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Le choix d’étudier en France pour ensuite revenir en Grèce est-il le bon ?

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Elina Makri

Athènes

Comme j’ai étudié le droit en France, je suis secrétaire de l’ L’Association (grecque) des Anciens des Etablissements d’Enseignement Supérieur de France(AFREL). Bien évidemment je connais Mano Gardouni, le vice Président de l’AFREL qui a très récemment donné un interview à Mme Adéa Guillot au Petit Journal (www.lepetitjournal.com/athenes.

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Par consequent je me demande sur la réglementation européenne, sur la liberté de circulation au sein de l’Union Européenne et de la reconnaissance mutuelle des diplômes. Est-ce que c’ est vraiment le cas dans la réalité de la vie professionnelle où les corporations professionnelles règnent et en même temps ont peur de la concurrence des «qualités étrangères » et essayent avec tous les moyens (surtout administratifs) d’ entraver l’ accès à des gens plus qualifiés qu’eux mêmes? Je suis sure que les Grecs connaissent bien la situation.. Mais est-ce qu’une chose pareille arrive dans d’autres pays autres que la Grèce ? Ou simplement il s’agit d’un paradoxe grec? Et pour ceux qui sont intéressés à s’inscrire à l’AFREL, n’hésiter pas à me contacter.

L’Association des Anciens des Etablissementsd’Enseignement Supérieur de France regroupe des grecs diplômés en France et revenus travailler en Grèce. Bien plus qu’un énième groupe d’influence, l’AFREL se veut un pont vers la francophonie et multiplie, à ce titre, des évènements fédérateurs. Son vice-président, Manos Gardounis, nous explique comment est née cette association et quels en sont les objectifs Titulaire d’un DEAet d'une thèse en droit obtenus auprès de l’université de Lille II en France, Manos Gardounis est aujourd’hui avocat à Athènes et vice-président de l’AFREL. Une association assez jeune, née en 2004 autour des frustrations rencontrées par de nombreux jeunes diplômés – grecs- des universités françaises. Une fois revenus au pays, ils se sont heurtés à l'absence de reconnaissance de leur diplôme et aux difficultés d’insertion dans un marché du travail trop souvent guidé par le degré de connections possèdées. Ce qui aurait pu rester un simple groupement d’accueil et de soutien s’est enrichi d’une dimension de partage. Ces anciens étudiants, souvent immergés plusieurs années dans la culture française, gagnés à cette culture, entendent témoigner de ce qu’ils considèrent comme un enrichissement et se lancent dans la promotion de la francophonie en Grèce. Entretien.

Le Petit Journal : Comment et quand est née votre association ?

Manos Gardounis : Nous avons pris l’initiative de lancer l’AFREL en 2004 afin de remplir 5 objectifs principaux. Tout d’abord le développement de relations sociales et professionnelles entre anciens élèves des universités françaises. En discutant autour de moi, j’ai réalisé que nombre d’entre nous rencontrions les même difficultés. A savoir faire reconnnaître ici nos diplômes français, pénétrer un marché du travail d’où nous avions été absents 4/5 ans et dans lequel nous n’avions aucune connection et valoriser l’extraordinaire expérience d’avoir vécu ainsi, totalement immergés dans une autre culture pendant des années. En Grèce, les efforts fournis par les étudiants qui sont allés étudier en France ne sont pas suffisement reconnus. Pour la bonne raison que l’information sur les formations françaises reste médiocre alors même que ce sont des formations exigeantes et de haut niveau. Nous essayons avec l’AFREL d’orienter les jeunes diplômés qui reviennent pour les aider à cerner le marché du travail et nous voulons, en créant notre propre réseau, pallier ce gros désavantage sur le marché grec qu’est le fait de ne pas posséder de connections. Il y a, j’en suis sûr, un besoin sur le marché grec d’un mode de travail à la française.

Vous avez parlé de 5 objectifs... à part cette dimension de "groupe de soutien", quels sont les autres ?

La mise en place d’une collaboration scientifique via l’organisation de colloques techniques auquels nous invitons les entreprises françaises. Mais aussi la promotion de la culture française et le développement de relations culturelles et économiques avec la France. Sur ce sujet nous travaillons en collaboration avec les institutions françaises présentes en Grèce. Et nous avons aussi, sur un plan plus ludique, monté une équipe de football qui organise des matchs amicaux. Nous reversons les bénefices de ces évènements à l’association de l’Entraide qui fait un travail important auprès de vos compatriotes en difficulté. Et surtout nous travaillons non seulement à la reconnaissance des diplômes français en Grèce, mais aussi à la mise en place de partenariats entre les universités grecques et françaises. Nous croyons beaucoup à la création de formations jumelées par exemple.

La Grèce vient d’être rappelée à l’odre par l’europe sur cette question. Etes-vous optimiste ?

Il y a de plus en plus de Grecs qui partent se former à l’étranger. En France ou ailleurs. C’est un phénomène récent mais qui commence à avoir un impact sur le marché et je ne crois pas que la Grèce va pouvoir longtemps rester dans cette position de repli. Evidemment la crainte ici, c’est que cela entraîne une concurrence déloyale avec les formations grecques. Mais on peut aussi voir les choses sous un autre angle. L’opportunité pour les universités grecques de se réformer, de se moderniser et d’augmenter ainsi la qualité de leur offre.

Vous travaillez en Grèce après avoir étudié en France. Vous connaissez donc les deux systèmes. Qu’est-ce qui les différencie selon vous ?

Dans le système français, on a l’impression que quelqu’un qui travaille sera tôt ou tard reconnu à sa juste valeur. Et c’est très motivant. Ce qui m’a le plus choqué à mon retour, c’est la défiance de mes futurs collègues vis à vis de mon parcours. Finalement, eux, se connaissaient tous depuis des années et ils n’avaient pas une grande curiosité pour la formation d’où je venais. Ses avantages, ses désavantages aussi. Le sentiment lorsque l’on revient, c’est que l’on doit presque tout reprendre à zéro pour se faire accepter.

Vous décrivez un véritable parcours du combattant ! Au final, avez vous l’impression que le choix d’étudier en France pour ensuite revenir en Grèce est le bon ?

Absolument ! Effectivement le retour est compliqué mais étudier en France fût et reste un voyage total. Une expérience positive. C’est toute ma vie et toute ma façon de voir le monde qui ont été modifiées. Il ne faut pas perdre de vue non plus, qu’au delà de cet aspect... existentiel, les écoles françaises sont excellentes.

L’un des objectifs de votre association est de soutenir la francophonie. Qu’est ce que cela représente pour vous et que faîtes-vous concrètement pour cela ?

Vous l’aurez compris, les 400 membres actuels de l’AFREL sont tous très francophiles et renforcer les liens franco-hélleniques nous tient à coeur. Ce sont des liens anciens qui doivent être maintenus, particulièrement dans cette période où la culture anglo-saxonne gagne chaque jour un peu plus de terrain. Ce que nous faisons concrètement ? Et bien d’abord... nous parlons français, nous travaillons pour des entreprises françaises, nous militons pour la mise en place de collaborations scientifiques et universitaires entre les deux pays... C’est déjà pas mal, non ? Nous collaborons d’ailleurs désormais avec les associations françaises. La nuit de l’AFIC sera par exemple cette année la nuit de l’AFIC et de l’AFREL ( le 12 décembre prochain). Et nous préparons un colloque sur la question des liens entre la Grèce et la France dans l’Union Européenne. Vraisemblablement pour février 2009.

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