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La pilule a dû être inventée par un homme !

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Default profile picture Fiona Scuiller

Société

Une nouvelle génération de jeunes femmes cherche des alternatives à la pilule comme moyen de contraception, pourtant symbole de leur liberté. Elles en ont assez d’avaler quotidiennement un paquet d’hormones. Quelques réflexions à l’occasion de la Journée internationale de la femme célébrée le 8 mars.

« La pilule a dû être inventée par un homme, affirme Luise. Eux, ils sont tranquilles ! Ce sont les femmes qui doivent prendre soin de la contraception dans le couple. » Exact. C’est effectivement à un homme que l’on doit la pilule contraceptive, à Carl Djerassi plus précisément, qui a fait breveter un dérivé de l’hormone sexuelle progestérone, en 1951. Les hormones progestatives ont naturellement sécrétées par différents organes. Leur rôle est de préparer la muqueuse de l’utérus à la nidation (accueillir l’ovule fécondé) et de favoriser le maintien de la grossesse. Or, la prise de progestatifs pendant le cycle va bloquer l’ovulation, modifier le mucus du col de l’utérus pour le rendre peu perméable aux spermatozoïdes. 

« Je ne suis pas sûre de vraiment vouloir laisser le soin de la contraception à un homme »

Luise n’a donc pas tout à fait tort. Et même si l'accusation est un peu maladroite, elle exprime néanmoins le malaise qui saisit certaines jeunes femmes aujourd’hui : est-on vraiment obligé d’avaler une dose d’hormones quotidiennement pour ne pas tomber enceinte ? La pilule ne modifie-t-elle pas le cycle naturel ? Certains ne mettent-ils d’ailleurs pas en garde contre le risque de stérilité en cas de prise prolongée chez les femmes et chez les hommes ?

Le Vatican et la pilule sur le pied de guerre

Début janvier 2009, une étude est parue affirmant « que la pollution joue un rôle non-négligeable en ce qui concerne la stérilité masculine dans le monde occidental, pollution provoquée par la consommation en masse de la pilule. » On pourrait voir dans cette thèse rendue publique par le président de l’Association catholique des médecins, Jose Castellvi, une simple volonté de polémiquer. Pourtant, il y a peu, Djerassi en personne a attesté lors d’une intervention publiée dans le journal autrichien Der Standard que son invention a contribué à une « catastrophe démographique ». Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour affirmer que la pilule, et le contrôle des naissances, a joué sur la croissance démographique dans le monde occidental. Mais la supposition fondée sur les données de l’hôpital de Stans, en Suisse, est nouvelle et audacieuse : les « tonnes d’hormones » rejetées chaque année par le biais des eaux domestiques feraient entrer dans la chaîne alimentaire des hommes une charge hormonale trop élevée.

Adieu la libido ?

Mais pour Luise, ces nouvelles découvertes n’ont pas une importance cruciale. Ce qui l’énerve, elle, ce sont les effets secondaires importants que la pilule peut avoir. Si elle a choisi de s’intéresser à une alternative naturelle, c’est suite aux découvertes des scientifiques de l’université du Massachusetts. Ils ont démontré que des modifications dues au traitement hormonal sont observables même plusieurs années après l’interruption de prise de la pilule. Résultat : une libido en berne. Les scientifiques mettent également en garde contre les risques d’infertilité en cas de prise extrêmement longue et constante de ce médicament (plus de 15 ans).

Luise utilise la méthode « de la température ». L’encyclopédie en ligne, Wikipédia, la qualifie de « désuète » : elle repose uniquement sur l’observation minutieuse de la température corporelle tout au long du cycle. L’indice de Pearl, qui livre le taux de fiabilité des différentes méthodes de contraception, est de 1 à 5 pour cette pratique. Cela signifie qu’une à cinq femmes sur 100 tombent effectivement enceintes de cette manière. Un résultat qui n’est pas si mauvais, surtout si l’on envisage l’indice de Pearl pour le préservatif, connu pour être l’une des méthodes les plus sûres, qui est situé entre 0,9 et 14. Cette fourchette s’explique par de nombreuses erreurs d’utilisation qui peuvent intervenir lors de l’utilisation du préservatif. Et c’est pareil pour la méthode de Luise.

Il faut prendre sa température régulièrement, à la même heure environ, après le réveil mais avant de quitter le lit, et ce après cinq heures de sommeil minimum et sans consommation d’alcool et de prise de médicament au préalable et sans rhume ou infection. Mais est-ce vraiment le mode de vie d’une jeune femme dans la vingtaine ?

Fin de parcours pour la recherche ?

En pratique, peu de femmes abandonnent la pilule qui représente évidemment leur liberté de devenir mère quand elle le souhaite, après le préservatif, la pilule est le moyen de contraception le plus populaire au monde. En Allemagne, c’est même la méthode la plus utilisée (à 48 %), suivie de la Hollande (41 %) et de la Hongrie (37 %). Les alternatives envisagées, comme la « pilule masculine », ne sont pas encore à la mode, bien qu’on ait annoncé leur arrivée depuis un certain temps. Les recherches ont été interrompues en 2007 parce que le dernier groupe pharmaceutique qui investissait en la matière, Bayer-Schering, a cessé ses activités. « Ce qui nous manque, c’est la conviction qu’il existe un marché pour ce produit », disait-on dans les sphères du groupe à ce moment-là. L’efficacité du produit était démontrée mais son utilisation dans les mœurs était trop compliquée. D’ailleurs, « je ne suis pas sûre de vraiment vouloir laisser le soin de la contraception à un homme. Quelque part, j’ai l’impression que cette responsabilité est tellement ancrée chez les femmes qu’il m’est difficile de changer de mentalité », avoue Luise.

Translated from Die Pille muss ein Mann erfunden haben!