Le Kosovo bientôt membre de l'UE ?
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Anaïs DE VITAFin octobre, l'Union européenne a débuté des négociations pour qu'un accord d'association avec le Kosovo soit signé l'été prochain. L'Europe esquive ainsi le véto de cinq Etats qui ne reconnaissent toujours pas la nouvelle République des Balkans.
A partir de l'année prochaine, la République du Kosovo jouira du statut de territoire associé à l'Union européenne dans lequel sera créée une zone de libre échange de biens, de services et de capitaux. Ce qui signifie que le marché commun de l'UE s'ouvrira à l'ex-province de la Serbie sans qu'elle soit pour autant Etat membre de l'Union. Cet événement n'aura rien d'extraordinaire : la signature d'un accord de stabilisation et d'association est la première étape officielle que doit suivre tout Etat candidat. Ce sera néanmoins la première fois que l'UE engage les négociations sans l'accord de ses Etats membres.
Cette possibilité d'accélérer les procédures habituelles n'est pas une nouveauté - elle fait partie des clauses du Traité de Lisbonne, adopté en 2007. Avant cette date, les Etats pouvaient mettre leur véto à la fois sur l'ouverture des négociations et sur celles qui ont eu lieu ces dernières années entre les institutions européennes et le Kosovo. On pourra notamment rappeler le long et difficile processus d'adhésion de la Turquie, qui dû se heurter au refus de la France et de l'Allemagne bien qu'étant membre de l'Union douanière. Le cas de la Turquie est particulièrement complexe, car c'est un Etat transcontinental dont la majorité du territoire se trouve en Asie, de culture musulmane malgré une société laïque indéniable, sans oublier que son soutien à la République Turque de Chypre du Nord entretient un conflit entre Chypre et la Grèce.
NOUVELLES RéALITES, NOUVELLES MéTHODES
Au contraire, le cas du Kosovo est devenu une priorité pour l'Union européenne depuis la fin des Guerres de Yougoslavie et depuis que l'OTAN est intervenu pour stopper le génocide de la population albanaise, installée dans l'ex-province de Serbie. Le Kosovo a déclaré son indépendance en 2008, alors que la Serbie avait perdu le contrôle de sa province après sa défaite en 1999. C'est désormais l'ONU qui administre le Kosovo grâce à la MINUK (Mission d'administration Intérimaire des Nations Unies au Kosovo, ndt), aujourd'hui encore active dans de nombreux domaines.
Malgré une reconnaissance internationale de la part de plus de cent pays, dont les Etats-Unis et une grande partie des pays de l'UE, la République du Kosovo n'est pas encore un Etat de droit. La Serbie continue à la considérer comme une région autonome au sein de son propre territoire. C'est en cela que le geste de l'UE est important, celui d'éviter le véto prévisible de cinq pays qui ne la reconnaissent pas : l'Espagne, la Slovaquie, Chypre, la Roumanie et la Grèce.
La priorité de l'UE est de progresser vers l'intégration des pays balkans, déjà entamée par la Slovénie, puis la Croatie l'été dernier. Avec d'une part le Monténégro candidat et la Serbie en cours de négociations, le Kosovo devient un élément clé pour atteindre cet objectif. Ce n'est pas sans fondements que la Serbie et le Kosovo ont réétabli des relations, premier pas historique vers une reconnaissance et des intérêts mutuels.
D'un côté, Belgrade accélère son processus d'adhésion, de l'autre, Pristina accède à une normalisation de ses relations internationales et à un marché que le pays, avec un taux de chômage de 30%, n'attendait plus. Au final, l'UE renforce son action diplomatique extérieure et se fait plus influente en matière de relations internationales, aspect qu'elle doit développer.
Dans tous les cas, l'accord d'association avec le Kosovo demeure une loi ad hoc, un nouveau moyen d'intégrer l'UE qui ouvre la voie d'une Europe des participation multiples : la Suisse, la Norvège et l'Islande font partie de l'espace Schengen sans être membres de l'UE, le Royaume-Uni, l'Irlande et les derniers pays intégrés sont à l'inverse membres de l'UE sans être dans l'espace Schengen, tandis qu'Andorre, Monaco et la République de Saint-Marin frapperont leurs euros sans même faire partie de la zone Euro. Ces quelques exemples laissent entrevoir une Europe à plusieurs vitesses.
Le fait que cet accord soit ratifié par l'Union européenne comme seule entité juridique met en exergue une réalité incontestable : son grand pragmatisme afin d'affronter les réalités politiques à mesure qu'elles se révèlent, c'est-à-dire sa prédisposition à s'adapter au cas par cas sans avoir établi de normes au préalable, ce que l'on pourrait aussi considérer comme un message apaisant pour l'Ecosse, la Catalogne ou la Flandre.
Translated from Acuerdo UE-Kosovo: ¿nuevas puertas para entrar en europa?