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Le mariage des homosexuel(le)s, une nécessaire évolution

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Les arrières-pensées électoralistes ne doivent pas occulter un fait : le débat sur le mariage des homosexuel(le)s est indispensable.

Mis à jour le 1er juillet 2005

La question du mariage des homosexuel(le)s a un rapport étroit avec le regard que la société porte sur chacun des sexes biologiques : un regard en total décalage avec la réalité et qui ne tient nullement compte des évolutions sociétales qui sont en cours depuis de nombreuses années.

Ceux qui s’opposent au mariage des homosexuel(le)s avancent comme argument, considéré comme imparable, que son acceptation entraînerait rapidement la demande d’adoption d’enfants par ces mêmes couples homosexuel(le)s. Ils sous-entendent ainsi que cette revendication est dangereuse et illégitime, l’éducation d’un enfant nécessitant la présence d’un homme et d’une femme, les qualités de chacun des sexes étant complémentaires.

S’il est plus que probable que l’acceptation du mariage pour les homosexuel(le)s aurait pour conséquence de rendre la question de l’adoption plus aiguë, il ne faut pas pour autant confondre ces demandes. Une telle confusion induit que les couples mariés ont l’obligation d’avoir des enfants. Si tel était le cas, cela mettrait les couples mariés qui ne peuvent pas avoir d’enfants ou ne souhaitent pas en avoir dans l’illégalité. Seul un régime dictatorial peut obliger un couple à avoir ou à ne pas avoir d’enfant.

Famille large

Il est vrai qu’un enfant a besoin pour devenir adulte, comme l’a démontré la psychanalyse, à la fois de règles et d’affection. Or, chacun, quel que soit son sexe, est à même de lui donner les deux en fonction de sa propre personnalité. Et si un enfant ne trouve pas au sein de sa famille tout ce qui nécessite sa structuration, il peut le trouver ailleurs. Dans les faits, les enfants sont éduqués - il en a été d’ailleurs de tout temps ainsi - par la famille au sens large (grands-parents, oncles, tantes...) et par la société tout entière.

Sauf à vouloir à tout prix que la société reste patriarcale et ne dépasse pas dialectiquement ses déterminismes biologiques et culturels, il n’y a pas de raison pour que la transmission de la Loi (interdit de l’inceste et du meurtre) ne puisse pas passer par les femmes, et que les hommes soient exclus de l’expression de leur sensibilité. Les faits démontrent que la fonction attribuée à chacun des sexes ne repose plus que sur des considérations dogmatiques.

Le fait que l’Etat en tant qu’institution n’accepte pas de marier des couples homosexuel(le)s pose deux questions essentielles qui ne peuvent qu’interpeller les citoyens : celui de la neutralité devant l’orientation sexuelle des citoyen(ne)s et le respect du principe d’égalité. Les citoyennes et les citoyens attachés aux valeurs démocratiques doivent s’interroger sur l’application des principes dont ils sont les garants pour déterminer si ceux-ci ne sont pas remis en cause par des pratiques archaïques qui ne sont pas inscrites dans le marbre mais modifiables. L’attachement à la démocratie se nourrit de la réflexion éthique.

Remettre en cause les dogmes

En France, lors du débat sur le Pacte Civil de Solidarité (Pacs), le débat politique pollué par des considérations politiciennes l’a emporté sur le débat éthique. Une loi a été votée et a, malgré ses imperfections, constitué un progrès. Le débat est resté insuffisant, et c’est pourquoi, 5 ans après, la question du droit au mariage des homosexuel(le)s resurgit en France, et qu’elle trouve un écho dans une Europe traversée par les mêmes problématiques. Cette fois, un véritable débat devrait être mené, qui ne fasse pas l’économie d’une véritable réflexion éthique.

Ce débat n’est réalisable que s’il est admis que de même qu’en science, il n’y a pas de progrès possible sans une remise en cause théorique, il n’y a pas d’évolution de la société possible si celle-ci n’accepte pas de débattre et de remettre en cause ce qui est considéré par elle comme évident. C’est l’objet de la réflexion « éthique ».

Il serait dommage que la société, angoissée par la peur de l’innovation, s’arrête en chemin. La Hollande, la Belgique et l’Espagne ont su franchir le pas, en reconnaissant le mariage des homosexuel(le)s. Il serait incompréhensible que dans les autres pays européens, pour lesquels la liberté des citoyennes et des citoyens est incontournable, les Etats restent sur une position dogmatique le sujet du mariage des homosexuel(le)s.