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La Colombie agit, Sarkozy sourit

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Surtout, pas de récupération politique. La libération d’Ingrid Betancourt suscite l’enthousiasme parmi la société française. Nicolas Sarkozy va-t-il tirer les bénéfices politiques de ce succès de l’armée colombienne ?

C’est avec une joie non dissimulée que la classe politique française a accueilli la nouvelle de la libération d’Ingrid Betancourt. Détenue pendant six ans par les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), l’une des plus anciennes guérillas d’Amérique latine, l’ex-otage franco-colombien a retrouvé jeudi sa famille à l’aéroport de Bogota, la capitale colombienne. 

Si ses premiers mots de remerciement ont été pour le Président français Nicolas Sarkozy, le rôle de la France semble avoir été plutôt limité dans les déroulements récents de cette affaire. En effet, la libération d’Ingrid Betancourt est le résultat d’une opération d’infiltration menée à bien par l’armée nationale colombienne. 

Force ou diplomatie

(Illustration Clairoc/clairoc@gmail.com)Et si elle paraît aujourd’hui être en meilleure santé qu’elle ne l’était sur les vidéos envoyées par ses ravisseurs durant l’hiver dernier, c’est surtout parce que les FARC ont réalisé que les images de cette femme malade et affaiblie n’ont rien arrangé à leur réputation. Ils l’ont donc un peu mieux traité depuis la diffusion de la vidéo si alarmante à Noël dernier et ont soigné son hépatite B. Rien à voir donc, avec l’agitation télévisuelle de Nicolas Sarkozy en faveur de la libération d’Ingrid Betancourt. 

Au contraire, l’attitude de la France aurait gêné l’opération, et c’est la raison pour laquelle elle n’en avait pas été informée au préalable. Elle a été tenue à l’écart, contrairement aux Américains dans cette affaire, car elle ne partage pas l’idée des opérations militaires, jugées trop dangereuses, et aurait sans doute recommandé une fois de plus de recourir aux moyens diplomatiques.

A l’inverse de la Colombie et de leurs alliés dans la lutte totale dans le terrorisme, la France a toujours refusé toute opération militaire et immédiate, privilégiant la voie diplomatique et l’envoi d’émissaires secrets.

La nouvelle Marianne

(Illustration Clairoc/clairoc@gmail.com)Pourtant, c’est Nicolas Sarkozy qui en profite le plus. Rappelez-vous, au début de sa présidence, Nicolas Sarkozy affirmait qu’il « était prêt à aller chercher » Ingrid Betancourt au fin fond de la jungle colombienne en personne, s’il le fallait. Et si le maire de Paris et prétendant au secrétariat général du Parti socialiste, Bertrand Delanoë, espérait jeudi matin que cet évènement heureux ne fasse l’objet « d’aucune récupération politique », Nicolas Sarkozy ne manquera sans doute pas de faire remarquer que c’est sous sa présidence, et non sous celle de Jacques Chirac (qui, pourtant, a soutenu ce dossier sous des jours moins favorables), qu’est survenue cette libération. 

Car cette affaire tombe à pic pour remonter le moral des Français, à l’heure où le pouvoir d’achat faible et le pétrole cher assombrissent les esprits. Il n’y a qu’à voir la façon dont les principaux médias français célèbrent la libération d’Ingrid Betancourt : elle est quasiment devenue une héroïne nationale, l’égérie française qui s’est battue pour la liberté et qui n’a jamais hésité à mettre sa vie en danger pour permettre l’installation de la démocratie sur le sol colombien. Elle était la nouvelle Marianne, le symbole d’une société souffrante mais forte. Un gros coup de pub pour l’équipe Sarkozy, à n’en pas douter.