La jeunesse a-t-elle aussi une voix ?
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Diego JenoweinLes jeunes Européens tels que nous les connaissons ont grandi dans un monde sans guerre et sont habitués à circuler en grande partie librement à travers les frontières du continent.
Complexe, ennuyeux, opaque, futile : les affaires européennes sont décrites de façon peu flatteuse. Dans un contexte souvent évoqué de montée de l'extrême-droite, de nationalisme grandissant, d'hostilité vis-à-vis des immigrés et des fermetures de frontières les unes après les autres, l'opinion publique sur le projet européen semble avoir perdu de sa popularité ces dernières années. Avec une jeunesse clairement déconnectée des idées à l'origine de la création du projet européen, les classes politiques d'aujourd'hui exploitent les frustrations qui se sont accumulées au cours de ces dernières décennies.
Les jeunes européens tels que nous les connaissons ont grandi dans un monde sans guerre et se sont habitués à circuler en grande partie librement à travers les frontières du continent. Les visas n'étant plus requis depuis longtemps pour voyager dans la plupart des pays et les déplacements d'un pays à l'autre s'étant fluidifiés, on peut comprendre que les jeunes d'aujourd'hui ne connaissent pas les conditions qui prévalaient auparavant. Évoquant les débuts de l'Union européenne et la jeunesse, la journaliste Maria Laura Franciosi dit dans une interview : « À l'époque, les jeunes adhéraient à cette idée. Celle de tous ces pays en guerre se tendant la main pour créer une union. La jeunesse était pro-européenne. On ne pensant pas à au côté pratique des choses. On s'enthousiasmait à l'idée de se réunir et d'échanger avec des citoyens d'autres pays ». En effet, une des raisons pour lesquelles l'UE ne parvient pas à communiquer avec les jeunes d'aujourd'hui est qu'elle peine à s'y intéresser et considérer son importance. Par exemple, selon des articles de presse, les jeunes entre 18 et 24 ans et entre 25 et 34 ans ont connu les taux d'abstention les plus élevés lors du référendum sur la sortie de l'UE au Royaume-Uni.
La communication joue un rôle primordial dans le développement et la conservation des relations structurelles entre les pays de l'UE, ainsi qu'avec les États membres et les instances de législation et de réglementation de Bruxelles. Pour créer une communauté de jeunes Européens, la jeunesse des différents États membres doit être bien informée et avoir à sa disposition les moyens de s'engager au sein des institutions européennes censées la représenter. Certaines des mesures s'adressant à la jeunesse d'Europe ont été prises par les institutions elle-mêmes à travers des programmes spéciaux et des événements (voir par exemple la Rencontre des jeunes Européens (European Youth Event - EYE), les travaux de stratégie de la Commission au sein de la DG EAC et surtout la Conférence européenne de la jeunesse, qui facilite les relations entre comités jeunesse nationaux et les présidences de l'UE, ou les initiatives de politiques jeunesse du Conseil de l'Europe).
Dans ce contexte, certaines des plus importantes ONG qui se consacrent à favoriser la communication entre la jeunesse et les organisations au niveau de l'UE se sont avérées être d'excellentes plateformes ainsi que des initiateurs de programmes de communication plus stratégiques et performants qui peuvent être utiles pour les jeunes d'Europe. Parmi eux, le Dialogue structuré veut aller au cœur du problème en mettant en contact les jeunes et leurs organisations avec les responsables de l'UE à travers un projet au procédé itératif à long terme. De même, le Parlement européen des jeunes et la Fondation Schwarzkopf ont mené un projet éducatif nommé Comprendre l'Europe qui, comme son nom l'indique, vise à offrir aux jeunes élèves les connaissances adéquates concernant les problématiques européennes grâce à des cours accélérés, du matériel éducatif, des séminaires et des formations. En outre, les Jeunes Européens fédéralistes, ou JEF, sont une des organisations les plus populaires pour ce qui relève des thématiques européennes et celle-ci s'adresse spécifiquement aux jeunes. Avec près de 30 000 membres dans 30 pays différents, JEF prône des valeurs européennes démocratiques et cherche à jeter des ponts entre les acteurs décisionnels européens et les citoyens, entre lesquels le gouffre semble s'être agrandi, les eurocrates étant critiqués pour avoir perdu contact avec les réalités nationales. Constatant que la communication est un des principaux problèmes que doit aborder l'Union européenne envers ses citoyens, la participation du JEF au projet LADDER (acronyme de "Local Authorities as Drivers for Development Education and Raising awarness", c'est-à-dire "Autorités locales comme moteur de l'éducation au développement et de sensibilisation"), est une initiative intéressante, en particulier celle du journalisme citoyen. Cette initiative a sélectionné pour LADDER 50 journalistes citoyens et les soutient dans leur formation, leur publication, leur promotion et leur réseau, qui fonctionne tout au long des 3 ans du projet jusqu'à fin 2017. Pour participer aux activités de JEF et s'engager au plus près des affaires européennes, JEF Europe est présent dans 33 pays.
Les jeunes d'Europe sont essentiels pour la coopération prospère entre les pays du continent et constituent un pilier pour résoudre un de ces épisodes les plus délicats dans l'histoire de l'UE. Avec des jeunes déconnectés d'un Traité signé bien avant leur naissance, les buts communs et les avenirs projetés vont aujourd'hui au-delà de simples objectifs économiques. L'UE, que Tindemans a appelé l'idée politique la plus généreuse du 20e siècle, doit tâcher de résoudre les menaces les plus sérieuses à son caractère démocratique et au bien-être de ses citoyens. Ces problèmes, parmi lesquels des changements climatiques sans précédent, les migrations ou l'approvisionnement en énergies alternatives ne peuvent être résolus au niveau national et demandent une coopération supranationale.
La simplification provient d'une compréhension solide des questions en jeu. Le jargon et les acronymes, bien appréciés et largement utilisés dans la bulle de l'UE, ont tendance à déconnecter les responsables de l'UE des problèmes du quotidien et de la population, et en général n'attirent pas les jeunes. En essayant de dépasser ces problèmes, les nombreuses ressources et les initiatives disponibles doivent parvenir à toucher les générations de jeunes Européens à venir et à susciter leur intérêt.
Auteur : Larisa Rusu L'article Youth Has Voice Too? est d'abord paru dans Mladiinfo.
Translated from Youth Has Voice Too?