Le combat des femmes iraniennes
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Le 8 mars marque la Journée internationale des femmes, une occasion de célébrer leur combat contre les discriminations et pour l'égalité. Pour les Iraniennes, ce combat s'avère rude et de longue haleine. Elles vivent sous un régime théocratique et sont la principale cible des mesures répressives. Elles refusent cependant de se soumettre à la misogynie des mollahs et leurs lois archaïques.
Depuis l'accession de Rohani à la présidence, d'autres lois "anti-femme" ont été adoptées. L'une d'elles en l'occurrence a suscité l'indignation générale : la légalisation du mariage entre un père et sa fille adoptive. Cette loi a été mise en œuvre par le gouvernement Rohani au début de son mendat. Une loi où le rôle du père est confondu avec celui du mari et avec laquelle les enfants ne peuvent être en sécurité, une loi qui légalise la pédophilie et normalise le crime, selon les militants des droits humains. Rappelons en outre que l’âge légal de mariage pour les filles avait été élevé à 18 ans en 1974, mais en 1979 les mollahs l'ont abaissé à l'âge douloureusement précoce de 13 ans.
En Iran, une femme vaut la moitié d’un homme dans le droit à l’héritage, mais aussi dans un code pénal reposant sur la Loi du Talion qui prône un châtiment équivalent au crime commis. Les représailles prévues par la loi ne sont d’ailleurs pas égalitaires selon le sexe de l’accusé. Ainsi, le châtiment du crime commis à l’égard d’une musulmane sera apprécié à l’aune du statut inférieur de la femme, et le dédommagement qu’elle obtiendra ne pourra excéder la moitié de celui qui serait accordé à un homme dans les mêmes circonstances. Les femmes se voient également interdire l’exercice du métier de juge, qui demande d'après les mollahs des facultés mentales que les femmes ne posséderaient pas. En justice, le témoignage de deux femmes équivaut à celui d’un seul homme.
Le code de la famille
Le code de la famille affirme l’infériorisation de la femme. Il accorde des droits supérieurs à l’homme dans le divorce et dans la garde des enfants et lui ouvre un vaste champ de liberté sexuelle via l’autorisation de la polygamie, et, pour les chiites, du « mariage temporaire ». Pour les femmes, les rapports sexuels hors mariage sont prohibés et l’adultère réprimé par la lapidation. Le contrôle de la sexualité féminine constitue la garantie de la chasteté même de la société. Ce contrôle, symbolisé par le port imposé du voile, est relayé par des mesures législatives et sociales. Ainsi, dans l’Iran actuel, la femme a le devoir de se soumettre aux désirs et aux décisions du mari dans le choix du domicile et dans ses fréquentations et ses loisirs.
Elle ne peut exercer un métier ni voyager à l’étranger sans l’autorisation de son mari. À l’intérieur du pays, les femmes qui voyagent seules sont contrôlées par les représentants de la « lutte contre la corruption des mœurs ». Le contrôle des femmes passe aussi par les mesures leur interdisant de chanter et de danser dans l’espace mixte, car leur corps et leur voix provoqueraient des désirs illicites. Elles ne peuvent pratiquer de sport dans les lieux publics ni participer à des compétitions sportives mixtes nationales et internationales, sauf dans quelques disciplines (équitation, ski, tir, échecs) et les épreuves pour handicapés, uniquement parce que les vêtements spécifiques aux disciplines autorisées peuvent êtres conçus de façon à cacher les formes féminines et que les mouvements du corps dans les jeux des handicapés sont limités.
Outre le domaine sportif, les mesures ségrégatives annoncées et mises en place pour garantir la non-mixité conduisent à la généralisation du contrôle répressif des individus, et les femmes en sont les premières victimes. Ce système nourrit et propage quotidiennement les représentations sexistes et misogynes contre lesquelles les femmes les plus conscientes se battent sans répit. Représentations sexistes et misogynes.
Ce combat a commencé dès l’arrivée des islamistes au pouvoir et s’est sans cesse élargi, alors que les réformes arrachées par les contestations se révèlent infimes. Un exemple significatif à ce propos est fourni par la question de l’âge du mariage pour les femmes. Une des premières initiatives du pouvoir islamiste après son instauration a été de supprimer toutes les lois promulguées sous le régime du Chah pour réformer le statut personnel des femmes. L’âge du mariage pour les filles avait été élevé à 15 ans en 1967, puis à 18 ans en 1974. Mais en 1979, les islamistes au pouvoir abaissent l’âge de mariage pour les femmes à 13 ans.
Les Iraniennes s'organisent
A l’occasion de la Journée internationale des femmes, une conférence sous le titre « les femmes à la direction politique » s’est tenue en Albanie en présence de la militante Maryam Radjavi et des personnalités politiques et des militantes du mouvement d’égalité des divers pays.
« Les femmes résistantes d’Iran ont joué et jouent un rôle déterminant dans la lutte contre l’intégrisme au pouvoir, a déclaré Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance iranienne. Le fait que les femmes soient les cibles privilégiées de la répression en Iran montre que les mollahs tentent de se défendre face à une menace existentielle. Le voile obligatoire et les discriminations flagrantes contre les femmes dans tous les domaines d’éducation et de la vie professionnelle visent à enchainer les femmes et à bloquer leur avancée. Sinon les mollahs ne pourraient pas préserver leur pouvoir. Et ce seront ces femmes et la volonté générale du peuple qui les renverseront. »
La démocratie est la condition sine qua non de la liberté des femmes et de leurs accès aux droits fondamentaux. La lutte pour la démocratie a besoin du soutien des forces démocratiques et des défenseurs des droits humains et de la liberté des femmes, partout dans le monde.