Le bouledogue anglais se remet à grogner
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Prune AntoineLes attentats de Londres ont donné au Royaume-Uni une nouvelle image de son identité. Bonne nouvelle pour les citoyens de Sa Majesté. Peut-être un peu moins pour l’Europe.
Depuis très longtemps, la Grande-Bretagne souffrait d’une crise d’identité. L’ancien Empire était simplement incapable de redéfinir ses attributs dans le monde contemporain. Ces deux séries d’attaques terroristes dans la capitale ont revigoré la cohésion sociale, jusqu’alors portée disparue. Résultats ? Un nouveau patriotisme mais surtout, une certaine xénophobie.
Règle Britannique
Les Anglais se sont trouvés un nouvel ennemi commun, incarné par les extrémistes musulmans. Ce qu’ils imaginaient être de lointains groupuscules criminels ressemblent aujourd’hui des gens ordinaires, vivant, respirant sur leur sol maternel. Le pays ressent une véritable menace à laquelle il répond par un rassemblement en règle autour du drapeau national. Les infâmes tabloïds britanniques ont largement contribué à renforcer cette réaction instinctive en publiant comme le Daily Mail des gros titres du genre « La cité de la peur » ou « Le Royaume-Uni sous l’attaque .»
L‘orgueil national prolifère désormais à travers tout le territoire. L’ Union Jack semble omniprésent, ondulant partout, depuis Buckingham Palace jusqu’au plus reculé des pubs de campagne. Le peuple admet volontiers s’enorgueillir du comportement adopté par le pays suite aux attaques. La popularité de Tony Blair ne cesse d’augmenter. Jessica Jameson, journaliste londonienne, résume joliment ce sentiment collectif dans ses commentaires sur le site de la BBC News : «Nous devrions tous être fiers qu’en de telles circonstances le pays puisse s’unir et combattre la terreur.»
Revirement nationaliste
Mais ce renouveau de fierté nationale a son côté obscur : une montée effrayante de la xénophobie. Les gens sont devenus incroyablement méfiants à l’égrad des « étrangers », avec des reportages à la télévision ou à la radio montrant que la Grande-Bretagne développe des soupçons à l’égard de son importante communauté asiatique. Un racisme galopant qui ne sera pas seulement cantonné aux ressortissants d’autres continents. Beaucoup de Britanniques se considèrent déjà comme une nation parfaitement distincte du reste de l’Europe. Les attaques de Londres risquent de les rendre encore plus hostiles vis-à-vis d’organisation politiques ou économiques continentales pouvant influencer leur conduite, principalement l’Union Européenne. L’« euroscepticisme » actuel signifie que le gouvernement actuellement à la tête de la Présidence européenne, va devoir élargir son agenda de réformes communautaires à des thèmes que le peuple anglais semble réclamer, c’est à dire la sécurité.
Triste mais véridique : le Britannique moyen associe l’Europe à une «perte» - perte d’identité, de culture et spécialement de pouvoir- . Il est donc hautement improbable qu’à la suite de ces attaques terroristes, le renfrogné bouledogue anglais, symbole national, cherche un quelconque réconfort auprès du terrier européen.
Article publié le 28 juillet 2005 dans la rubrique Caféine
Translated from The British Bulldog is barking again