Participate Translate Blank profile picture

La méritocratie à l’université : une exception française ?

Published on

Story by

Jean Anot

inside cafébabel

Compte-rendu du débat organisé par Cafebabel.com le 26 février 2010 à la Maison des Initiatives étudiantes, autour de Philippe Jacqué journaliste au Monde et Félicie Goyer, de l’ESSEC.

Le quatrième débat organisé par Cafebabel.com dans le cadre de son projet « EU Crisis on the Ground » avait pour thème la méritocratie à la française et l’état des lieux des systèmes éducatifs en Europe.

Etaient présents

  • Félicie Goyet, coordinatrice du programme « Une grande école, pourquoi pas moi ? » pour le groupe ESSEC

  • Philippe Jacqué, journaliste au Monde, en charge de la rubrique « Supérieur et Recherche »

  • De nombreux reporters européens du réseau Cafebabel.

    Les intervenants Félicie Goyet Et Philippe Jacqué

Le débat était modéré par Jean Anot, animateur de communauté pour Cafebabel.com.

Philippe Jacqué et Jean Anot

Le débat a commencé à 19h à la Maison des Initiatives Etudiantes par un panorama des différentes politiques éducatives européennes. L’Allemagne, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie ont notamment été évoquées. On a pu constater que les systèmes variaient d’un pays à l’autre mais que tous étaient soumis aux mêmes difficultés : orientation trop précoce en Allemagne notamment, bourses inadaptées en France, sélectivité laissant peu de chance aux jeunes issus de milieux sociaux-culturels modestes, le dispositif espagnol permettant toutefois aux étudiants de vivre modestement tout en suivant leurs études.

Purificacion Lucena, éditrice espagnol de Cafebabel.com

Le débat s’est d’abord orienté vers la distinction universités / grandes écoles, symbolisée par les sommes très inégales que l’Etat dépense chaque année pour un élève selon sa scolarité (aux alentours de 9000€ pour un élève à l’université contre 14000€ pour élève de classe prépa). Philippe Jacqué a soutenu que le système de prépas était inadapté et méritait d’être revu et éventuellement intégré aux grandes écoles. Ce thème a soulevé de nombreuses réactions parmi le public, s’agissant de défendre la prépa, notamment littéraire, ou de critiquer l’absence de moyens des universités françaises.

Nuala Morgan from Ireland.jpg

Le débat s’est ensuite poursuivi sur le thème de l’égalité des chances et des différents systèmes mis en place en France pour y parvenir. Félicie Goyet a décrit avec précision le système mis en place par l’Essec qui vise à sensibiliser et accompagner des lycéens défavorisés vers l’accès aux grandes écoles et aux études supérieures en général. Philippe Jacqué a pu évoquer Sciences-Po et les conventions ZEP qui intègre des élèves de milieux modestes à leur école en les exonérant de concours. Les réactions ont là encore été nombreuses, concernant principalement l’absence de vision globale d’un système tel que celui de l’Essec qui, s’il permet à certains jeunes d’accéder à des écoles prestigieuses, ne fait que renforcer le déséquilibre entre universités et grandes écoles, confirmant l’idée selon laquelle la sécurité de l’emploi n’est assurée qu’au sortir des grandes écoles. Félicie Goyet s’est dite consciente de ce problème mais satisfaite d’agir à son échelle en espérant un essaimage de ce type de pratiques.

Au premier plan, les intervenants et l'audience

La question des boursiers enfin a été rapidement écartée au profit d’un débat de fond sur la qualité de l’enseignement supérieur français concernant sa capacité à faire évoluer les mentalités et les personnalités plutôt que d’orienter uniquement vers l’emploi. Ce thème a été l’occasion de revenir sur un quasi-consensus au sein de l’assistance : il n’y a pas assez de collaboration entre pays européens en matière d’éducation. Philippe Jacqué et certains invités sont revenus sur l’absence de motivation et de connaissance même à propos des années d’études à l’étranger que permet notamment le programme Erasmus qui reste méconnu du plus grand nombre.

Roberto Lapia, éditeur italien de Cafebabel.com

Le débat s’est terminé aux alentours de 20h45 et a été suivi d’un cocktail au cours duquel tous les participants ont pu poursuivre leurs discussions sur le même ton informel et faire plus ample connaissance.

Les participants

Story by