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La situation économique des etats de la zone euro

Published on

Bruxelles

Le dernier conseil européen a prouvé que les postures politiques divergent autant que les taux directeurs

Après plusieurs années de stagnation, voire de récession, le second semestre 2013 a vu le retour de la croissance dans la zone euro. La commission a donc réalisé un rapport sur l’état de la croissance en Europe plutôt optimiste, qui souligne les efforts entrepris par les Etats membres  pour mener à bien leurs programmes d’ajustement. Le retour de la dette irlandaise sur les marchés en décembre, la fin annoncée de la restructuration bancaire espagnole et des réformes portugaises pour mi-2014 parachèvent ce mouvement de soulagement. Pourtant, si la tempête est passée, la houle demeure. La situation économique des Etats de la zone euro est loin d’être uniforme, ce qui rend nécessaire une véritable réflexion sur les traitements à administrer et leur adéquation avec la santé de chacun. 

Quand on parle d’Europe ces temps-ci, on entend souvent revenir les termes « mutualisation et convergence » d’une part, d’autre part le concept moins glorieux de « fragmentation ». Depuis le début de la crise, deux forces opposées sont en effet à l’œuvre.  Si les économies de la zone euro ont profondément divergé, la situation les oblige aussi, en ce moment-même, à adopter des mécanismes de résolution communs. Par une espèce de ruse de l’Histoire, un phénomène qui fait éclater au grand jour les divergences oblige à plus de solidarité pour un retour à l’uniformité…

Les taux à long terme (10 ans) des bons du trésor (OAT) des Etats de la zone euro ont convergé, effet de la mise en place de la monnaie commune, de 2003 à 2008. Depuis, les conditions de refinancement des Etats de la zone euro sont loin d’être similaires. En mai 2013, l’Etat allemand s’endettait à 1,43 % sur les marchés, contre 8,03% pour la Grèce, pour ne citer que les deux extrémités d’un spectre inquiétant (bien que pas encore fantomatique, malheureusement). Conséquence en chaîne, effet des mécanismes de propagation de la défiance sur les marchés, les conditions financières sont tout à fait différentes du Nord au Sud du continent. Ceci a, bien entendu, des conséquences tout à fait tangibles pour l’économie réelle. Les taux longs des bons du trésor constituent une référence pour l’endettement des entreprises, puisque l’Etat est très généralement considéré par les investisseurs comme plus solvable qu’un acteur privé. En conséquence, accéder aux marchés de capitaux sera plus coûteux pour une entreprise grecque que pour une entreprise allemande, quelle que soit sa valeur économique par ailleurs. Par ricochet, les conditions de financement bancaire, vitales pour les petites et moyennes entreprises, sont également variables. D’après une étude de la BCE, 85% des PME allemandes ont obtenu un financement en 2013 contre 40% dans les pays du sud de l’Europe et 25% en Grèce. Enfin, finissons par le chiffre le plus frappant et le plus inquiétant : le taux de chômage (OCDE, chiffres 2013) est de 5,2% en Allemagne, 7% au Pays-Bas, 11,1% en France, 27,3%en Grèce !

Comment, dès lors, amener des pays aussi différents, qui auraient certainement besoin de remèdes adaptés, à converger ? Il semblerait que la mise en commun, des efforts comme des ressources, soit la solution. C’est en tout cas le point de vue de Martin Schultz, président du parlement européen, qui considère qu’il faut mettre en œuvre des mécanismes décisionnels proprement communautaires, et non intergouvernemental, dans le cadre d’un projet à dimension économique, mais aussi (surtout ?) sociale.  Si les Etats de la zone euro cherchent à améliorer la convergence de leurs économies (mécanisme de résolution bancaire, budgets nationaux désormais contrôlés par la commission avant d’être soumis au vote au niveau national etc.), le dernier conseil européen n’a pas choisi d’adopter la méthode communautaire pour organiser la future Union bancaire. Pour le président du Parlement Européen, ce refus signe un échec annoncé. Faire avancer des économies aussi différentes implique de les rendre, de facto, solidaires. Pour tenir debout, la zone euro doit avancer.