Eric Chevallier, se rend successivement dans les facultés de France, afin de répondre aux questions des citoyens d'abord, des étudiants surtout. Sa visite à Clermont s'est donc déroulée le jeudi 6 novembre au CERDI (Centre de recherche et de développement international). L'amphithéâtre, prévu pour une soixantaine de personne a été obligé d'en contenir plus de deux-cents, preuve de l'intérêt de nos compatriotes pour la politique étrangère. Le thème retenu était : "La politique étrangère de la France et de l'Europe à l'heure de la présidence française du Conseil de l'Union européenne." Incontestablement, ça en jette.

Les questions débattues furent donc nombreuses et on regrette simplement la courte durée de l'entretien (1h30 pour deux-cents personnes, c'est frustrant). M. Chevallier a donc expliqué de manière fort compréhensible la position de la diplomatie française et européenne sur la question israélienne, sur le budget alloué cette année à l'aide au développement (particulièrement l'Afrique), sur les homologations des nouvelles inventions par les entreprises au niveau européen, sur les traités contre la prolifération des mines et armes de combat, sur la coopération décentralisée, sur la guerre civile en République démocratique du Congo, sur les accords de Partenariat économique, sur la présence militaire en Afghanistan, sur le Tibet, sur les mouvements militaires russes, et sur la création d'un sentiment d'appartenance européen.

Bref, le débat fut dense. On retiendra quelques positions courageuses de la France et de l'UE. Par exemple, l'UE veut renforcer l'accompagnement dans le processus de paix palestinien. Sur le plan du financement multilatéral, la France reste le premier contributeur au Fonds européen de developpement (à hauteur de 24 % du budget ; le Royaume-Uni le finance à hauteur de 12 %) et au Fonds mondial (200 millions d'euros par an). La coopération décentralisée, qui permet aux collectivités territoriales d'entretenir des rapports internationaux, est devenue une évidence pour l'État. Les Britanniques et les Français se sont rendus en RDC et ont réussi à faire passer un message européen, et non plus national. La France a accepté de faire venir de nouveaux pays dans la crise du Darfour ; ainsi, ce sont plus de vingt pays européens qui y participent, et les habitants ne font plus la différence entre ces pays qu'ils nomment "l'Europe". La France ne reconnait pas le putsch en Mauritanie et remet donc en cause les Accords de partenariat économique. Les troupes européennes ainsi que les états-majors en Afghanistan sont bien conscients que cette guerre ne connaitra pas de solution militaire... On pourrait en citer encore des dizaines.

Le Quai d'Orsay, on le voit, ne chôme donc pas. La France et l'UE restent des grands acteurs de la politique internationale, dont la diplomatie (et ce sont les mots de M. Chevallier) "fait coexister des valeurs et des intérêts". À méditer.