Le langage contre l'islamophobie
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Philippe VanderpotteLe groupe terroriste Daech a voulu, avec les attentats de Paris le vendredi 13 novembre, diviser la communauté musulmane. Dans cette Tour de Babel, nous vous donnons quelques clefs pour contre-attaquer et combattre l'islamophobie par le langage.
Après les attentats de Paris, une requête qui existait déjà depuis des mois a gagné du terrain auprès des autorités françaises et des médias : arrêter de parler de « l'État islamique » en tant que tel. Tout d'abord, parce que le mot « État » a une connotation officielle qui n'est pas appropriée car, en réalité, les territoires dominés par les terroristes ne répondent qu'aux lois de la violence et de la terreur. Une autre raison - et pas la moindre - est de ne pas faire de lien entre le terrorisme et l'islam. C'est pourquoi, les autorités françaises ont demandé à nouveau après les attentats, de ne plus prononcer ce terme.
À quoi servent les sigles IS, ISI, ISIS ou ISIL ?
Ce qui est certain, c'est que ces sigles proviennent de la forme abrégée en anglais pour Islamic State (IS), il convient donc de l'éviter. Le reste des acronymes sont simplement des prolongations du sigle IS. Par exemple, ISI se réfère à l'État islamique autoproclamé en Irak, ISIS correspond au même groupe terroriste mais en Syrie et en Irak et ISIL définit la présence de cette organisation en Irak et dans les pays du Levant (Syrie, Liban, Jordanie et Palestine). Alors, comment devrions-nous appeler ces terroristes pour éviter de les associer à l'islam et à un État? Le mot choisit en ce sens est Daech.
Ce que Daech est et ce que Daech n'est pas
Il vaut mieux commencer par ce que Daech n'est pas. Contrairement à ce qu'ont largement raconté les médias, Daech ne veut rien dire en arabe en tant que tel. Cela n'a rien à voir avec le mot Daes qui, lui, a bien un sens négatif et signifie « écraser » ou « piétiner ». Daech est, uniquement, l'acronyme du nom que se donnent eux-mêmes les terroristes comme al-dowla al-islaamiyya fii-il-i’raaq wa-ash-shaam. En réalité, cela signifie exactement la même chose que ISIS.
Cependant, aussi bien ici que là-bas, cela a un sens plus abstrait. En Europe, parce que nous n'associons pas ce sigle avec l'expression « État islamique » alors que nous le faisons clairement avec le sigle IS, facilement déchiffrable entre tous. Dans les pays arabes, parce qu'ils n'ont pas l'habitude d'utiliser des acronymes et cela renverrait à une manière de déligitimiser Daech à l'aide du vocabulaire, de le minimiser linguistiquement et de le désigner comme une création nouvelle qui n'a pas de référent dans l'histoire ni dans la langue arabe, selon Khaled al-Haj Salih, un activite syrien.
Pourquoi ne devons-nous pas traduire l'acronyme ?
Avec ses dernières attaques en Europe, Daech veut générer la haine et le racisme envers les musulmans pour casser notre équilibre et utiliser les préjugés comme effet d'appel pour attirer des jeunes à rejoindre leur « cause ». Notre meilleure contre-attaque ne peut être rien d'autre que de découpler totalement leur paranoïa de l'islam et, loin de diviser la société, de rester unis.
Translated from Torre de Babel: El lenguaje contra la islamofobia