LA PARTIsane LENUCCIA, un cri venant du sud
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Timothée GrilletL'histoire de la napolitaine Maddalena Cerasuolo, connue sous le nom de Lenuccia, est l'exemple d'une Naples qui ne se rend pas, “s’è arrevutata e ‘stu nemico l’ha fatto tremmà” ("si è sconcertata e questo nemico lo ha fatto tremare", NdT). Un esprit guerrier et tenace qu'aujourd'hui la ville n'arrive plus à retrouver.
L'Histoire est mémoire et la mémoire est indélébile et collective. Elle devient le passé commun dans lequel puiser pour rénover le sentiment d'appartenance à une communauté. Face aux adversités du présent et aux incertitudes du futur, cette Histoire devient une source d'inspiration dans laquelle se plonger pour se donner du courage et aller ainsi de l'avant. C'est bien pour cela que la mémoire est vitale.
Maddalena Cerasuolo, connue dans l'histoire comme Lenuccia, représente la mémoire d'une Naples qui ne se rend pas. Abandonnée par le roi qui s'enfuit la queue entre les jambes aux côtés de Badoglio, avec le Duce au maquis et les alliés aux portes de la ville, la Naples partisane ne baisse pas la tête face aux Allemands, ces envahisseurs qui veulent réduire la ville en cendre. Les hommes, les femmes et les enfants, comme pour le cas de Gennarino Capuzzo, prennent les fusils et les armes de fortune qu'ils réussissent à rassembler et se dressent, la rage au ventre, face aux Allemands. Cet événement victorieux pour les Napolitains est resté dans l'histoire comme les Quatre Jours de Naples, quand toute la ville “s’è arrevutata e ‘stu nemico l’ha fatto tremmà” pour reprendre les mots de Eugenio Bennato. Nous sommes le 27 septembre 1943 : les Alliés remontent le Stivalo par le sud, pendant que le colonel allemand Walter Schöll prend le commandement des forces qui occupent la ville, établissant le couvre-feu et déclarant l'état de siège avec l'ordre de condamner à mort quiconque se rendant responsable d'actions allant à l'encontre des troupes du Reich. Le prix à payer si cela se produit : cent Napolitains pour chaque Allemand mort. C'est le moment de réagir : du Vomero à la place Carlo III, du pont de la Sanità à la Maddalena, de la Vicaria au quartier Stella, on ne baisse pas la tête. On combat. Et parmi les résistants, il y a Lenuccia, une partisane du sud.
Aux thermes Stufe di Nerone et faisant partie du programme "Teatro alla Deriva" orchestré par Giovanni Meola, "Lenuccia, una partigiana del Sud" est un spectacle de la compagnie théâtrale Vodisca Teatro, avec Maddalena Stornaiuolo et Luigi Credendino comme acteurs. Mis en scène par Aniello Mallardo, ce spectacle se produira une nouvelle fois sur scène le mercredi 16 juillet, après une année marquée par le succès. Cette pièce traite de la célébration d'une femme devenue l'héroïne d'une ville qui, bien qu'harcelée et écrasée par l'occupation allemande, a encore la hardiesse de se rebeller pour sa propre liberté, devenant le cri et la voie d'un peuple. Un peuple qui pourrait être comparé aux enfants du Vésuve et qui, comme son père, endosse calmement la vie, l'air désarmé, pour ensuite éclater inexorablement dans une furie destructive en faisant trembler la terre. À cet instant, Naples n'était plus le symbole du sud lointain et passif de l'Italie, mais devint la capitale d'une Europe qui se révoltait.
Lenuccia n'est pas un compte-rendu romancé des faits historiques, mais bien l'histoire intime et cachée d'un courage à la fois doux et rebelle. C'est l'actrice Maddalena Stornaiuolo, qui enfile le rôle de la partisane, interprétant avec brillo les émotions, joies et peurs de quiconque s'étant retrouvé à vivre durant ces années hostiles. Ce spectacle nous tourne vers la mémoire. Toujours. Elle convint la Lenuccia de Maddalena Stornaiuolo, comme elle persuade et laisse la trace de l'interprétation de Lugi Credendino, dans le rôle de Gennarino, le fantôme d'une plaie encore ouverte et réelle, telle la médaille d'or représentant le courage militaire sur le torse de son homonyme historique.
Lenuccia découvre, sans vergogne, la partie la plus profonde et la plus terne d'une femme et d'un peuple partisan et guerrier, mais avant tout qui est vrai. Comme les sentiments qu'elle éprouve et la force d'esprit de croire que le monde allait changer et qu'il fallait se battre pour le faire. Les hommes et les femmes sont pareils à des pierres, dures et incassables comme celles qui vivent dans l'Histoire et les souvenirs, et dont les noms resteront gravés à jamais dans notre mémoire de Napolitains.
Translated from LA PARTIGIANA LENUCCIA, UNA VOCE DEL SUD