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Le Hobbit de Tolkien, entre la Bible et le metal

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Culture

Nous sommes le 12/12/12 et, outre un nouveau signe évident de la fin du monde, ce jour marque la sortie au cinéma de LeHobbit : Un Voyage Inattendu. Un autre film réalisé par Peter Jackson, un autre livre écrit par Tolkien. Justement, l’auteur du Seigneur des Anneaux pourrait tout à fait diffuser à lui seul le parfum d’apocalypse ambiant tant son œuvre est constellée de références bibliques.

Et d'un peu de black metal...

Vous le savez tous, la fin du monde approche. Ce faisant, avant de mourir, le monde du cinéma à gros budget a décidé de nous faire rêver avec la sortie de Le Hobbit : un voyage inattendu, aujourd'hui même : le 12 décembre 2012. Écrit par  J.R.R.Tolkien et réalisé par Peter Jackson - le film ne change pas une équipe qui gagne, surtout à l’approche des fêtes quand le tout-venant est prêt à se ruer dans les salles sombres comme on se précipiterait dans un abri antiatomique. Si la trilogie du Seigneur des Anneaux n’hésitait pas à montrer des scènes justifiant les restrictions du CSA, toute la famille devrait pouvoir aller au cinéma voir Le Hobbit puisque c'est ici d’un conte pour enfants dont il s'agit.

Trouver Dieu dans le Seigneur des Anneaux

Toutefois, la raison pour laquelle le nouveau film du réalisateur néo-zélandais fera sens en cette fin d’année est bel et bien son caractère biblique. C’est bien connu, lorsque le monde est menacé d’une catastrophe quelle qu’elle soit, même le plus fier des hérétiques se remet à prier. Et, croyez-nous, à l’issue de la séance du Hobbit la plupart de l’assistance aura vu la lumière. Pourquoi ? Parce-que la somme littéraire sur laquelle les films de Peter Jackson s’appuient transpire le catholicisme et la référence biblique. Au-delà de la similitude en termes de longueur (1278 pages pour l’édition compacte de la saga du Seigneurs des Anneaux, 1801 pour la Bible de Jérusalem grand format), la Bible et les récits de Tolkien comptent bien des similitudes.

« Dieu a choisi ce que le monde considère comme ridicule pour ridiculiser les sages, et il a pris ce qui est faible en ce monde pour humilier les forts. »

Commençons par l’homme. John Ronald Reuel Tolkien né en 1892 en Afrique du Sud. Éduqué par une mère très attachée à la messe en latin, le garçon devient vite un catholique convaincu au tempérament conservateur voire traditionaliste. Après une parenthèse soldatesque lors de la Première guerre mondiale, le jeune féru de langues anciennes excelle dans les études jusqu’à enseigner la matière à Oxford. C’est aussi l’une des raisons qui explique que chacun des trois tomes du Seigneurs des Anneaux est ponctué d’appendices historiques, culturels et linguistiques qui nous confortent dans l’idée que l’univers de Tolkien paraît aussi cohérent que vraisemblable.

En 1937, lorsque l’écrivain entame la rédaction de son œuvre, il est très influencé par la Bible. Et disons-le de but en blanc, il est clair que Frodon le Hobbit, le héros du Seigneur des Anneaux, a une dimension christique. Frodon est investi de sa mission à l’âge de 33 ans. Le rôle qu’il va jouer dans le destin du monde a été annoncé par des prophéties. Il endure mille souffrances pour protéger du mal la Terre du Milieu. Les héros incarnent des valeurs typiquement chrétiennes : l’humilité, le sacrifice, la tolérance. Leur quête est une tentative pour sauver le monde, une lutte du Bien contre le Mal, aux allures incontestablement bibliques.

De K.Bruner et J.Ware.Au-delà de ça, deux exemples peuvent montrer l’imprégnation biblique du récit de Tolkien. Celui qui est choisi pour porter l’Anneau afin de le détruire est donc un hobbit. Autrement dit, une espèce de semi-hommes pacifiques, casaniers, peu enclins aux aventures et au fond, quelque peu naïfs… Comment ne pas penser aux paroles de St. Paul dans sa première Lettre auxCorinthiens? « Dieu a choisi ce que le monde considère comme ridicule pour ridiculiser les sages, et il a pris ce qui est faible en ce monde pour humilier les forts. » (cf K. Bruner et J.Ware ; Trouver Dieu dans le Seigneur des Anneaux ; Salvator ; 2005). Si Frodon accepte librement sa mission, il ne se la donne pas. Il sent un appel à être le sauveur de la Terre du Milieu, un appel auquel il ne saurait résister. Le deuxième exemple se trouve à la fin du livre I, au chapitre XII (« Fuite vers le gué »). Frodon sur son cheval blanc elfique est poursuivi par les neufs cavaliers noirs serviteurs de Sauron, le seigneur des ténèbres. Il parvient à franchir le gué et au moment où les cavaliers noirs pénètrent dans l’eau le niveau monte subitement et les submerge. « Les chevaux noirs furent pris de folie et, bondissant de terreur, ils emportèrent leurs cavaliers dans les flots impétueux. » (p. 242). Comment ne pas penser ici au passage de la mer rouge par les hébreux et à la déroute de l’armée de Pharaon ? (cf. I. Fernandez ; Et si on parlait… du Seigneur des Anneaux – Le sens caché de l’œuvre de Tolkien ; Presses de la Renaissance ; 2002 et  S. Caldecott, D. Rance et G. Solari ; Tolkien, Faërie et Christianisme ; Ad Solem ; 2002.)

Metal hurlant

Il serait trop facile d’affirmer que – dans le Seigneur des Anneaux – Tolkien fait œuvre de catéchisme et que la trilogie suffit à faire de votre gosse un enfant de chœur. A l’inverse même, on pourrait signaler que l’écrivain anglais est depuis quelques années déjà une source d’inspiration pour de nombreux groupes de metal. Oui, considéré comme la musique de Satan, le black metal cherche souvent du côté de « l’auteur catho » pour trouver ses noms de scènes. Mordor, Saroumane, Sauron…sont autant de termes qui fleurent bon les ténèbres et le demi-jour.

Une bonne tête de metaleu tiens.

Aussi, Shagrat, l’un des capitaines des orques, a donné son nom à un membre de Dimmu Borgir (groupe norvégien). Quant aux noms de lieux comme Barad-dur, Cirith Gorgor, Cirith Ungol, Gorgoroth, Isengard, Ephel Duath et Morgul, ils correspondent tous à des noms de groupes de metal généralement noirs : par exemple Cirith Gorgor (Hollande), Ephel Duath (Italie), Gorgoroth (Norvège) ou encore Isengard (projet de Fenriz, musique viking). Sauron, le Seigneur ténébreux, a été vaincu par la Communauté de l’Anneau mais il survit toujours à travers cette forme de musique extrême et haineuse, bien moins chou qu'un hobbit aux pieds poilus.

Photos : Une et Texte © courtoisie de la page Facebook officelle du Seigneur des Anneaux sauf le livre © croutoisie du site amzon.com. Vidéos :  Bande-annonce (cc) CinemasGaumontPathe/YouTube, Gorgoroth (cc) bezo999/YouTube