La Génération Erasmus aura bientôt son réseau social
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Par Pauline Maroy Ils sont 3 millions, ces étudiants à être partis pendant un semestre, un an pour étudier ou parfois travailler à l’étranger dans le cadre du programme européen Erasmus. Ils incarnent la Génération Erasmus, existante depuis 1987, date où le programme a été conçu.
Dès la fin novembre, une application disponible sur Facebook et ensuite sur smartphones, leur permettra de se mettre en contact. Elle s’appelle Check-in Europe et est pilotée par la fondation garagErasmus. Cette dernière a été créée il y a environ un an par deux anciens étudiants Erasmus Italiens : Francesco Cappè et Marco Mazzini. Pas étonnant que l’idée vienne d’Italie, c’est l’un des pays qui envoie le plus d’étudiants dans le cadre du programme Erasmus.
Un appel lancé à la Génération Erasmus et à l’Union Européenne
Le 5 novembre dernier, garagEramus s’est rendu au Parlement Européen à Bruxelles après avoir fait le déplacement depuis l’Italie à bord d'un van rempli d’anciens étudiants Erasmus. En présence d'officiels du programme d'échange universitaire, elle a présenté son application et lancé un appel à sa génération: que chaque ancien étudiant Erasmus déclare son adhésion à la construction d’une société européenne réellement unie. Mais cet appel pour plus d’Europe était aussi, au vu des circonstances, destiné aux États-membres de l’UE et à ses parlementaires. Ces derniers seront prochainement amenés à voter le budget alloué au programme Erasmus, dont l’existence est en péril car il accuse un déficit de 90 millions d’euros.
Les arguments ne manquent pas pour plaider en faveur du maintien du programme. Comme GaragErasmus le rappelle, beaucoup de professionnels partis en Erasmus doivent leurs compétences, leur mode de vie flexible et orienté sur l’Europe, ainsi que leur entrée sur le marché du travail, à leur expérience d’études à l’étranger. De quoi faire réfléchir nos dirigeants, en cette époque où un jeune Européen sur cinq est au chômage ?
Au fait, pourquoi le nom garagErasmus ? Les Beatles auraient été créés dans un garage, Apple aussi. C’est le lieu où l’on essaye, expérimente. GaragErasmus, c’est une initiative lancée à petite échelle par des gens comme tout le monde.
Témoignages de participants présents lors de la présentation de garagErasmus au Parlement Européen:
Francesco Malfatti, 26 ans, Italien, étudiant en histoire
L’expérience de Francesco sort un peu de l’ordinaire car il a participé à deux reprises au programme Erasmus. La première fois, c’était en 2009 à Tübingen, en Allemagne. Avant de partir, il avait déjà une connaissance de l’allemand acquise durant ses études secondaires. Il a relevé le défi de réussir tous ses cours : « Au début ça n’a pas été facile car le niveau de langue était élevé. Mais l’université m’a bien aidée ». Francesco vivait dans un appartement avec trois Allemands, un Américain et un Japonais. Un peu à l’image de l’auberge espagnole.
Vivre dans une communauté internationale, j’ai trouvé ça très chouette. Ça m’a ouvert l’esprit : on échangeait nos opinions sur un même sujet. Et chacun cuisinait des spécialités de chez lui qu’on mangeait ensemble sur notre balcon.
Son deuxième Erasmus, Francesco l’a fait en 2011, à Istanbul en Turquie en participant à l’« Erasmus placement programme ». Il permet aux étudiants de faire un stage en entreprise et d’acquérir ainsi une première expérience professionnelle dans leur domaine. Francesco avait choisi de travailler dans la fondation culturelle d’une banque turque, au service des archives pour digitaliser des documents. Il a été agréablement surpris: « Je ne m’attendais pas à ce que ce pays utilise des technologies aussi pointues ».
Quand on lui demande de comparer les deux Erasmus, il raconte :
Je suis passé d’une petite ville allemande de 40 000 habitants à Istanbul et ses millions d’habitants! Il y avait là un autre souffle: un mélange de cultures et de religions. Par exemple, ce n’était pas étonnant de trouver une synagogue et une mosquée dans la même rue.
Marco Mazzini, 41 ans, Italien, cofondateur de garagErasmus.
Marco a quant à lui effectué son Erasmus à Paris en 1995. Parti pour étudier le droit, Marco est par la suite devenu un publicitaire spécialisé dans la communication numérique.
Durant son expérience française, en plus d’apprendre la langue de Voltaire, il a été confronté à une méthode d’enseignement différente, plus interactive, avec des workshops et des séminaires. Contrairement à l'Italie où l'enseignement supérieur se donne majoritairement via des cours magistraux.
Sur place, il explique qu’il voulait se faire des amis français: « Avec un ami italien on cherchait des stratégies pour les approcher. On a fait beaucoup de spaghettis chez nous». Résultat, il s’est complètement intégré à la société française. Selon lui, un étudiant peut choisir entre deux manières de vivre son expérience Erasmus : celle où il se mélange aux habitants, « qui demande de faire plus d’efforts». Et l’autre, qui peut aussi être positive mais qui est différente : « C’est l’Erasmus ‘grandes vacances’ : où tu côtoies pleins de nationalités et où tu n’étudies pas beaucoup. C’est l’Erasmus orgasmus ! » Mais sur ce tout dernier point, il ajoute, amusé: « Enfin non, ça on l’a aussi vécu!».