« Le problème, c’est le manque de patriotisme des jeunes »
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pauline fréourLe 25 septembre dernier, la Pologne a voté pour élire son Parlement. L’occasion de demander à Mateusz Tomala, militant de l’un des partis conservateurs en lice, le « PiS » (Loi et Justice), ce qu'il pense de la fuite des cerveaux polonaise.
Le fort taux de chômage actuel et les scandales de corruption qui empoisonnent l’actuelle coalition gouvernementale de gauche risquent bien de conduire au pouvoir l’alliance de la droite, formée par les partis « PiS » (Loi et jusice) et « PO » (Plateforme civique). Mateusz Tomala est un membre actif de la branche du mouvement jeune du « PiS » et nous explique pourquoi les jeunes Polonais quittent leur terre natale. En s’interrogeant sur ce qui pourrait les faire revenir.
L’entrée de la Pologne dans l’Union européenne est-elle à l’origine de la « fuite des cerveaux » ?
Non, ça n’est pas seulement un problème d’ouverture de frontières. Ce serait sombrer dans le populisme que de dire aux gens que la situation est meilleure pour eux ici. Les jeunes ne sont pas naïfs et les politiciens le savent très bien. Le problème, c’est leur manque de patriotisme. Je rencontre souvent des gens de mon âge qui racontent qu’ils n’ont pas besoin de rester ici, qu’ils détestent ce pays, qu’ils ne savent pas ce qu’ils font là. Mais je ne pense pas que l’UE en soit la raison, ni qu’elle soit une menace d’ailleurs. Faire partie de l’Union nous offre l’immense opportunité de nous faire connaître auprès du monde européen, de combattre le stéréotype du Polonais voleur et gros buveur. Grâce aux jeunes qui étudient et qui travaillent dans les pays occidentaux, nous pouvons désormais nous montrer, nous et notre pays, sous un jour plus positif.
Le parti « PiS » devrait réaliser de bons scores aux prochaines élections. Y a-t-il quelque chose dans votre programme concernant les jeunes et le problème de l'exode des cerveaux ?
Oui, nous avons des idées pour encourager les jeunes à rester en Pologne. Nous proposons de nous attaquer en particulier au problème des ordres d’avocats, de médecins et de dentistes, lesquels sont très difficiles à intégrer et contrôlent le marché de l’emploi dans ces secteurs. En Pologne, si vous avez des relations, des amis ou des membres de votre famille bien placés, vous trouvez un poste - et ce, même si vous n’avez pas les qualifications suffisantes. Ce sont autant d’emplois en moins pour les personnes qualifiées et motivées désireuses de s’instruire et de travailler. Les politiciens doivent persuader ces jeunes diplômés de rester en leur assurant un niveau de vie décent en Pologne - en créant par exemple de nouvelles opportunités d’embauche et en augmentant les salaires des professeurs d’universités et des scientifiques afin qu’ils poursuivent leurs recherches ici, en Pologne.
Vous-même connaissez-vous des personnes qui ont choisi de partir à l’étranger ?
Oui beaucoup. La plupart veulent partir immédiatement après l’université, d’abord pour des raisons économiques et financières, mais aussi parce qu’il y a un problème avec la mentalité polonaise. Par bien des aspects, on peut comparer cet exode à l’émigration massive des Polonais vers les Etats-Unis dans les années 1980. Ces émigrés n’avaient pas de bonnes conditions de vie, ils étaient même parfois encore plus mal lotis là-bas qu’en Pologne, mais jamais ils ne l’auraient admis parce qu’ils croyaient au mythe d’un monde occidental merveilleux. Ils avaient peut-être honte d’avoir abandonné leur pays et défendaient donc leur décision à tout prix. Je pense que l’explication d’un tel choix de s'exiler repose sur un certain manque de patriotisme des jeunes.
Pensez-vous que cette tendance à l’émigration des travailleurs qualifiés va se poursuivre ?
Je crois que nous sommes encore débordés par les possibilités qui nous ont été offertes avec l’entrée dans l’UE, mais tôt ou tard les choses vont se calmer. Quand les conditions de vie en Europe seront plus équilibrées, il n’y aura plus de raison de partir. Nous avons besoin d’un gouvernement bon et intelligent qui encourage les jeunes ambitieux -à l’aide de bourses d’études par exemple- à rester dans notre pays pour qu’ils contribuent à son dynamisme. Le magazine hebdomadaire politique et culturel Polityka dirige un programme intitulé « Reste avec nous », qui distribue des bourses aux meilleurs scientifiques et étudiants. Mais ce n’est pas suffisant. Ce genre d’encouragement devrait être mené à un niveau national et à plus large échelle. Les Etats-Unis sont la première puissance mondiale parce qu’ils ont les scientifiques les mieux formés du monde… Nous devrions suivre leur trace.
Mais n’est-il pas mieux que les Polonais désormais restent sur le continent européen, au lieu d’aller aux Etats-Unis ?
Si. C’est plus près et nous avons plus de choses en commun avec les autres Européens, et ce quelques soient les différences pouvant exister entre nos nationalités. Nous avons reçu une éducation européenne – même si nos parents ne pouvaient pas se déplacer aussi librement que nous – et maintenant nous devons faire face à une augmentation du nombre de personnes partant à l’étranger pour gagner de l’argent ou étudier -en Grande-Bretagne, en Espagne, en France. Je soutiens complètement l’idée de la libre circulation des personnes, à partir du moment où elles reviennent dans leur pays. Après avoir amassé des connaissances, acquis un peu d’expérience et appris une autre langue, elles devraient toutes revenir utiliser ces nouveaux savoirs ici, pour dynamiser leur pays.
Translated from “The problem is a lack of patriotism”