Le déploiement de soldats de la KFOR
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Par Tanja Milevska
Dans leurs déclarations, la grande majorité des représentants des institutions européennes minimise les risques de violence en Serbie dans les jours précédant ces scrutins cruciaux, à l’instar du rapporteur pour la Serbie au Parlement européen, Jelko Kacin. « Les incidents ne sont dans l’intérêt de personne.
Ce qu’il faut c’est attirer des investissements étrangers, surtout au Kosovo et dans le sud de la Serbie, où le chômage atteint des niveaux jamais vus. Quel investisseur voudrait investir son capital dans une région où l’on se tire dessus ? »
« Le meurtre d’un citoyen kosovar et de sa famille à leur domicile dans le nord de Mitrovica montre qu’il faut mettre fin au crime organisé au Kosovo le plus rapidement possible. Le vide juridique qu’ont laissé les institutions parallèles doit être stoppé », ajoute l’eurodéputé slovène.
En préparation des élections du mois de mai, l’OTAN s’est tout de même décidée à envoyer 700 nouveaux soldats allemands et autrichiens, sur le territoire du Kosovo d’ici le début du mois de mai pour assurer la sécurité de tous les citoyens. Bancroft avertit pourtant qu’ « il existe un danger d’un regain de violence, tant à l’intérieur qu’entre les communautés au Nord. Le déploiement des troupes de la KFOR devrait assurer la sécurité, mais seulement si elles agissent de manière neutre. Toute tentative d’imposer la volonté de Prishtina sera interprétée comme une provocation par les Serbes et se révèlera être très déstabilisant. »
Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, écrit sur son compte Twitter ce vendredi matin que « le déploiement de troupes additionnelles au Kosovo est nécessaire ». Faut-il voir là-dedans un avertissement quant à un possible regain de violence dans la région ? Rien ne permet de l’avancer à ce stade-ci avec certitude mais il est évident que les esprits chauffent à mesure que l’on se rapproche du 6 mai. Et pas qu’au Kosovo. La Macédoine voisine qui a évité la guerre civile avec les Albanais ethniques, en 2001, n’a toujours pas complètement pansé ses blessures.
Cette semaine, une dizaine de personnes, d’origine albanaise, ont été arrêtées dans une action anti-terroriste et inculpées pour le meurtre de cinq personnes le 12 avril. Beaucoup sont cependant d’avis que ces arrestations sont « abusives » et « doutent de l’investigation ». Un appel anonyme sur les réseaux sociaux a été lancé pour protester ce vendredi contre ces arrestations, après la prière dans la mosquée de Yaya Pasha de Skopje.
Si les violences de ces dernières semaines sont à prendre au sérieux, ni les experts, ni les politiciens ne semblent cependant partager la crainte du ministre serbe pour le Kosovo, Goran Bogdanovic, d’une « répétition du pogrom de mars 2004 ». Pour rappel, le 17 mars 2004, 19 civils serbes perdaient la vie dans une des attaques les plus meurtrières qu’ait connues le Kosovo depuis la fin de la guerre de 1999. Des monastères orthodoxes furent saccagés, les maisons serbes brûlées et près d’un millier de personnes blessées.
Dans un entretien télévisé, Bogdanovic a estimé que « les tentatives violentes d’intégrer le nord du Kosovo dans les institutions de Prishtina » étaient « la source de tous les problèmes », ajoutant que la Serbie détenait des « informations indiquant de sérieuses préparations pour quelque chose de similaire à ce qui s’est passé le 27 mars 2004 ». Le ministre a par ailleurs salué le déploiement des troupes additionnelles au Kosovo, garantes de la sécurité. Pour Ian Bancroft, la répétition d’une telle tragédie serait « dommageable au Kosovo qui se bat pour une légitimité internationale », « ni les autorités kosovares, ni la communauté internationale ne laisseraient faire une chose pareille ».