La Génération Y en Pologne : entre crédit et créativité
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kamila browarskaLes jeunes d’aujourd’hui sont, en principe, des personnes avec une formation supérieure, cosmopolites, « computerisées », et, avant tout, ambitieuses et soucieuses de réussir une carrière professionnelle. Telle est la définition américaine, mais qu’en est-il de la réalité polonaise ?
« Y » est pour moi, comme « X » : une inconnue. Par conséquent, le génération « Y » polonaise se présente comme plus ou moins indéfinissable. En effet, il est difficile de considérer une masse d’individus comme une entité homogène. Ainsi, il l'est tout autant de proposer une définition de cette génération qui supporterait les frontières interculturelles.
Théoriquement, j’appartiens à la génération « Y » : titulaire de deux Masters, j’ai voyagé et travaillé à l’étranger. L’ordinateur est pour moi depuis longtemps un outil de travail avant d’être un jouet. Même si j’attends beaucoup de moi-même, je reste réaliste vis à vis du monde de travail : je sais que bien qu’ayant un savoir important dans le domaine de sciences humaines, je n’arriverai pas au sommet sans expérience. Je sais aussi que pour que ma créativité trouve son application, il faut que j’aie un travail et pour cela il faut commencer en bas de l’échelle ! Quant à la qualité des études, on n’a plus d’illusions, tout le monde sait comment les enseignements sont dispensés dans les universités. De plus, il serait une erreur de penser que les diplômes sont une preuve d’un savoir-faire. Un diplôme sert juste de pass pour un « voyage » à travers les stages, les formations et les cours de perfectionnement.
Et le fait d’avoir connu d’autres pays devient perturbant, dérangeant et pousse à se demander pourquoi chez nous on ne fait pas comme chez les autres. On se demande par exemple pourquoi ne pas faire comme les Suédois qui travaillent à mi-temps contre une rémunération qui leur permet largement de quoi vivre tout en profitant du temps libre.
Eh oui, notre réalité est dure !
Pourquoi ne pas faire comme les Suédois qui travaillent à mi-temps contre une rémunération qui leur permet largement de quoi vivre tout en profitant du temps libre ?
D’accord, nous sommes les premiers à avoir introduit l’informatique comme matière à l’école, mais seulement au lycée. Ainsi, nous avions pu grandir dans un monde réel, loin de la high-tech et des loisirs virtuels, en jouant avec les autres dans la cour et en apprenant à écrire à la main ! Et puis, la technologie nous a séduits comme tous les autres, mais avec cette différence que nous l’approchons d’une manière pragmatique. C’est un outil pour atteindre un but et non un but en soi. Les Ipod et smartphones sont pratiques car permettent soit de se relaxer soit de gagner du temps, et le temps c’est l’argent. Puisque nous pouvons être plus efficaces grâce à ces gadgets, alors pourquoi pas ? Les autres le font, et bien, nous aussi !
Nous nous adaptons car nous n’avons pas le choix
Nous, la génération « Y « sommes pleins d’ambitions, à ne pas confondre avec l’arrogance. La plupart d’entre nous ont mis beaucoup d’effort dans le développement personnel et nous sommes toujours prêts à accroître nos compétences. Contrairement à nos homologues d’outre-Atlantique, nous nous adaptons facilement aux dress codes et aux « heures sup ». Nous nous adaptons car nous n’avons pas le choix : en temps de crise il vaut mieux courber l’échine car le chômage peut toucher même les plus brillants.
Nous affirmons avoir des convictions politiques clairement définies. Mais en réalité, nous ne les étalons pas publiquement et nous nous limitons au « politiquement correct ». La politique reste un sujet « passe temps », subsidiaire par rapport aux autres comme les styles de vie, la technologie, la musique et le sport. Bien que récemment on ait pu observer une montée de critiques à l’encontre de la signature par la Pologne d’ ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement), il ne faudrait pas surestimer notre rôle. Trop préoccupés par nous-mêmes, nous oublions tout le reste.
Il n’est pas aisé de trouver un dénominatif commun pour les jeunes de la génération « Y » à moins que cela ne soit le crédit en francs suisse. Ce crédit périlleux, nous l’avons déjà ou nous l’aurons dans un avenir très proche. Endettés ou pas encore, notre génération est en voie de devenir une « génération du francsuisse ». Mais pas de panique : avec notre acharnement et notre inventivité nous rembourserons nos crédits tout en nous assurant un bon niveau de vie et un avenir confortable !
Photos : Une (cc): calleecakes/flickr; Texte : Crise des crédits : (cc) Perrenque/flickr; Conformisme : (cc) art crimes/flickr;Portrait de Pani Ka
Translated from Los polskiego „Igreka” frankiem szwajcarskim się toczy