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Le cinéma format de poche.

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Bruxelles

By Elisa Longobardi in Brussels

AT-PRODUCTION, BOZAR CINEMA et le FORUM DES IMAGES ont présenté ce 28 septembre à Bruxelles, au Palais des Beaux-Arts lors d'une soirée ‘best of’, une sélection des meilleurs produits qui ont participé aux quatre éditions précédentes du festival Cine pocket.

Lancé par le centre culturel parisien, ce festival a pour but de s’interroger sur les possibilités artistiques du téléphone portable en tant que nouvel outil de création et de diffusion.

Feu_de_plancher_des_Pacho_1.jpgQue les téléphones portables soient désormais des outils de communication aux capacités multiples ce n’est pas une nouvelle. Ces dernières années, une production croissante de prises d’images vidéos rendue possible grâce aux cameras installées sur les portables de dernière génération a ouvert de nouveaux scénarios dans la structure culturelle contemporaine. Ne semblant être, au départ, qu’un gadget, la caméra intégrée au téléphone portable est entrée dans les mœurs et a pris du poids dans la décision d’achat des consommateurs. L’outil permet avec une qualité croissante de définition du son et d'image d’enregistrer, de diffuser, d’envoyer et de recevoir des images et, pourquoi pas, de réaliser des véritables films.

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Un nouveau moyen de documenter la réalité ‘à chaque instant’, à travers les jeux des non professionnels de l’image s’est ainsi imposé. Un véritable phénomène médiatique et culturel de nos jours qui s’exprime à travers la production de milliers de produits audiovisuels home-made qui attestent la progressive affirmation de la prise d’image ‘où et quand on veut’. Mais qui aurait pu imaginer que cette nouvelle vague médiatique aurait bientôt pu aspirer à devenir une véritable forme d’art? Et que les ‘mob-réalisateurs’ auraient pu participer à un festival consacré aux ‘films de poche’? AT-PRODUCTION, BOZAR CINEMA et le FORUM DES IMAGES ont présenté ce 28 septembre à Bruxelles, au Palais des Beaux-Arts, lors d'une soirée ‘best of’, une sélection des meilleurs produits qui ont participé aux quatre éditions précédentes du festival Cine pocket. Lancé par le centre culturel parisien, ce festival a pour but de s’interroger sur les possibilités artistiques du téléphone portable en tant que nouvel outil de création et de diffusion.

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Benoît Labourdette, directeur artistique du Forum des Images, a ouvert la soirée et le débat sur les différents enjeux du téléphone portable comme outil artistique en posant la question clé:’Quel est l’intérêt de raconter une histoire par images en utilisant des cameras qui ne permettent pas de bénéficier de la même qualité que les cameras traditionnelles?’ Il est certain que cet outil nous ouvrira les portes d’une façon de penser tout à fait nouvelle et de faire du cinéma. Parce que tout d’abord il nous permet de faire des choses différentes: on a cette camera toujours sur nous et on peut filmer presque tout à tout instant. Cette caractéristique induirait une construction de la mémoire collective et personnelle inédite, tout en changeant la relation entre les gens, entre l’utilisateur, doté de cette extension mécanique de sa perception et de son champ visuel, et les espaces et les événements qui tournent autour de lui. ‘Grâce aux ‘cameras de poche’, il n’y a presque plus de médiatisation entre l’œil et la réalité extérieure’, explique Labourdette, ‘ainsi chacun peut s’en approprier à sa manière’. J’avoue que je suis tout à fait d’accord avec lui et j’étais extrêmement curieuse de voir comment les participants,qui ont réalisé et envoyé leurs films des 4 coins du monde, avaient traduit la théorie en pratique. J’ai assisté à la projection des films sélectionnés et, il faut l’admettre, on est encore très loin, à mon avis, des standards qui font du cinéma cette grande machine à rêves de la modernité. Pas parce que les films tournés via portable devraient atteindre aux mêmes langages et techniques que celui-là. Au contraire je suis convaincue que son vrai potentiel réside dans sa capacité de se détacher complètement de ce qu’on connaît déjà et se lancer dans l’exploration d’un nouveau langage visuel et narratif en exploitant le pouvoir du hic et nunc alloué par ses caractéristiques techniques.

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Bravo, donc, à ceux d'entre les participants qui ont eu le courage de se lancer et d'inventer une nouvelle façon de raconter une histoire visuelle dense de significations et de façon non conventionnelle. Ils ont su communiquer de façon très originale, pas en plaçant des images les unes après les autres presque au hasard ou, pire encore, en voulant imiter la construction narrative propre au cinéma traditionnel mais, au contraire, en réalisant du vrai ‘jamais vu’.

Elisa Longobardi