La pop allemande n'est plus kitsch
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Coline EberhardPendant de longues années, la pop allemande est restée au point mort. Depuis, elle a passé la première et fait son chemin dans les bacs (locaux).
« Doch du scherst dich nicht um Lyrik, tust du ? » Sur son album Rangoon (2013), Max Prosa a réussi à chanter « Hallelujah », le classique de Leonard Cohen, en allemand. Tout le monde ne peut pas se le permettre. Et ce n'est pas du goût de tous. La version douce-amère de celui que l'on tient déjà pour le « Dylan allemand » a en tout cas été approuvée par le management de Leonard Cohen.Une version écrite par l'ancien compagnon de Rio Reiser - feu légende du rock allemand. Des reprises de l'anglais, on n'en trouve pas beaucoup. Et ce qui est maintenant - et depuis peu - valable c'est que la pop allemande, ça vend.
La pop allemande s'est établie en douce, à l'aide des refrains entêtants de Silbermond, Juli, et de Wir Sind Helden, des increvables piliers du punk à l'ancienne (Ärzte, Tote Hosen), du hip-hop de Fanta4 et de Fettes Brot, de la hype de la coupe du Monde de 2006 portée par Sportfreunde Stiller, du swing-années-folles de Max Raabe, et des chanteurs à textes, les nouveaux (Tim Bendzko, Philipp Poisel) comme les anciens, Udo et Rio (Lindenberg et Reiser).
Les chiffres eux-mêmes sont transparents : en 2012 Outre-Rhin, 7 des 10 meilleures ventes d'albums étaient de langue allemande. Comparons à l'année 2003 : dix ans après, ce sont deux fois plus de titres en allemand dans le top 100. Un record à prendre toutefois avec des pincettes, la consommation de musique ayant changé depuis qu'elle passe par Internet. Quand bien même : « Nous observons depuis quelques temps que la scène musicale a un nouvel aplomb, et qu'elle est complètement relax avec sa langue », nous dit Florian Drücke, directeur de la Fédération de l'industrie musicale allemande (Bundesverbands Musikindustrie).
Aujourd'hui, la pop allemande est plus diversifiée que jamais,. Plus besoin de se cacher pour l'aimer : « Marteria et Peter Fox ont insufflé une nouvelle vie à l'allemand. Et le hip-hop d'ici a su se défaire de sa mascarade de gangster, le hip-hop de maintenant ce sont des éléments de pop (Cro), de rock (Casper), de soul (Max Herre) et d'électro (Deichkind). Ces dernières années les barrières sont tombées », s'enthousiasme Nico, 28 ans, fan germano-grec de hip-hop. Et le tout, sans quota. L'idée d'une régulation comme en France, où 40% des diffusions musicales doivent respecter des quotas francophones, a ici été rejetée en 2004.
L'allemanD - c'est pas difficile
Et cela n'a pas ralenti l'élan des nouveaux musiciens allemands. Bien au contraire. On écoute à nouveau de la musique en allemand. C'est comme ça. Point barre. « Nous les Allemands, avions un problème avec notre propre langue, explique la chanteuse Annett Louisan. Chacun a pourtant le droit de comprendre le texte en addition à la musique. Les deux vont de pair. »
L'allemand était bel et bien proscrit. La musique en allemand, c'était Mamie qui allume la télé pour regarder l'émission de l'ultra-kitsch Carmen Nebel, où nous voyons par exemple des jumeaux en surpoids chanter et danser dans une étable, bras-dessus bras-dessous, selon la tradition qui veut que la musique en allemand soit reléguée au pittoresque et au bucolique.
On les trouve encore aujourd'hui aux heures de prime : la variété paillarde type Oktoberfest, le nouvel album de Heino, ce fervent défenseur de la musique floklorique qui a décroché la première place des charts. « Que mon père s'achète des places pour Florian Silbereisen, qu'il fasse le carneval et la chasse aux mouches », cela continue de consterner Jens, 31 ans. Ou encore de « devoir supporter aux cours de danse toujours le même Méga Mix de Discofox - tout le craignos de l'Allemagne personifié ! », se rappelle Julia, 25 ans, qui pourtant (certes, uniquement si elle a bu) danse parfois de tout son coeur sur ses tubes.
Des sempiternels marais de la musique folklorique ont su, un jour, s'extraire les premieurs chanteurs politiques (Konstantin Wecker par exemple) et les rockeurs engagés (Ton Steine Scherben). Le début des années 80 est marqué par la Nouvelle Vague allemande, Neue Deutschen Welle (Nena, Falco, Ideal) du pop-rock précurseur issu du mouvement punk, qui ouvrira la voie aux futurs groupes qui se lanceront dans les paroles en allemands. L'école de Hambourg (Blumfeld, Tocotronic, Die Sterne), a, dans les années 90, donné le La en parallèle au mainstream à l'américaine. Et depuis, l'allemand retrouve tout son faste et ses couleurs.
« plus futé »
Mettre des mots sur les métropoles allemandes actuelles - en anglais, ça ne le fait pas vraiment. Est-ce la tendance à l'anti-globalisation ? Une conscience de soi plus affirmée ? Ou encore un « nouveau rapport, plus futé, avec sa langue maternelle », comme le dit Max Raabe. Quoi qu'il en soit, la musique allemande est sortie du placard et pavane désormais sur les grands boulevards. Tout du moins, à l'intérieur de ses frontières. Ce n'est pas tous les jours que l'on tombe, hors de l'Allemagne, sur un disque de Wir Sind Helden dans un étal à disques bien rangé. Ce sont plutôt Tokyo Hotel, Rammstein, et Lena Meyer-Landrut qui y moisissent. Au moins, la devise suivante reste vérifié « Celui qui cherche, trouvera de la musique allemande - sous toutes ses facettes. » « La musique allemande montre la nouvelle réalité allemande, selon Niko. Nous ne sommes plus (que) blonds aux yeux bleus, forts. Nous sommes aussi noirs, turcs, et avant tout diversifiés. »
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A récupérer des iPods allemands : Turbostaat, Mia., Locas in Love, Dendemann, Seeed & Peter Fox, Die Ärzte, K.I.Z., Fanta 4, Laing, Max Herre, Casper (voir ci-dessous le clip de Hinterland), Max Schröder, Prag, Frittenbude, Udo Lindenberg, Rio Reiser, Tomte, Annett Louisan, Kraftklub, Kraftwerk, Fritz Kalkbrenner.
Translated from Deutscher Pop - verpönt war gestern