Le MoDem sous haute tension
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Une émission télévision houleuse s’est déroulée hier sur le service public français « A vous de juger » sur France 2, mettant en scène les joutes verbales des différents partis candidats aux élections européennes. Plus tendu encore que les autres, une véritable guérilla s’est déroulée entre les anciens amis Daniel Cohn Bendit et François Bayrou, qui présentent deux listes différentes.
François Bayrou, Président du MoDem
Des rivalités exacerbées
Ces deux listes Europe Ecologie et Mouvement démocrate, aux coudes à coudes ces derniers temps dans les sondages, ne se sont pas épargnées durant cette campagne, mais un regain de tension est apparu depuis que, selon les derniers sondages, la liste écologiste semble avoir dépassé sa meilleure ennemie, totalisant 13% des votes contre 11% pour le MoDem. Pour confirmer cette « ambiance sympathique », Jean Luc Mélenchon, également invité et disposant d’une dernière phrase s’est adressé à un autre candidat en lui offrant un cordial « Allez au diable ».
Succès à la Mutualité
Pourtant, lors du dernier Meeting, qui a eu lieu ce mercredi 3 juin à la Mutualité, l’heure était à la fête, puisque le MoDem faisait salle comble et affichait pleinement sa satisfaction. François Bayrou, candidat sur la liste de l’Ile de France, dirigée par Marielle de Sarnez, a dénoncé « les coups sondagiers » et en affirmant qu’il révélerait des informations quant à une possible « manipulation sur l’opinion ». C’est donc dans un contexte surchauffé que le MoDem s’est appliqué à tenir sa ligne anti-Sarkozy, et à se donner l’image du seul véritable parti à vocation européenne, et capable d’assumer l’exercice du pouvoir, selon la célèbre expression de feu Léon Blum. Cependant, cet acharnement sur le pouvoir et sur les autres partis accusés de rouler pour lui, semble remettre ces élections dans un cadre national, et non plus focalisés sur le parlement européen.
La ligne Orange démocrate
Cela étant dit, il clair que le MoDeM ait compris l’importance des institutions européennes, dont le parlement, puisque sa campagne s’est attachée à unir le destin de la France et celui de l’UE, dans un avenir dorénavant indissociable. Il est fait en effet une large place à une analyse globale, où l’UE est perçue seule à même de lutter contre les géants Etats-uniens, Chinois, et Russe. L’UE apparaît de même comme l’unique réponse aux crises, désormais uniquement mondiales, comme les crises financières (dont celle issues évidemment des subprimes US), économiques, mais aussi crise de modèle de société. Le MoDem se démarque de même en soulignant une volonté nette de placer l’homme aux centres de tous ces défis, et propose notamment une réponse commune à la crise qui frappe durement les Etas membres de l’UE, alors qu’elle n’a été jusqu’ici qu’individuelle. Le MoDem croit en un modèle social de l’Europe, et s’efforce de garantir un effort considérable en direction du développement durable. Trois impératifs semblent se dégager alors du programme du MoDem en vue de ces élections : exigence sociale, impératif démocratique, urgence écologique. A travers son slogan, « nous c’est l’Europe », le MoDem met clairement l’accent sur sa ligne « européenne », mais se démarque de la précédente mandature qui a soutenu José Manuel Barroso, celui-ci étant accusé de s’aligner sur des principes ultralibéraux et inégalitaires, cassant l’esprit originel de l’Europe à coup de directives incomprises et brutales, s’imposant sur les législations nationales, comme le veut la désormais primauté du droit communautaire sur le droit national.
L’embellie de Lehideux
C’est ce que Bernard Lehideux, candidat sur la liste de Marielle de Sarnez en Ile de France a joliment répété lors du débat organisé par Notre Europe, Europanova, le Mouvement européen de France et France 24, et diligenté par le journaliste Jean Quatremer, quant à opposition au potentat de la commission européenne. Il a notamment fait part du soutien du PDE (Parti démocrate européen) à Guy Verhofstadt, qui « a dirigé une coalition pendant de nombreuses années, et a su rassembler et diriger ». Il a rappelé, et cela son importance, que le PDE n’avait pas soutenu le président de la commission européenne il y cinq ans, à l’instar d’une partie des députés du PSE…
MoDem et MDE
Rappelons, que le MoDem est un parti jeune, puisqu’il s’est crée à la suite de l’élection présidentielle française de 2007.ces démocrates, soucieux de leur indépendance sur la scène politique française, n’a pas accordé sa confiance lors du vote au gouvernement Fillon, en se positionnant en dehors du gouvernement mais aussi de l’opposition. Lorsque François Bayrou, étant encore à la tête de l’UDF, il a crée en 2004, avec le soutien de Francesco Rutelli, leader de la Margherita, le Parti démocrate européen (PDE), cinquième parti européen à avoir vu le jour, un an avant celui du Parti de la gauche européenne, crée en 2005. C’est un cas assez unique, car pour la première fois, un parti « européen » aura été constitué avant le parti national MoDem. Il est composé de sept partis, des forces démocrates allemande, irlandaise, espagnole, italienne, grecque, et française et chèques. LE PPE totalise 100 députés qui siègent avec les libéraux formant ainsi le groupe connu sous l’appellation « Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe », mené par le britannique Graham Watson. Pour la délégation française, on retrouve Marielle de Sarnez et bernard Lehideu, accompagnés de Jean Marie Beaupuy, Nathalie Griesbeck, et Anne Laperrouze. Enfin, pour en revenir à Guy Verhofstadt, qui a été ancien premier ministre belge et candidat à l’élection à la présidence de la comission européenne, et qui est aussi candidat aux élections européennes, à travers son parti l’Open VLD, semble être le leader de ce parti, confrontant plusieurs tendances.
La crise, cheval de Troie des démocrates
Il revient sur l’espace politique européen puisqu’il a présenté un livre intéressant ce 12 mai dernier à Bruxelles, s’intitulant « L’issue de la Crise, comment l’Europe peut sauver le monde ». Ce fédéraliste convaincu, met en exergue l’immobilisme ainsi que l’impuissance des autorités européennes » face à la récession. L’Union Européenne, bien plus touchée par la crise que les Etats-Unis fait l’objet d’une analyse complète de la part de ce parti démocrate européen. Il semblerait que les forces démocrates européennes jouent leur va tout sur ce point, mais curieusement, du moins en France, les citoyens français, bien que durement touchés par la récession, leur semble préférer la liste Europe écologie…
Crédit photos : KP M/FlickRHenri Lacour