La société grecque face aux mesures d'austérité
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Bien malin qui saurait dire comment va réagir la société grecque face aux mesures drastiques annoncées le jeudi 3 mars par le gouvernement Papandréou, qui ont déjà donné lieu à deux grèves générales assorties d'importantes manifestations. Cependant, des articles sont parus à ce sujet ce week-end, donnant à leur façon des ébauches de réponses.
D'un côté, le journal Eleftherotypia souligne le manque de confiance envers les institutions qui caractérise la société grecque actuelle: « Toutes les institutions représentatives sont concernées, y compris les organisations syndicales ». Les deux grandes organisations syndicales grecques, la GSEE (Confédération générale panhellénique des travailleurs), et l'ADEDY, le syndicat des fonctionnaires, seraient en situation délicate, et dans le même temps, en première ligne des événements actuels.
La GSEE, qui rassemble des salariés du secteur privé, serait débordée par une base hors d'elle qui, outre les grèves, se tourne vers des moyens d'action jusqu'ici peu utilisés par les salariés grecs, en particulier les occupations de lieu de travail et d'administrations publiques. Ce fut le cas ces derniers jours avec l'occupation de la Comptabilité générale et de l'Imprimerie nationale, mais aussi de deux banques à Komotini, en Thrace, par des salariés d'entreprises. Ces actions vont de pair avec la conscience aiguë qu'ont les salariés de leur incapacité financière à soutenir une grève de longue durée.
D'un autre côté, un sondage montre que seuls 38,8% des citoyens sont satisfaits de l'action de l'ADEDY, l'organisation syndicale des fonctionnaires. Or, l'article met en lumière une possible fracture entre les secteurs public et privé, et une exacerbation des tensions entre les salariés des deux « camps ». En outre, des voix s'élèvent contre la « victimisation » des fonctionnaires: ainsi, Stavros Psycharis, dans les colonnes de To Vima, estimait le 7 mars que les salariés du privé étaient bien plus en danger de précarité que les salariés du public, dont les embauches massives et de trop fortes augmentations de rémunérations (par rapport à ce que pouvait supporter le budget de l'Etat) sont en partie responsables de la dette grecque.
En tout cas, les deux grandes organisations syndicales citées, subissant la pression de mouvements numériquement moins importants, mais orientés nettement plus à gauche, semblent s'éloigner de plus en plus, selon cet article, du gouvernement et de ses positions.
Tous les syndicats soulignent en tout cas le caractère explosif de la situation chez les salariés. Le gouvernement en serait d'ailleurs préoccupé.
Par ailleurs, un sondage publié dans Kathimerini le dimanche 14 mars indiquait des tendances apparemment paradoxales: 60,2% des citoyens estiment que les mesures prises par le gouvernement sont nécessaires, mais 52,6% pensent que ces mesures ne serviront à rien. 28,9% des interrogés ont ressenti de la colère à l'annonce de ces mesures, et seuls 16,1% croient à un nouveau départ pour le pays. Enfin, le PASOK au pouvoir garde la confiance de 34,5% des citoyens, loin devant la Nouvelle Démocratie avec 23,2%. Ce dernier résultat s'explique par la conviction, pour 70% des personnes interrogées, que la situation financière du pays est due aux gouvernements Karamanlis (Nouvelle Démocratie) des dernières années.