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La Pologne en route vers le succès

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Politique

Au sein de la vieille Europe, les peurs à l’égard de l’ouvrier polonais et des délocalisations d’entreprises ne font qu’augmenter. Mais ces craintes sont-elles justifiées ? Enquête.

La Pologne est aujourd’hui considérée comme l’une des économies les plus solides de l’ancien bloc de l’est. Bonne nouvelle pour un pays qui cinquante ans durant a subi le joug d’un système communiste, entre collectivisme et planifications. Mais comment se porte la Pologne par rapport aux autres Etats membres des 25 ? Tous les experts s’accordent pour affirmer que la situation de l’économie polonaise s’est largement améliorée ces dernières années. Le taux de croissance a certes un peu diminué, mais l’OCDE table sur 3,7 % de croissance pour 2006 et 4,3 % pour 2007, des chiffres en face desquels le voisin allemand ne peut que rêver.

Boom dans tous les domaines

C’est avant tout le développement de la productivité qui étonne les observateurs. En 2005, la Pologne, surnommée « le tigre des PECO », a vu la hausse de sa productivité passer de 4,1 en 2004 à 7,7 %, dépassant allègrement les performances de la Corée du Sud. Une étude de l’OCDE de 2005 a d'ailleurs montré une augmentation de la productivité de 5,4 %, s’étalant sur la période 1996- 2005, une croissance qui se situe bien au-delà de la moyenne communautaire de 1,9 % pour cette même période. La Pologne a même réalisé de meilleures scores que l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. En 1996, le PIB de la Pologne n’atteignait que 44 % de la moyenne actuelle de l’Union européenne à 25, contre 63 % en 2005. Il dépassera certainement cette année celui du Portugal.

Cette évolution a des répercussions sur le commerce. Certes la balance commerciale de la Pologne est négative : la Pologne importe plus qu’elle n’exporte. Cependant, suite à son adhésion à l’UE en mai 2004, les exportations ont grimpé de 20 %, notamment grâce à l’Allemagne, son plus gros partenaire. La Pologne investit aussi beaucoup dans la technologie. 36 % des ménages ont désormais un ordinateur à la maison, moins que la moyenne européenne mais plus qu’en République Tchèque. Le marché de l’informatique a bondi de 15 % en 2005. Seul l’avenir nous dira si cette évolution est à prévoir sur le long terme car les dépenses pour la recherche et le développement ne constituent pour l’instant que 0,56 % du PIB polonais. Les dépenses sont inférieures à celles réalisées en Turquie et restent très éloignées de la moyenne de 1, 85 % de l’UE.

Parallèlement, les services ont pris de plus en plus d’importance. En 1993, près de 63 % des profits provenaient du secteur agricole contre 3%, 10 ans plus tard. Le domaine des services s’est pendant ce temps largement développé, représentant désormais 66 % des investissements de l'Etat. La part des employés dans l’agriculture atteint 16 %, alors qu’en Allemagne, elle est de 2,8 %. Le système éducatif polonais peut également se vanter d’une évolution positive. Après les mauvais résultats publiés dans une étude publiée par l'OCDE en 2000, les élèves soumis à celle de 2003 ont affiché de bien meilleurs scores. En outre, ce sont près de 90 % de jeunes qui passent l’équivalent du baccalauréat chaque année, un taux considérable que l’on ne retrouve dans aucun autre pays de l’UE.

Excès de zèle

Les employés polonais sont aussi très mobiles. C’est pourquoi la crainte des citoyens allemands et des autres pays européens face à l’afflux des employés à bas coût polonais va croissant. Ils ont peur de perdre leur emploi. En tête d’une page web du site de la BBC du 9 janvier de cette année, on pouvait lire « le polonais zélé a trouvé les emplois allemands ». L’article citait Franz Josef Wiesemann, directeur d’une entreprise de laverie allemande, qui investit en Pologne et déclarait : « nous avons ici des ouvriers qui veulent travailler sept jours par semaines, 365 jours par an et des heures entières». Ce ne sont pas seulement les chauffeurs de bus, les électriciens ou les installateurs qui prennent le chemin de l’ouest pour trouver du travail. Les docteurs polonais sont aussi très recherchés en Angleterre, où ils peuvent espérer gagner plus que les 500 euros par mois habituels en Pologne.

Mais alors que beaucoup de Polonais migrent vers l’Europe de l’ouest pour chercher du travail, cette fuite de main d’œuvre provoque un manque de personnel exacerbé dans certains secteurs. Exemple ? Le chantier naval de Dantzig, lieu de naissance du syndicat Solidarité, va aujourd’hui recruter ses ouvriers en Ukraine voisine. L’Allemagne profite également du boom polonais : dans la ville de Stettin, l’économie bourdonne et les Polonais peuvent ainsi acheter ou louer dans la région est-allemande d’Uckermark de l'immobilier bon marché. Il n’est pas étonnant que les investisseurs étrangers apprécient le « modèle polonais »: une productivité croissante pour un salaire moyen de 500 euros par mois ont de quoi les attirer. La preuve, les investissements directs sont passés de 2 milliards de dollars à presque 7 milliards de dollars au cours de la décennie 1994-2004.

Une pauvreté croissante

Question : le gouvernement polonais continuera t-il à soutenir la dynamique et la croissance de l'économie ? Le déficit budgétaire est particulièrement critiqué car il se creuse de jour en jour. Les données macroéconomiques se portent bien mais les 17 % de chômage viennent fortement noircir le tableau. Comme en Allemagne, la rigidité du marché du travail représente un frein évident à la baisse du nombre de demandeurs d’emplois. Autre problème en contradiction avec la croissance apparente, la pauvreté. La richesse des Polonais est de moitié inférieure à celle des autres Européens, si l’on prend pour référence le PIB par habitant. Et 10 % de la population vit avec moins de 4 dollars par jour. Un chiffre qui vient contredire l’assertion d’un développement économique couronné de succès.

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