L'avenir, otage des plans de relance
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''Pour lutter contre la crise économique, les Etats ont dépensé sans compter. Mais tous ces milliards ne s'effaceront pas d'un coup d'éponge et __quand viendra l'heure du remboursement, la facture sera difficile à avaler. L'avenir est pris en otage par l'ampleur même des plans de relance.
'' Éviter 1929 à tous prix__
La plus grave crise depuis 60 ans, un nouveau 1929, les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier la crise économique. Et la peur qu'elle a inspiré est à la hauteur de ces hyperboles, tout autant que les moyens mis pour la contrer. Les leçons du passé ont été tirées : éviter d'assécher le crédit pour ne pas étouffer l'économie, assainir au plus vite le système bancaire quitte à le nationaliser et injecter des capitaux pour soutenir l'activité. Et éviter le protectionnisme et le repli sur soi.
Les États ont été de bons élèves et ont déployé des plans de relance colossaux, tout en prenant soin de se coordonner et d'aider les plus touchés. Le FMI a vu ses moyens augmenter énormément, les réunions du type G20 se sont montrées concluantes. Et jusqu'à présent, ça semble marcher, les marchés reprennent des couleurs et la chute libre est terminée. Mais, peut-on se réjouir ? Les États, géants aux pieds d'argile
La contrepartie est un endettement des Etats en plein dérapage : des recettes qui fondent avec que les dépenses explosent avec le chômage. Selon la Commission, la dette française passerait de 64 à 76% en 2010 et plus dans les années suivantes. En moyenne 75,8% de dette publique pour la zone Euro en 2010, on est loin des critères de Maastricht. Partout dans le monde, l'excès d'endettement privé est remplacé par un excès d'endettement public.
Les Banques centrales ont également distribué des milliards de liquidité : il y a presque trois plus d'argent en circulation aujourd'hui qu'avant la crise ! Et pour ça, les Banques Centrales ont accepté des dépôts de moins en moins sûrs et elles ont décidé de racheter les obligations d'Etat, c'est-à-dire de faire tourner la planche à billet. Quand la mer se retira, on verra ceux qui nagent nus et les Etats et leurs banques centrales risquent d'être de ceux-là. L'après-crise, une autre crise ?
Comment rembourser toutes ces dettes ? Comment réduire par trois la masse monétaire ? La monnaie, c'est comme du dentifrice, une fois sorti, impossible de le remettre dans le tube. Alors, une augmentation des impôts est difficile, l'inflation se traduirait par la formation de nouvelles bulles sur les actifs. La sortie de crise risque d'être plus mouvementée que la crise elle-même : la gestion de l'après-crise sera très dangereux.
Il faudra rembourser ces dettes et ces excès sur plusieurs années. Finalement, ceux qui trinqueront seront les jeunes générations. Nous aurons tant fait pour s'éviter une grave crise que nous en provoquerons une de notre avenir. Après l'ivresse vient toujours la gueule de bois.