Le long chemin vers l’Union
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emilie fline10 ans exactement se sont écoulés depuis la signature des Accords de paix de Dayton mettant fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine. L'UE a désormais lancé l'ouverture de discussions susceptibles de conduire le pays vers une adhésion aux 25.
« La Bosnie ressemble au monstre de Frankenstein : elle est cousue de violences » affirmait il y a quelques mois Senka Kurtovic, rédactrice en chef du quotidien bosniaque Oslobodjenje lors d’un entretien avec le quotidien allemand Die Welt. Le diagnotic amer de Kurtovic repose en fait sur une réalité politique. Depuis la fin de la guerre de Bosnie en 1995, le pays se compose de la République Serbe et de la Fédération Bosno-Croate. Les deux entités sont régies par le même gouvernement alors que leurs institutions sont séparées.
Une police multiethnique
Pourtant, l’UE pourrait accorder l’entrée à ce monstre. Lentement mais sûrement, la Bosnie-Herzégovine se rapproche des 25, même si la probabilité d'une entrée dans le club européen reste encore lointaine. Certes, le commissaire européen à l’Élargissement Olli Rehn avait laissé entendre, en septembre dernier, que les portes du paradis européen resteraient closes en raison du refus du parlement national de la République Serbe de réformer la police. Mais après le plaidoyer du Premier ministre Adnan Terzic à Bruxelles, la situation a changé : le 18 octobre, cette réforme tant attendue des forces de l'ordre a été décidée. Elle réunit les unités de police, jusque là séparées, de la République Serbe et de la Fédération Bosno-Croate au sein d'un corps multiethnique. Sarajevo remplit désormais une des conditions les plus importantes pour entamer les négociations sur les accords de stabilisation et d’association, une étape suite à laquelle les nations de l’ouest des Balkans devraient lentement faire partie de l’UE. Les discussions sont censées commencer « le plus rapidement possible » après le feu vert donné le 21 novembre par les ministres des Affaires étrangères des 25.
Une entrée possible en 2014
L’idée d’intégrer la Bosnie dans l’UE n’est pas nouvelle. Son entrée dans l’Union a été évoquée pour la première fois au sommet européen de Feira en juin 2000. Une autre rencontre UE-Balkans à Thessalonique en 2003 a donné à la Bosnie-Herzégovine un signal clair pour commencer la course à l’entrée. On avait à l'époque « observé des progrès encourageants ». Aujourd’hui, les protagonistes commencent déjà à réfléchir à une date d’entrée concrète : Richard von Weizsäcker, membre de la Commission Internationale des Balkans, née en 2004, aurait même évoqué 2014. D’ici là, la Bosnie-Herzégovine doit enlever plusieurs obstacles de son chemin : le pays doit résoudre des problèmes constitutionnels épineux et combattre la corruption et l’économie souterraine.
Certes, des avancées significatives ont été réalisées dans 14 des 16 domaines que la Commission européenne avait soumis à réformes. Mais le commissaire à l’Elargissement Olli Rehn souligne encore et toujours qu’il reste deux problèmes cruciaux : la nouvelle loi sur la radio publique et la mise en place concrète de la réforme policière. En outre, les conflits entre les différents groupes ethniques couvent dans ce pays « recousu ». Ces tensions sont largement influencés par les nationalistes serbes, croates et musulmans. Une des principales raisons pour laquelle les processus de réformes sont sans cesse repoussés sine die. Mais le début des négociations d’entrée pourrait marginaliser les nationalistes.
Deux milliards d’euros par an
On ignore toujours comment l’UE surveillera à l’avenir le processus de réformes. Weizsäcker et la Commission Internationale sur les Balkans demandent la dissolution par l’UE des pleins pouvoirs internationaux sur le territoire. Selon eux, la Bosnie Herzégovine ne peut plus être administrée comme si elle était un protectorat de l’ONU. Paddy Ashdown, le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, avance même un pas plus loin. Il pense qu’il est « grand temps de commencer à passer peu à peu les pouvoirs politiques à des institutions locales » . L’UE a aussi un grand intérêt financier à cela : la pacification de la région lui coûte, d’après l’estimation de l’expert français en sécurité François Heisbourg, près de deux milliards d’euros par an.
Translated from Der lange Weg in die EU