La caravane de la diversité à l'ULB
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Dans notre déambulation cosmopolite en Belgique, on n'aurait jamais pu rater La caravane de la diversité dans l'étape prévue du 2 au 4 avril à l'ULB (Université Libre de Bruxelles).
Le programme foisonne d’activités variées mais on a choisi d'assister à « La femme qui est tombée du ciel » , une pièce théâtrale écrite par le dramaturge mexicain Victor Hugo Rascón Banda et mise en œuvre par la compagnie belgo-mexicaine ACHTILI.
On est allé au Campus du Solbosch et l’atmosphère était amusante et détendue. Tout le monde y était assis au grand air, les adultes sirotaient du vin rouge, les enfants dansaient comme de fous et sur la scène, un très bon groupe, les Sibel, jouant de la musique turque. Soudain on levé les yeux : il faisait noir et le croissant de Lune nous a tout de suite remémoré le drapeau de la Turquie… Quelle coïncidence! On dirait vraiment que la Lune dans ses coulisses s’était accordée au ciel.
On ne savait pas grand-chose sur le spectacle qui allait commencer sauf qu’il allait aborder le sujet du langage en tant que forme d’intégration ou d’exclusion ; toutefois nos pensées étaient encore là, sur le drapeau et sur la Lune. En fait, on ne comprenait même pas un mot de turc mais on pouvait bien percevoir et partager la joie, les émotions que l’on respirait dans l’air.
Le langage est apparu comme le tissu commun à partir duquel on peut commencer un dialogue, une conversation, un échange, une relation…mais la Lune, elle est universelle ! Pas besoin d’interprètes, de traducteurs ou de cours de langues pour comprendre sa magie.
Encore une chanson et le spectacle a commencé. On est entré dans le théâtre, les lumières se sont effacées pour laisser place aux acteurs :
Ils parlent à la fois en anglais, en espagnol et en tarahumara, le dialecte d’une petite tribu du Mexique. Parfois les voix des joueurs sont soutitrées mais peu importe. On comprend ce que l’on doit comprendre parce que, comme la Lune, les sentiments se révèlent à tout le monde.
L’histoire de Rita, l’héroïne, se dévoile petit à petit au public ; il est difficile de ne pas se mettre dans sa peau, dans la peau d’une femme, indigène et étrangère, qui se retrouve perdue à Dallas, aux Etats Unis, sans savoir ni comment ni pourquoi. Elle sera maltraitée par la police et internée pendant plus que douze ans dans un hôpital psychiatrique.
Durant tous ces évènements personne n’aura connu ses origines. L’incompréhension de la langue constitue non seulement un mur qui empêche la communication mais aussi une raison pour la considérer comme démente alors qu’elle, dans sa vie hallucinée, était peut être bien plus lucide et raisonnable que nous quand elle disait qu’elle venait du ciel. Devenue clandestine dans un pays inconnu, Rita lutte pour garder sa propre identité et dignité. Totalement seule, elle doit affronter les contraintes hospitalières , militaires et migratoires pour rejoindre sa terre et ses racines.
Le public se retrouve brutalement face à face au drame social qui se joue dans cette pièce - tiré d’un fait réel - qui évoque clairement la nécessité de se reconnaitre avant tout comme étant partie de la race humaine par-delà les frontières.
La Caravane de la diversité, organisé par la Compagnie des Nouveaux Disparus, sera en tournée en Belgique francophone jusqu’au 18 mai 2014 avec de nombreux spectacles, danses, concerts, projections, conférences, ateliers et débats à proposer autour des migrations. A ne pas rater !