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Le chef du village gaulois au salon de l’agriculture

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La Parisienne

Nicolas Sarkozy commence à nous habituer à ses coups d’éclat, l’insulte proférée au salon de l’agriculture en fût une de plus. Pourtant la foire agricole de la porte de Versailles lui a aussi donné l’occasion de redéfinir selon ses termes la politique agricole commune et la politique agricole de l’Union Européenne au sein de l’OMC. Qu’en penseront Bruxelles et nos voisins européens?

Image Flicker : http://www.flickr.com/photos/moonrhythm/1465208075/

Le village gaulois

On a beau dire, un président qui se bagarre c’est tout de même amusant.Le salon de l’agriculture faisait déjà parti du folklore avec Chirac flattant les vaches et goûtant les rillettes. L’édition 2008 aura plutôt rappelé l’étal du poissonnier du village gaulois, pour le divertissement de tous.

On a tort de minimiser l’impact de ce rendez-vous annuel. L’agriculture reste un secteur très important de l’économie française, abritent une large population et font partie de notre culture. Les présidents de la république l’ont tous compris et Sarkozy le citadin du Fouquet’s a également du se prêter à l’exercice difficile de charmer la France rurale. Il a tenu un discours d’environ une heure abordant les préoccupations majeures des agriculteurs. Parmi les plus pressantes d’entre elles, la politique agricole commune.

Une politique offensive

Ton fraternel mais ferme, Nicolas Sarkozy s’est fait l’avocat d’une nouvelle politique agricole commune plus “offensive” loin de “la posture pûrement défensive et conservatrice qui a trop souvent été [celle de la France]”. Ici difficile de lire entre les lignes. Le président fait référence au bilan de santé de la PAC dressé en novembre par la Commission. Une nouvelle répartition des aides accordées aux Etats membres sera sûrement au nombre des remèdes prescrits. Un facteur d'inquiétude pour les agriculteurs français; les plus importants bénéficiaires de la PAC au grand agacement de nos voisins. Nicolas Sarkozy a-t-il annoncé des diminutions des subventions inévitables ou sa volonté d’imposer ses conditions à ses partenaires européens? La question reste en suspend.

La préférence communautaire

Dans le même temps le président a ressorti du placard le fantôme de la “préférence communautaire”. Cette politique a permis à l’agriculture européenne de se développer dans les premiers temps de l’intégration européenne. Frappant de taxes les produits extra-communautaires et instaurant un système d’aide mutuelle, ce système protectionniste est devenu difficile à maintenir avec la libéralisation du commerce international. Nicolas Sarkozy a affirmé dans le même temps vouloir peser de tout son poids au sein des négociations de l’OMC pour éviter le dumping pratiqué par les pays en voie de développement et les pressions américaines.

Marcher sur des oeufs

Le ton est donc donné mais embarasse Bruxelles et nos partenaires européens. Quelques temps après le discours du président, Mariann Fischer Boel, commissaire à l’environnement s’est félicitée de l’allant du président à vouloir prendre part à la réforme de la PAC mais a ajouté “qu’aucune forme de protectionnisme” ne sera acceptable. Un enthousiasme en demi-teinte caractérise une fois de plus les relations entre Paris et Bruxelles.

Loin des projecteurs, l’UE doit accommoder sa politique commerciale extérieure à la nécessité de protéger ses agriculteurs ce qui revient à marcher sur des oeufs. Avec la finesse et la discrétion qui aura caractérisé le passage du président à la foire aux bestiaux, qui douterait un instant qu’il ne puisse mener à bien un tel exercice? 

Julien de Cruz