La gauche unitaire sur tous les fronts
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Cette formation politique inédite résulte d’un accord électoral entre le parti de gauche et le Parti communiste français (PCF), qualifié de partenariat dans l’optique de constituer un front de gauche pour une autre Europe démocratique et sociale. Son principal objectif est de s’opposer au traité de Lisbonne et les traités européens actuels, qui ont dénaturés, selon eux, l’idée européenne.
Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet (au centre de la photo), Front de Gauche
La pilule du Traité de Lisbonne n’est toujours pas passée
Cette formation politique éphémère (ou pas ?) se place dans la perspective des « nonistes », ceux là même qui avaient conduit à la mise en échec de la constitution européenne de 2005, mais qui avaient été impuissant à la ratification du traité de Lisbonne (« récriture » du traité constitutionnel selon l’ancien président Valérie Giscard d’Estaing) par la voix parlementaire et non pas référendaire.
Les têtes d’affiches en Ile de France et les invités surprises en France
Parmi les représentants les plus connus, le duo Jean-Luc Mélenchon, président du Bureau national du parti de gauche, et Marie-Georges Buffet, secrétaire du parti communiste français, assure les fondations de ce front constitué contre l’Europe libérale. Pour la région qui nous concerne, l’Ile-de-France, la liste est dirigée par Patrick Le Hyaric, le directeur du célèbre journal l’Humanité, qui malgré la crise de la gauche communiste, survit encore. Fort de ce leadership, la liste Ile-de-France bénéficie d’un comité de soutien impressionnant, notamment celui de l’acteur Bruno Solo, ainsi que de l’intellectuel et animateur de l’Université libre de Caen, Michel Onfray. Ayant soutenu auparavant le NPA, Nouveau Parti Anticapitaliste (anciennement LCR, Ligue Communiste Révolutionnaire) aux présidentielles de 2007, l’intellectuel voit dans cette volonté de s’unir une dynamique encourageante, et un espoir pour la gauche antilibérale dans ce scrutin européen. A noté aussi la participation de Jacques Généreux, tête de liste dans la région OUEST. Le professeur d’économie ainsi que l’homme politique s’était déjà démarqués de son ancien parti, le parti socialiste, avec la sortie de son livre en mars 2005, Manuel critique du parfait européen. Les bonnes raisons de dire non (Le Seuil, Paris), où il dénonce une Union Européenne et son traité constitutionnel qui se construisent en porte à faux de la démocratie, contre le pouvoir des peuples.
La renaissance des idéologies ?
Ainsi la ligne politique du Front de gauche se penche sur l’actualité économique de l’Union Européenne, touchée par la crise et la montée du chômage, particulièrement en Espagne et en Europe de l’Est. Le front de gauche en conclut que le capitalisme néo-libérale en est arrivé à son dernier souffle, et que toutes les déréglementations subies depuis 20 ans, ont laissé place à une criminalisation des luttes sociales, une dérive sécuritaire inquiétante des Etats, des délocalisations destructrices, et une dictature de l’actionnariat au dépend de salariés et des classes laborieuses. L’Union Européenne, à travers ses institutions, ses traités, ses accords représenteraient ces préférences libérales, c’est pourquoi il faut changer l’Europe selon la gauche européenne. Les forces de gauche doivent trouver de quoi répondre face à trois challenges européen : se rendre utile aux peuples européens subissant les effets de la crise financières, faire en sorte de gagner la bataille des idées et mettre fin au dogme libéral véritable origine de la crise, et se présenter comme étant capable d’exercer le pouvoir et de s’orienter vers un véritable changement.
Le front de gauche, miroir de notre société ?
Le front de gauche demeure une formation originale, puisqu’il est une véritable clé de lecture de la politique nationale et européenne, dans la mesure où il symbolise le conflit larvé qui existe depuis le refus de la constitution européenne de 2005 en France (mais aussi en Hollande), entre « ouiouistes » et « nonistes » qui ne s’est jamais réellement refermé. En effet, le référendum du traité de Lisbonne ( pas encore ratifié par l’Irlande,donc par conséquent pas encore en cours dans l’UE, celle-ci fonctionnant encore sous les préceptes du traité de Nice) est « passé » par la ratification des députés français, y compris par une majorité de socialistes, verts et radicaux lors du congrès de Versailles. Une véritable trahison pour la « vraie » gauche française et européenne.
Le groupe parlementaire, The European Left
Lors de la précédente mandature, « The European left », composée de la gauche unitaire européenne et les verts nordiques ont pu compter sur leurs 41 représentants dans l’assemblée nationale européenne. Ce nombre, en raison de l’actualité, devrait connaître une évolution positive. L’objectif du front de gauche, c’est de conquérir au moins un siège sur les 13 possibles, car la plus part vont être trustés par le parti socialistes. Crée lors de son congrès constitutif des 8 et 9 mai 2004, en fusionnant les membres socialistes, communistes, rouge-verts, et autres partis démocratiques européens, la gauche unitaire européenne représentera t-elle le renouveau de l’idéologie communiste en Union Européenne ? Réponse demain dans lues urnes.
Crédit photo : François Bouchet/FlickR et Alain Delpey
Henri Lacour