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La Slovénie retrousse ses manches

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Politique

Cette nation d’à peine deux millions d’habitants est rentrée dans l’Union européenne en 2004 et vient d’en prendre la présidence. Une première.

Si les Slovènes sont des petits nouveaux au sein de l’UE, ils font déjà figurent de premiers de la classe. Ils ont rejoint la zone euro le 1er juillet 2007 et ont intégré l’espace de Schengen le 6 décembre dernier. Pour la préparation de leur présidence, ils n’ont donc rien laissé au hasard.

Depuis deux ans, des groupes de travail présidés par différents ministres se succèdent pour bachoter ces six mois de responsabilités : 315 nouveaux fonctionnaires ont même été embauchés et 62 millions d’euros ont été spécialement alloués pour que ce petit pays, né de l’éclatement de la Yougoslavie, fasse les choses en grand.

Afin d’apprendre les ficelles du métier, les Slovènes ont régulièrement accompagné les Portugais dans les réunions qu’ils ont présidés pendant les six derniers mois. Les fonctionnaires du Secrétariat général du Conseil, la mémoire institutionnelle des États à la présidence, les ont également beaucoup aidés.

Des priorités de nouvel État membre

La pratique est courante : les États membres profitent souvent de leur présidence pour faire avancer certains dossiers qui servent leurs intérêts. De part sa situation inédite, la Slovénie suscite de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne la région des Balkans.

Le premier ministre Slovène, Janez Janšaš, a prévenu ses partenaires : le petit pays souhaite poursuivre le processus d’élargissement de l’Union. Pour lui, cette appartenance n’a que des effets bénéfiques et encourage la stabilité politique et économique des pays dans lesquels les tensions sont encore vives comme la Bosnie, le Kosovo ou la Serbie. Les négociations d’adhésion avec la Croatie et la Turquie devraient donc bénéficier d’un nouveau soutien politique alors même que certains Etats comme la France critiquent cette stratégie.

La position géographique de « la Suisse des Balkans » et son histoire expliquent les autres priorités d’ores et déjà affichées par la Slovénie : le réchauffement climatique, la politique énergétique et la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie.

Une marge de manœuvre limitée

En réalité, les marges de manœuvre de la Slovénie sont très limitées. Traditionnellement, les « priorités de la présidence » doivent s’inscrire dans la continuité et dans le cadre défini en décembre 2006 par ses prédécesseurs, en l’occurrence les Allemands puis les Portugais.

Trois autres éléments laissent aussi penser que les Slovènes n’auront pas tout le loisir de faire avancer les dossiers qui leur tiennent à cœur. D’abord, à l’image des pays nordiques, la Slovénie est soucieuse d’apparaître comme un partenaire concerné par l’intérêt général des pays de l’Union. Elle poursuivra donc les politiques mises en oeuvres par la présidence allemande, puis portugaise. Au programme : la stratégie de Lisbonne, le renforcement de l’espace de liberté, sécurité et justice ainsi qu’à la consolidation de la dimension extérieure de l’Union.

Actualité internationale

Il y a un autre sujet que la Slovénie devra prendre à bras-le-corps : l’adoption du Traité simplifié de Lisbonne. Certes, le processus de ratification dépend plus des États membres et de leurs parlements nationaux. Mais Igor Sencar, l’ambassadeur Slovène auprès de l’UE a noté une bonne quarantaine de points noirs qui requièrent des négociations plus approfondies entre les pays européens. Les pouvoirs du Président européen ou le rôle d’Europol, par exemple, manquent encore de clarté.

Enfin, cette présidence slovène arrive à la fin des négociations sur le statut final du Kosovo, le 10 décembre dernier. La Slovénie devra déployer des trésors de diplomatie pour sauvegarder l’unité des États membres sur la question de l’indépendance de l’ex-province serbe. Une division pourrait avoir une conséquence dramatique : paralyser une nouvelle fois l’UE sur la scène internationale. Lourde responsabilité pour des Slovènes très préparés à relever le défi.

Les moments forts de la présidence slovène :

13-14 mars 2008 et 19-20 juin 2008 : Les deux Conseils européens sous présidence Slovène sont les évènements les plus médiatiques, où tous les chefs d’État et Premiers ministres se retrouvent pour discuter des orientations futures de l’UE.

24-26 janvier 2008 : Réunion des ministres de la justice et des affaires intérieures pour évoquer la sécurité intérieure de l’UE.

21-22 février 2008 : Réunion des ministres de la Défense pour parler de l’ouverture du marché européen de la défense à la concurrence ainsi que de la future mission militaire de l’UE au Darfour.

11-12 mars 2008 : Conférence sur la gestion des frontières extérieures de l’UE.

Le mois d’avril sera également très chargé :

4-5 avril 2008 : Réunion des ministres de l’économie et des finances.

11-12 avril 2008 : Réunion des ministres de l’environnement.

15-16 avril 2008 : Réunion ‘compétitivité’ des ministres de l’industrie.

La Slovénie passera le flambeau aux Français le 1er juillet 2008.