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Le Liseur (The Reader) : le passé nazi sur grand écran

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Culture

Basé sur le best-seller de l’auteur allemand Bernhard Schlink, le bouleversant film de Stephen Daldry (The Hours et Billy Elliot) est l’une des adaptations les plus attendues de la Berlinale cette année. Son approche éthique de la responsabilité des crimes de l’Holocauste se marie parfaitement avec une romance malsaine. Un film exceptionnel.

Le Liseur, une simple histoire d'amour entre une femme adulte et un jeune homme ? Hanna Schmitz (Kate Winslet) et Michael Berg (David Kross) tentent de profiter de chaque instant : rendez-vous passionnés, bains rituels et virées champêtres. Mais le secret honteux de Hanna ainsi que l’idéalisme de Michael font obstacle au bonheur du couple. Alors que le film devient de plus en plus sombre, nous sommes les témoins du procès de six femmes, anciennes gardiennes du camp de concentration d’Auschwitz. L’une d’elles est Hanna Schmitz, âgée alors de 43 ans. Ce procès est suivi par des étudiants en droit, parmi lesquels Michael Berg. Le fait de revoir sa maîtresse, qui avait disparu sans laisser de traces quelques années plus tôt, est un choc pour Michael qui est incapable de faire face. Accusée d’avoir tué 300 prisonniers juifs à Auschwitz, Hanna préfère plaider coupable, plutôt que d’avouer qu’elle est illettrée, ce qui pourrait influencer le verdict du juge. C’est seulement après voir été condamnée à vie qu’elle commence à se rendre compte de la gravité de ce qu’elle a fait et du fait qu’elle n’arrivera jamais à se pardonner.

La culpabilité et la honte

Comme le professeur de Michael l’explique à ses étudiants, le procès n’est pas là pour dire si les crimes de l’Holocauste étaient mauvais. Il s'agit de décider si ils étaient en accord avec les lois de l’époque. Les jeunes avocats ne sont pas d’accord avec cette interprétation étroite de la question de responsabilité car ils préfèrent mettre en cause les personnes coupables et les punir sévèrement. La culpabilité et la honte sont des thèmes majeurs abordés dans ce film. L’histoire de Hanna illustre le malaise des générations d’Allemands suivantes qui, malgré leurs efforts, ne réussissent pas à faire face à leur histoire. Et la volonté des organisateurs de projeter ce film à la Berlinale prouve leur engagement et leur courage.

Kate Winslet : l'Oscar à portée

Kate Winslet est surprenante dans le rôle de Hanna. En réussissant à décliner le caractère complexe de l’héroïne, elle prouve une fois encore son talent. Ralph Fiennes, son partenaire dans quelques scènes, ne brille pas mais le scénario ne lui donne pas beaucoup de chances de s’exprimer. Le plus jeune de la bande, David Kross (18 ans) est très convaincant dans son rôle du jeune amoureux. La singularité du film repose dans le fait de montrer la nature tragique de la guerre et de l’Holocauste, non pas du point des victimes, mais des bourreaux. Le Liseur n’est pas un simple film sans relief. Il requiert l’engagement et l’attention du spectateur mais c’est là que repose sa force. Il n’apporte pas de réponses toute faites, seulement des pistes que chacun peut interpréter en accord avec sa propre conscience.

Plus d'infos et de chroniques en direct du Festival international du film de Berlin sur le babel blog de la Berlinale.

Translated from The Reader: Jak mogliśmy na to pozwolić? – bolesne pytania na Berlinale