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La magie des images

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Mêlée ouverte

J'ai été un peu feignant cette semaine (enfin pas vraiment mais ça ne vous regarde pas, non mais de quoi je me mêle ?). Pour me faire pardonner, je vous propose quelques vidéos expliquées de grands moments du rugby. Trois essais d'une beauté à faire frissonner un Inuit, et deux bizarreries en guise de cadeaux-bonus.

Barbarians vs All Blacks 1973

1973 : A Cardiff, les All Blacks affrontent les Barbarians, une sélection prestigieuse des meilleurs joueurs internationaux. Sur cette action, les All Blacks veulent faire reculer les "Baa-Baas" par un long coup de pied. Ils leur rendent donc la balle. Erreur fatale : Phil Bennett récupère et contre-attaque face à la marée noire des Néo-Zélandais. La beauté des percées qui se succèdent n'a d'égale que le sens tactique des coéquipiers qui soutiennent toujours le porteur du ballon, s'assurant ainsi que la balle reste vivante. A la conclusion, un joueur de légende, le Gallois Gareth Edwards, inscrit ce qui est considéré par beaucoup comme le plus bel essai de tous les temps. Ce genre d'action résume parfaitement l'esprit des Barbarians. Cette équipe sans domicile, sans continuité historique, se réunissait pour des matchs particuliers, notamment le dernier matchs des tournées européennes qu'effectuaient les équipes de l'hémisphère Sud. Les Barbarians étaient de nationalités différentes, ne s'entraînaient donc pas ensemble, et jouaient un rugby offensif, basé sur la prise de risque et surtout sur le plaisir du jeu pour le jeu.

Angleterre vs France 1991

1991 : A Twickenham, l'Angleterre reçoit la France dans le cadre du Tournoi des 5 Nations. Les deux équipes ayant remporté tous leurs matchs jusque-là, le vainqueur de ce match sera non seulement le vainqueur du Tournoi mais aura réalisé le Grand Chelem. Les Anglais disposent d'une pénalité, le ballon passe à côté. Dans ces cas-là, tout joueur sain d'esprit récupèrant la balle dans sa propre zone d'en-but l'applatit et bénéficie d'un renvoi sur sa ligne des 22 mètres. Pierre Berbizier avait donc dû laisser sa normalité au vestiaire, et Serge Blanco, qui hérite le ballon (toujours dans son en-but), avait sans doute définitivement fondu un plomb. Toute la ligne d'attaque s'y met, perce le long de la ligne de touche, Didier Cambérabéro tape un petit coup de pied par-dessus le défenseur anglais pour lui-même, puis (coup d'oeil magique) frappe un coup de pied vers le centre du terrain pour Philippe Saint-André démarqué. 110 mètres d'une attaque sompteuse, que commente en direct le journaliste anglais par ces mots : ""

One of the most sensationnal tries Twickenham has ever seen ! (...) That's just out of this world !

1991 : A Auckland (Nouvelle-Zélande), la France dispute un test-match face aux All Blacks. Il reste une minute à jouer, et les Français perdent 17 à 20. Dominés par la fougue des Néo-Zélandais, les Français vont alors faire parler ce que les Anglo-Saxons ont appelé le ‘’French Flair’’, cette capacité à créer une action hors-norme, comme touchée par la grâce, à n'importe quel moment d'un match. Il reste donc une minute à jouer et, une nouvelle fois, les Tricolores sont repoussés dans leurs vingt-deux mètres par le pied de l’ouvreur Black. Le capitaine Philippe Saint-André relance au centre du terrain. Plaqué, il libère son ballon et c'est le talonneur Jean-Michel Gonzales qui joue les demis-de-mêlée pour passer la balle à sa ligne d’attaque : d'abord Abdelatif Benazzi, puis N’Tamack, Cabannes, Delaigue, et enfin Accoceberry qui assure une dernière passe (inutile) à l’arrière Sadourny qui se jette dans l’en-but. La France gagne le match à la dernière seconde, de la plus belle des manières. Les spectateurs Néo-Zélandais saluent d'une la victoire des "Flying Frenchmen". En Angleterre, le Sunday Times baptise cette phase de jeu "The Try of the Century".

standing ovation

"Vous voulez qu'on parle de quoi ?"

2002 : La France reçoit une équipe d'Italie supposée faible en ouverture du Tournoi des 6 Nations. Mais la première mi-temps des Bleus est semée de fautes techniques, de mauvais choix, d'absences défensives, de manque d'inspiration : c'est du grand n'importe quoi. A la mi-temps, pour la première fois dans l'histoire du rugby français, la télévision est autorisée à filmer ce qui se passe dans les vestiaires. Côté Français, les joueurs silencieux fixent le sol, dépités et honteux. Bernard Laporte, qui est par ailleurs un excellent tacticien et un fin stratège, ne sait plus comment expliquer à ses joueurs ce qu'il faut faire. Plus rien ne va, rien ne fonctionné. Dans ces cas-là, quelque soit le sport, l'heure n'est plus aux réglages techniques : il faut une réaction d'orgueil. Et quand on est entraîneur, il faut alors pourrir ses joueurs. Au pire, si ça ne change rien, ça soulage.

2003 : Fin du match lors de la Coupe du Monde. Michalak est interrogé en anglais. Ne parlant pas la langue de Shakespeare, il répond en Français par l'intermédiaire du traducteur. Un très beau duo.

La meilleure interview de Michalak