La Food Assembly de Berlin : plus près de toi, mon vieux
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Cet été, après une longue attente, la Food Assembly est arrivée à Neukölln, un quartier de Berlin. Cette start-up sociale vise à réunir producteurs et consommateurs directement, limitant ainsi les intermédiaires du marché agro-alimentaire. Mais comment ça marche au juste ?
Jeune start-up à portée écologique et sociale, la Food Assembly en Allemagne est une plateforme virtuelle qui met en relation les producteurs et les consommateurs. Elle s'inspire du principe des AMAP (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) françaises, le tout chapeauté par le responsable de la ruche. Le rôle de ces « Gastgeber » n’est pas à négliger explique Susanne, responsable d'une nouvelle ruche qui s'installera bientôt à Berlin Mitte (quartier au centre de la ville, ndlr). Elle est accompagnée de deux membres de l’équipe de Food Assembly Berlin, Laure et Veronica, et de la responsable d’une ruche de Neukölln, Sandra.
50 Passionnés pour une Food Assembly
C’est en effet aux « Gastgeber » que revient la tâche de trouver les producteurs. Susanne témoigne que le démarchage n’est pas toujours aisé : les agriculteurs, souvent sur le terrain, ne passent pas tout leur temps à côté du téléphone. De plus, certains émettent parfois des réticences vis-à-vis d’Internet. Ils sont cependant de plus en plus nombreux à se laisser convaincre par le concept, et certains se manifestent d'eux-mêmes. Avant d’ouvrir les portes de son assemblée, le responsable de ruche doit également parvenir à réunir 50 membres, et c'est à lui de trouver le lieu qui accueillera chaque semaine le rendez-vous.
L’idée présente de multiples avantages pour les producteurs : la pression que peuvent exercer les réseaux de la grande distribution et ses (innombrables) intermédiaires est parfois écrasante. Ici, en ce qui concerne le prix, la décision revient entièrement au producteur. Pour définir la fréquence et la quantité de la livraison - 15 pots de confiture une fois par mois, ou encore, 6 kilos de pommes chaque semaine – le producteur se met d’accord avec le responsable de ruche. De plus, ils fixent ensemble un seuil en dessous duquel le producteur, par faute de rentabilité, financière mais aussi en termes de temps, ne livrera pas.
Les consommateurs y trouvent également leur compte dans l’affaire. N’exigeant aucun engagement et aucune adhésion, la Food Assembly permet une grande flexibilité. Chacun est libre de faire sa commande comme il lui plaît. On peut ne pas venir chaque semaine, ou bien décider de racheter des œufs ou non. Le paiement se fait directement sur Internet, la Food Assembly elle-même se veut un moment d’échange et de convivialité, où l’argent n’aurait pas sa place.
Une entreprise socialement responsable
Car Food Assembly, c’est une entreprise certes, mais elle se veut avant tout socialement responsable, comme le rappelle Veronica. C’est d’ailleurs sans tabou aucun qu'ils abordent la répartition des bénéfices : 83,3% pour le producteur, 8,35% pour le responsable de ruche et 8,35% pour le développement du réseau et son fonctionnement. Mais les bénéfices ici ne sont pas que financiers et c’est pourquoi la start-up met en avant son côté social. Elle souligne le fait qu’elle cherche avant tout des alternatives aux modes de consommation actuels. Son objectif est de rechercher un nouveau modèle économique, qui soutiendrait à la fois une agriculture propre et une consommation avertie. Ainsi, son ancrage est foncièrement local : les producteurs sont situés dans un réseau de 250 kms, mais bien souvent localisés en ville ou dans ses environs.
Les agriculteurs sont d'ailleurs choisis avec soin. Si le label biologique n’est pas un critère – c’est parfois un parcours du combattant que les petits producteurs ne peuvent s’offrir, notamment financièrement – le système de production doit tout de même respecter certains critères afin de garantir des produits de qualité et une agriculture respectueuse de l’environnement. Auprès de ses clients, le but de l’entreprise est de redonner de la valeur aux produits consommés, afin d’impliquer les membres dans une consommation responsable. Grâce à la Food Assembly, les clients peuvent redécouvrir la saisonnalité des fruits et légumes et le manger local, ainsi que des aliments de qualité, qu'on aurait peut-être moins envie de gaspiller.
Une vision à long-terme
Lorsque l’on parle d’avenir à la Food Assembly, celle-ci se montre très optimiste. La prise de conscience sur la nécessité de réfléchir à nos modes de consommation fait son chemin, par le biais des médias mais également par le bouche à oreille. Ainsi, les gens prennent de plus en plus conscience de leur façon de consommer, et la demande pour des produits régionaux est en augmentation.
Son développement lui donne raison : la start-up s’implante peu à peu dans toute l’Europe. Elle a commencé en France, s’est installé en Belgique et arrive désormais en Angleterre, en Espagne et en Allemagne. Après Cologne, elle a fait son arrivée à Berlin, avec l’ouverture de sa première Assembly le 10 juillet à Neukölln. Son expansion berlinois est en bonne voie et ne semble pas près de s’arrêter : l'Assembly de Susanne a ouvert ses portes le 24 septembre à l’ACUD, et de nombreuses autres ruches sont en perspective.