L'aventure Kommune 1, la première colloc berlinoise
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Pour dépasser la société bourgeoise, il faut s'attaquer à sa racine : le carcan familial ! En 1967, 9 hommes et femmes passèrent à la pratique et fondèrent la Kommune 1, première colloc' du pays et étincelle soixante-huitarde. Issus de l'extrême gauche étudiante et proches de Rudi Dutschke, les Kommunarden s'installèrent dans un atelier inoccupé de la Stephanstraße à Tiergarten.
A l'aide de la psychanalyse de groupe et à une intense introspection, ils cherchèrent à déconstruire leurs réflexes « bourgeois » pour pleinement jouir de la vie en communauté, où tout est partagé, en prélude au communisme.
Mais ces longues séances de thérapie ennuyaient les habitants les plus situationnistes de la Kommune, comme Fritz Teufel, qui, pour compenser, s'illustra par une attaque au pudding sur le vice-président américain en visite à Berlin. En ces temps de guerre du Vietnam, le geste fit l'effet d'une bombe et braqua l'attention des médias sur la troupe contestataire. Un intérêt qui s'accrut encore lorsque la mannequin Uschi Obermaier emménagea et souligna par son charme exceptionnel que la révolution sera d'abord sexuelle, ce qu'un certain Jimi Hendrix de passage constata personnellement.
Cette notoriété fut une aubaine pour ces révolutionnaires sans le sous, qui firent payer les journalistes pour leurs interviews. Uschi prétend même avoir vendu au Stern une série de photos de nu pour 20 000 Marks. Mais en 1969, l'aspect mercantile et les conflits internes auxquels s'ajouta une attaque de motards qui dévasta le logement, sonnèrent le glas de l'expérience... qui est bel et bien terminée puisqu'aujourd'hui, le Stephanstraße 60 est un loft pour touristes. Vous avez dit Zeitgeist ?
Vous trouverez au coin de la Ackerstraße et de la Torstraße, le Muschi Obermaier, un bar dédié à l'égérie.
Article publié dans le numéro d'avril de Berlin Poche.