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L'axe Vienne-Zagreb

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Ou pourquoi l’Autriche encourage vivement l’entrée de la Croatie dans l’Union et veut entraver celle de la Turquie.

« Si l’on regarde quelle région européenne est la plus importante aux yeux de Vienne et des Autrichiens, il s’agit sûrement de la partie occidentale des Balkans », confiait en avril dernier Ursula Plassnik, ministre autrichienne des Affaires étrangères, au quotidien « Kurier » lors d’une interview au sujet de ses priorités en matière de diplomatie. A l’époque déjà, elle se flattait de ce que son travail permette d’abréger les négociations sur l’adhésion de la Croatie dans l’Union, et ce malgré l’échec du processus de coopération visant à l’arrestation du Général Gotovina. « Je considère cette attitude de soutien comme part intégrante de notre travail de voisin. Dans cette région, l’Autriche possède, de par son passé historique, un gigantesque capital confiance et crédibilité et nous devons en être à la hauteur de cela.  » Néanmoins, ce ne sont pas seulement la confiance, la crédibilité et les sentimentalités imprégnées d’histoire qui adoucissent les relations entre Vienne et « Agram » (nom autrichien de Zagreb). Les arguments économiques ont aussi un rôle à jouer.

L’investisseur numéro 1

Le directeur de la Banque Nationale d’Autriche, Peter Zöllner, a souligné ce rôle-clé de l’Etat alpin en Europe centrale et du sud-ouest lors de la présentation du Rapport Mondial d’Investissement de la CNUCED en septembre 2005. L’Autriche est le plus grand investisseur en Croatie, en Slovénie et en Bulgarie. 220 millions d’euros sont ainsi tombés dans les poches de Zagreb en 2004. Et globalement, l’Autriche a injecté plus de 2,1 milliards d’euros en Croatie entre 1993 et 2003 (pdf). Avec ce score, la participation financière de Vienne s’élève à un peu plus de 30% des investissements étrangers.

Les exportations dans les régions de l’Adriatique anciennement dominées par l’Empire Austro-hongrois sont envisagées sous le même angle : en 2003, le cap du million d’euros a été franchi. La défense des aspirations européennes du côté croate repose donc sur de solides bases économiques. En outre, l’Autriche a bénéficié d’un coup de publicité gratuite inattendue dans les médias croates à la suite de son entêtement à défendre la candidature de Zagreb à l’accession à l’UE, une attitude qui ne peut que profiter à ses affaires économiques post-hasbourgeoises.

En terme de tourisme, la Croatie est devenu plus importante que la Turquie. Car même si l’Asie mineure était quasiment devenue la résidence secondaire des vacanciers autrichiens durant la guerre des Balkans, la peur du terrorisme a modifié cette configuration. Selon les calculs de l’Institut Viennois de recherche sur les loisirs, la Croatie occupe désormais pris la troisième place du classement des lieux de vacances les plus fréquentés derrière l’Italie et la Grèce, repoussant la Turquie à la quatrième place.

Un marché plus juteux, mais pas pour l’Autriche

Si les exportations autrichiennes vers la Turquie sont actives, n’en déplaise à la ministre des Affaires étrangères, il est certain que la Croatie représente un partenaire beaucoup plus important. Car contrairement à l’Allemagne, l’Autriche n’entretient aucun lien économique crucial avec Ankara. Si les exportations de Vienne vers la Turquie ont augmenté ces dernières années, passant de 620 millions d’euros en 2003 à 790 milliards en 2004, la position d’Ankara équivaut à celle de la Finlande, en matière de commerce extérieur.

Et même si l’adhésion de ces deux pays serait économiquement la bienvenue, la population reste sceptique. Selon une étude récente d’Eurobaromètre, seuls 10% des Autrichiens sont favorables à l’entrée de la Turquie contre 45% qui supportent la candidature de l’Etat Adriatique

Translated from Die Achse Wien-Zagreb