La Hongrie, trait d’union entre Europe occidentale et orientale
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Le peuple magyar
est très fier de son identité. Ni latins, ni germains, ni slaves, ils font
partie d’un peuple venu des confins de l’Oural.
Installés
dans le bassin du Danube au VIIe siècle, ils n’ont eu de cesse
d’agrandir le domaine de leur couronne et de raffermir leur foi en saint Étienne,
leur patron.
Lorsque la Hongrie tombe aux mains des Turcs (1526), la défaite est davantage psychologique que matérielle. L’alliance avec l’Autriche pour former le prestigieux Empire d’Autriche-Hongrie va redorer l’image de la Grande Hongrie auprès des voisins européens. Le démantèlement de l’empire au lendemain de la Première Guerre mondiale va faire éclore le génie hongrois. Inventeurs, écrivains, scientifiques, philosophes, artistes, les prix Nobel hongrois se comptent par plusieurs dizaines.
Le drame : le communisme. Le régime plonge le pays dans la catastrophe économique, même si le pays s’en sort mieux que ses voisins (l’expression hongroise « la Hongrie, la baraque la plus joyeuse du camp » traduit cet état de fait). Rationnement, planification, police politique, construction arbitraire de bâtiments de style communiste, assujettissement à Moscou, parti unique… La Hongrie fini par être oubliée de l’Europe.
Cafébabel est allé visiter Budapest, pour voir où en était la Hongrie. Quels progrès depuis l’accession, en 2004, au plus grand marché du monde ? Quelle influence sur les mentalités ? Quel avenir pour la Hongrie ?
Budapest est un joyau. S’étendant le long du Danube, son architecture retrace l’histoire européenne dans son ensemble. Les villas, les rues, les bâtiments sont d’une beauté exceptionnelle. Mais ce qui frappe assez rapidement, c’est de voir le nombre de façades abîmées, dégradées par le temps. Les murs se fissurent, les crépis tombent, les ornements sont érodés. Les Hongrois seraient-ils négligents ? Pas du tout. Au contraire, cet état de fait les désole. « Le régime communiste a laissé notre patrimoine se dégrader » regrette Dory, étudiante hongroise. « Il est évident que la beauté de la Hongrie est liée à son patrimoine architectural. Le temps et les soviétiques ont fait des dégâts que les Hongrois seuls ne peuvent pas réparer » constate Laszlo, autre étudiant.
Les fonds alloués par l’Union européenne, et – par son intermédiaire – par les entreprises privées ont permis la rénovation de centaines de bâtiments. Il est commun aujourd’hui de se trouver dans une rue avec plus d’une quinzaine d’échafaudages.
Pourtant, la misère existe toujours, et de façon visible. Les personnes âgées tentant de vendre quelques fleurs ou quelques oignons sont nombreuses. Les simples sans-abris aussi. « La situation s’est améliorée depuis l’accession à l’UE, c’est sûr, mais la crise nous a énormément affaibli dans notre élan ».
Malgré tout, les Hongrois gardent le moral. Leur sens de la fête, leurs loisirs (les bains sont une véritable institution), leur dynamisme, traduisent un optimisme pour ce que certains nomment « le réveil hongrois ». L’accession à l’Union européenne leur a donné des ailes. Il est vrai que la Hongrie a un potentiel énorme. Avec le développement économique des régions du Danube, il est possible qu’un nouveau Rhin voie le jour. Encore dix ans et avec les fonds structurels européens, la Hongrie prendra toute sa place dans le concert des nations d’Europe centrale.
Guillaume Bucherer
© Photographies personnelles