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La Turquie d’Erdoğan: un parcours semé d’embuches

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Cécile Vergnat

Grâce à sa po­li­tique in­ter­na­tio­nale menée ces dix der­nières an­nées la Tur­quie est de­ve­nue l'ac­teur de pre­mier plan du Moyen Orient. Mais les ré­cents évè­ne­ments en Egypte,  Place Tak­sin et la crise sy­rienne bou­le­versent  les stra­té­gies d'Erdoğan, la sta­bi­lité de la ré­gion est une zone à risques et de nou­velles dé­ci­sions cri­tiques se ca­chen à l'ho­ri­zon. 

Erdoğan n’a jamais caché son ambition de ramener la Turquie à son apogée d’autrefois. Dès la fin du siècle dernier, le boom économique et la vitalité politique qu’a connu le pays a encouragé la nation turque à vouloir s’ouvrir à de nouveaux espaces pour se développer davantage. C’est donc le Moyen Orient qui est choisi puisque les Balkans sont déjà prisés par les allemands, américains et aussi en partie par les italiens et les français.

En 2000, tous les numéros sont pour réussir dans cette moderne Drang Nach Osten. Sous l’ombrelle de l’OTAN et grâce à sa position stratégique, la Turquie tend vers une stabilité politique qui n’est pas connue par les autres pays voisins. Nous sommes toutefois bien avant le virage économique imposé par Erdoğan.

En 2001 et en 2003, lors des invasions en Afghanistan et on Irak, la Turquie se révèle être un allié digne de confiance de l’Occident. Elle a profité de la chute des deux régimes les plus stables de la zone du Moyen Orient  pour étendre une partie de son influence sur la région.

La recrudescence de la Jihad (guerre sainte) et les migrations des chrétiens vers des lieux plus sûrs soumettent toutefois la stabilité de la Jordanie, du Liban et surtout de la Syrie a rude épreuve. Grâce à sa stabilité relative et à sa position géographique stratégique sur la Méditerranée, la Syrie était le partenaire économique privilégié de toutes la zone, y compris l’Iran jusqu’en 2008.

ANKARA médiatrice des conflits du Moyen Orient

C’est donc le moment pour Ankara de changer sa position : de simple « spectatuer » des intérêts occidentaux, à un rôle plus approprié de « médiateur des conflits » qui s’étendent dans la région. Même si le Printemps Arabe bouleverse dans un premier temps les plans d’ Erdoğan, le premier ministre turc réussi à en tirer des avantages, surtout après le grave accident dont a été victime un navire d’aides humanitaires internationales, une partie de l’équipage était turcque. Cet accident a provoqué des émeutes auxquelles la Turquie suggérera de répondre par une intervention  militaire « soft ». (rappelez-vous de l’Opération Liberté des Mers mise en place dans le but de protéger les intérêts turcs et nord chypriotes dans la Méditerranée orientale).

La stabilité politique et économique de la Turquie ont permis aux turcs de bénéficier de la liberté (nous parlons des deux années qui ont précédés les évènements Place Taksim) et désorientent même l’establishment turc et certains observateurs internationaux : Ankara devient le modèle, pour ne pas dire la promotrice occultée, du mouvement qui enflamme  le centre de la Méditerranée

Mais une fois le Printemps Arabe terminé,  l’Egypte (avec la démission d’Hosni Mubarak), décide de chercher une solution pour sortir de la crise et au contrôle des occidentaux, en causant le premier frein aux plans du premier ministre Erdoğan.

Tous les équilibre que la Turquie avait difficilement construit se trouvent à nouveaux bouleversés avec l’explosion de la révolte syrienne près de ses frontières nationales ( tout en éliminant un concurrent économique dangereux) est sur le point de déstabiliser la région de Diyarbakir ( une zone qui ressent encore les influences du PKK et dans laquelle grâce à la protection  de la mission Enduring freedom, les kurdes du nord de l’Irak, ont réussi à créer un « Etat dans l’Etat » où ils bénéficient d’une liberté totale par rapport à leur cousins turcs et iraniens).

La Turquie après "Taksim", Morsi e la crisi siriana

C’est ainsi que nous arrivons à nos jour. Ne pouvant pas gérer Israël et ses alliés la seule solution de fuite pour Ankara consiste à se poser comme alternative au chaos et à la dérive islamique (quelque peu douteuse) de l’Egypte, le seul pays de la zone qui s’il retrouvait un peu de stabilité, pourrait affecter l’ascension du rival éternel.

L’hypothèse militaire envers l’Egypte écartée, dans un premier temps proposée par l’OTAN, reste désormais à savoir quelle ligne de conduite compte adopter Ankara. Il est certain qu’un premier ministre « consommé » comme Erdoğan aura déjà entrevu la possibilité de se poser comme médiateur en cas d’intervention de l’AUTAN en Syrie. La chute de Morsi l’ « islamique modéré » en Egypte, obligera le premier ministre à concentrer ses efforts sur une zone moins dangereuse pour sa politique. Elle oblige également la Turquie à se déséquilibrer définitivement et perdre cette « précieuse solitude », qui était en partie sa force. Si les puissances occidentales devaient entrer en scène les conséquences pourraient être plus terribles que prévu.

Video Credits: Euronews/youtube

Translated from La Turchia di Erdoğan: un percorso infranto