La peur du dimanche soir…
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Hier, c’était dimanche soir, et le dimanche soir, moi aussi je fais des trucs de dimanche soir. Genre regarder à la télé des émissions de reportage qui informent le peuple de France sur les dangers qu’il coure au détour de sa rue, de son entreprise ou de son assiette. Le genre de truc qui fait parler le lundi matin autour de la machine à café, remarquez le timing impeccable.
Ce soir là, pour le coup, c’était l’assiette qui était concernée. Avec force détail, on nous montrait tous les trucs qu’on met dans nos plats préparés et tous les pesticides qu’on balance dans nos fruits et légumes. Avec à la fin un magnifique reportage nous expliquant que dans nos produits surgelés il y a des légumes chinois ! Mais euh, ils sont dangereux ces légumes ? Oui, non, il y a des tests et tout, mais attendez, ces légumes sont chinois !!! Ah, Ok…
J’ai retenu deux choses de cette émission. La première, c’est que le fast food c’est en fait plus sain que ce qu’on achète en supermarchés. Ca je l’ai toujours pensé, je l’ai même érigé en mode de vie…
La deuxième, c’est que si on est pas tous déjà en train de mourir de cancer généralisé, c’est grâce à l’Europe. A chaque fois que la question de la présence de produits toxique dans les aliments était abordée, on citait la réglementation européenne. Mais comme l’objectif de l’opération c’est d’alerter le téléspectateur sur les dangers qui le guettent, les journalistes soulignaient immédiatement que cette réglementation n’était pas respectée, et que de toute façon elle était insuffisante.
Mais en fait c’est pas cette présentation négative ça qui me dérange. Je suis le premier à dire que dans le domaine sanitaire on pourrait faire beaucoup mieux. Ce qui m’ennuie, c’est une fois de plus le vocabulaire utilisé pour désigner les institutions communautaire : « la Commission » ou le toujours évocateur « Bruxelles »… Et voilà, comme d’habitude, l’Europe c’est le trou noir, l’inatteignable, l’indicible. La Commission décide et réglemente, et il n’y a plus qu’à prier qu’elle fasse le bon choix.
Et le Parlement, alors ? On est en période d’élection, je vous signale ! Et les députés que vous élirez devront décider de trucs aussi importants que votre sécurité alimentaire !! Vous croyez pas que ça vaut le coup de participer ?
Les fans de l’Europe se plaignent souvent du traitement des questions européennes par les médias. Mais les médias parlent de l’Europe, et pas toujours de manière négative. Le problème, c’est que les journalistes en parlent comme quelque chose lointain, d’ésotérique. Tout simplement parce qu’il n’y connaissent rien. Lorsqu’un journaliste français parle de l’Europe, on dirait ma mère en train de parler d’informatique. Et ça s’entend…
Ce qui manque aux médias pour nous intéresser à l’Europe, c’est cette familiarité, cette simplicité qu’apporte la véritable maîtrise de la politique communautaire. Trop peu de gens ont développé cette compétence. Et on ne les entend jamais.