Le Parlement européen attaqué par l’Iran
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Le Parlement européen a adopté une résolution pour enjoindre l'UE d'intégrer les droits de l’homme dans tous les aspects de ses relations avec l’Iran
Reporters Sans Frontières s'est porté au secours du Parlement européen qui s'est vu attaqué par l'Iran pour avoir adopté une résolution invitant "l'Union Européenne à intégrer les droits de l’homme dans tous les aspects de ses relations avec l’Iran'.
Dans la résolution adoptée à l'unanimité début avril, le Parlement européen a affiché pour la première fois une volonté claire de prendre en compte les droits de l’homme dans ses relations avec la république islamiste. Le régime des mollahs a réagi avec virulence à l’article 17 de la résolution qui déclare que “toute future délégation du Parlement en Iran devrait s’efforcer de rencontrer des membres de l’opposition politique et des militants de la société civile et de rencontrer des prisonniers politiques.”
«Les menaces et autres attaques proférées contre l’Union européenne par les responsables politiques et religieux iraniens n’ont aucune légitimité de la part d’un régime ne respectant pas le droit international relatif aux droits de l’homme, a déclare Réza Moini, responsable du bureau Iran-Afghanistan de Reporters sans frontières. L’Union semble enfin prendre une position adaptée face à l’un des pays les plus répressifs au monde à l’égard de la liberté de l’information, pays qui demeure l’une des plus grande prisons du monde pour les journalistes et les net-citoyens. »
Le 24 mars 2014, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a décidé de prolonger pour une période d’un an le mandat d’Ahmad Shaheed, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran. Ban Ki-moon, le Secrétaire Général de l’ONU, a déclaré à cette occasion: « le Président Rohani a échoué d’accomplir ses promesses de campagne pour permettre une plus grande liberté d’expression et il y eu une recrudescence aigue du nombre des exécutions depuis son élection » ( Agence Reuters, 11 mars 2014).
L'Iran accuse l’opposition d’être derrière la Résolution du PE
Les réactions hystériques des autorités iraniennes à la résolution du Parlement européen ont pris des proportions inédites, quand les Gardiens de la révolution (pasdaran) ont publié un communiqué pour fustiger l’initiative des eurodéputés, estimant que la résolution du Parlement européen a été rédigée sous l’influence des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI - principal mouvement d’opposition au régime): « C’est très dommage que certains gouvernements et certaines instances européennes et occidentales ont choisi l'OMPI comme leur conseiller et que sur la base de renseignements erronés fournis par ce groupe, ils émettent des résolutions officielles contre notre État et font même des ingérences dans nos affaires intérieurs ».
La télévision d’Etat n’a pas manqué même de diffuser l’accueil chaleureux des parlementaires européens à la dirigeante de l’opposition iranienne Maryam Radjavi, à l’occasion de son passage à Bruxelles, le 9 avril dernier. Il est vraie que le pouvoir iranien sérieusement fragilisé depuis les émeutes de 2009, craint tout particulièrement les percés diplomatiques de son opposition organisée.
Pour sa part, Sadegh Laridjani, le chef de l’appareil judiciaire n'a pas maché ses mots : « La dernière résolution du Parlement européen est une flagrante ingérence dans les affaires intérieurs de notre Etat. Les Européens prétendent que l’élection présidentielle en Iran n’a pas été conforme aux standards du Parlement européen. De quel droit ils se permettent de fixer des normes et les imposer aux autres pays ? Les pays européens doivent savoir qu’après l’émission de telles résolutions, les responsables de notre pays ne leur permettront pas d’ouvrir un bureau à Téhéran. »
Les Amis d'un Iran libre réagissent
Les Amis d'un Iran libre au Parlement européen (FOFI), un groupe d'amitié composé d’eurodéputés de divers groupes politiques, formé en 2003, a réagit à la violence de ton des mollahs et de leur pasdaran. L'eurodéputé Struan Stevenson, président de FOFI, a déclaré dans un communiqué publié le 9 avril 2014 à Bruxelles:
« Le 3 avril, le Parlement européen a adopté une résolution modérément critique sur l'Iran provoquant une réaction hostile hystérique et sans précédent du régime des mollahs. De nombreux responsables du gouvernement iranien, y compris le soi-disant «modéré» ministre des Affaires étrangères, le Président du Majlis ( le Parlement iranien ), le président de la commission de la Sécurité et du Renseignement du Parlement iranien, l’imam du vendredi de Téhéran, de nombreux membres du Majlis et l'écrasante majorité des médias, ont lancé des attaques incessantes contre l'UE, demandant pourquoi le Parlement européen avait osé inclure les violations des droits de l'homme et le comportement anti-démocratique du régime de l'Iran dans les discussions nucléaires en cours. »
« La réaction hostile est une indication claire que la survie du régime iranien est très dépendante des violations systématiques, graves et continue des droits humains et que tout relâchement de ces activités répressives permettrait d'accélérer le renversement du régime. En effet, la condamnation universelle de la résolution de l'UE a clairement démontré que toutes les factions en Iran, y compris les soi-disant blocs politiques "modérés", "extrémistes" ou "pragmatiques" sont tous complices de la répression et des violations des droits humains du peuple iranien et sont totalement inféodés au Guide suprême. » A conclut Struan Stevenson.