La maison Albrecht de Bratislava : par amour de l'art
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Timothée GrilletÀ Bratislava, des artistes et des passionnés de musique unissent leurs forces, leur temps et leur argent pour remettre en état la maison en ruines des musiciens Albert et Jan Albrecht. La raison ? Établir un nouvel espace consacré à la musique au sein de la capitale. Beaucoup peuvent penser le contraire, mais ce n'est pas qu'une question de business.
La vieille ville de Bratislava s'apparente aux autres métropoles européennes : de vieux bâtiments rénovés, de nombreux restaurants, bars et des petites boutiques. En somme, tout pour que les touristes ne manquent de rien. A l'écart ce cette frénésie, on trouve la rue Kapitulská, la plus ancienne de la ville. C'est une rue silencieuse, remplie de bâtiments dévastés où règne une certaine ambiance fantasmagorique.
« Auparavant, 90 % de cette rue appartenait à l'Église. Pendant la période communiste, le gouvernement n'a pas pris le temps de l'entretenir et la grande majorité des maisons se sont retrouvées abandonnées. Petit à petit, il réhabilite ces bâtiments pour des institutions privées, mais il reste encore beaucoup à faire », m'explique Igor, le responsable de la restauration de la maison du compositeur Jan Albrecht. En plus d'y manger et d'y dormir, Jan y donnait des cours ainsi que des concerts avant de se réunir avec les artistes et intellectuels de la ville. Ainsi, c'est tout un centre névralgique qui est tombé en ruine, centre sur lequel travaillent également des archéologues qui ont d'ailleurs récemment découvert certains restes datant de 50 avant J.C sur les lieux.
Je demande à Igor pourquoi il a décidé de s'embarquer dans un tel projet. « L'Église était en train de planifier la construction d'appartements pour les religieux en retraite, alors c'était le moment d'agir », me répond-il en souriant. « Nous voulons transformer la maison en un nouvel espace ouvert à la ville où il serait possible d'accueillir des artistes en résidence, de donner des concerts, de réaliser des expositions...», rajoute-t-il. Nous voulons ? Oui, au pluriel. Car Igor n'est pas le seul à prendre part au projet. Chaque jour, de nombreux bénévoles travaillent en effet à la reconstruction de la maison sans toucher le moindre centime. C'est bel et bien un projet unique en son genre que je découvre petit à petit.
Il est clair que personne ne veut s'enrichir aux dépens de la Albrecht House, cependant, le projet nécessite de nombreux fonds. "La maison fut inhabitée pendant plusieurs années et était en proie à l'humidité. Le toit, par exemple, était complètement ravagé et il a fallu entièrement le changer. C'est une procédure lente et coûteuse" m'explique-t-il. Quant au financement, Igor assure que l'équipe a "reçu quelques subventions publiques, mais [que] la grande partie du projet est soutenue grâce à des dons privés et de personnes anonymes". C'est de ces dons dont dépendra la fin des travaux, aujourd'hui prévue pour 2019.
CE REPORTAGE A ÉTÉ RÉALISÉ DANS LE CADRE DU PROJET « EUTOPIA – TIME TO VOTE ». NOS PARTENAIRES POUR CE PROJET SONT LA FONDATION HIPPOCRÈNE, LA COMMISSION EUROPÉENNE, LE MINISTÈRE FRANÇAIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET LA FONDATION EVENS. VOUS TROUVEREZ BIENTÔT TOUS LES ARTICLES SUR Bratislava EN UNE DE NOTRE MAGAZINE.
Translated from Albrecht House: Por amor al arte