La capitale de l’Europe, une aubaine pour les entrepreneurs
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par Anne-Sophie Delcour et Elsa Fralon
Bruxelles abrite la plupart des institutions européennes, le
Conseil des ministres, la Commission et le Parlement (en partage avec Strasbourg), le Comité des régions, le Comité économique et social, l’Agence européenne de la défense… Au total, plus de 30 000 fonctionnaires travaillent directement pour l’Union européenne à Bruxelles. Sans compter toutes les professions « annexes » tournant autour de ce centre européen : 2500 diplomates, 2200 journalistes accrédités, 2000 sociétés. Et des centaines de lobbyistes, d’ONG, de cabinets juridiques internationaux. Alors que ce soit par hasard ou par flair, les entrepreneurs d’ici ou d’ailleurs l’ont bien compris, Bruxelles est une mine d’or.
“Chez Nardi”, au coeur du quartier européen
La famille Nardi a fait de la communauté européenne expatriée, son fond de commerce par pur hasard, ou plutôt grâce à une situation géographique stratégique. C’est au début de la rue Archimède, juste en face de l’imposant Berlaymont que « La Rosticceria fiorentina », petit restaurant italien familial fait, depuis plus de 40 ans le bonheur des uns et des autres. L’histoire de cette famille italienne représente ce qu’on pourrait appeler le « rêve européen ».
En 1962, Maria Nardi et Rina Gori, arrivent de Toscane avec leurs maris, Gigi et Dino. Les hommes travaillent à la mine, les femmes font des ménages ou la cuisine pour la petite noblesse belge. Les maris vont ensuite se voir proposer un poste d’huissier à la Commission. Maria et Rina décident de se lancer dans la restauration, elles trouvent un petit fond de commerce et le louent. « Au début, elles ne connaissaient rien, elles faisaient à manger comme à la maison » raconte Giovanna, une des filles de Maria, « mais c’est ça qui a plu aux clients, l’esprit de famille et le fait que chez nous c’est bon mais sans chichi ». Les deux femmes ont vécu la construction du Berlaymont, les différentes vagues d’arrivée des fonctionnaires, la transformation du quartier Schuman. Mais “Chez Nardi » comme l’appellent les habitués, on dirait que le temps s’est arrêté. « En 46 ans, rien n’a changé » déclare Giovanna, « le changement, les habitués n’aiment pas ça ». Elle raconte en rigolant le tollé qui a accompagné l’achat de nouvelles tables il y a quelques années. « On a remplacé les tables de quatre par des tables pour deux personnes car les gens qui ne se connaissent pas ne veulent plus s’asseoir les uns à côtés des autres comme ils le faisaient avant ». Il faut s’installer un midi à une table de « Chez Nardi » pour comprendre la magie intemporelle de cet endroit. Déguster une escalope milanaise, entre deux « golden boys » parlant business en anglais et entre une famille italienne « pure souche » à la table de laquelle Maria, la maman, ne manquera pas de venir faire un petit bonjour.
Pourtant l’enthousiasme familial des premiers jours n’est plus là. Les affaires continuent à marcher grâce à la clientèle européenne,« c’est elle qui nous tient à flot, comme pour tout le reste du quartier» confie l’air triste, Giovanna, mais les petits-enfants ne reprendront pas l’affaire familiale, « eux ils ont fait des études, ils ont le choix et puis le métier n’est plus ce qu’il était ».
“Deelite living”, les pages jaunes de Bruxelles
Monika malgré des origines allemande et portugaise est bruxelloise dans l’âme et elle est pleinement consciente de la richesse de cette ville. Ce n’est donc pas par hasard qu’elle installe en 2006 ses bureaux, à Ixelles, à deux pas de l’avenue Louise. Monika et son collaborateur, Vincent ont la tchatche. Très accueillants et dynamiques, ils invitent à la papote. Les différents jobs que Monika a exercés, l’ont entraînée dans de nombreux pays, mais son choix se porte sur Bruxelles lorsqu’elle décide de monter “Deelite living”. Entreprise de conciergerie privée, les services délivrés par “Deelite living” portent sur l’assistance personnelle et la recherche de personnes qualifiées répondant à des besoins divers. A l’image d’un grand maître d’hôtel, Monika se décarcasse pour satisfaire les moindres désirs de ses clients : aménagements de planning, travaux d’intérieur, réservation de voyages, recherche de nounous, préparatifs divers et organisation d’événements. En somme, Monika vend son temps pour gèrer l’organisation de projets : pour le client, exit le stress et les tracas du quotidien ! C’est grâce à son réseau et au bouche à oreille qu’elle a réussi à faire gonfler son carnet d’adresses. Elle sait tout et n’importe quoi : les pages jaunes de Bruxelles, elle en a fait son business. Elle le dit elle-même: “du jet privé à la baby sitter”. Un plombier qui parle anglais, une coiffeuse à minuit, un chat à 1000 euros, pas de problème, “Ce qui m’excite c’est chercher, courir dans tous les sens pour trouver ce qui fera plaisir à mon client”, explique-t-elle.
Comment? Elle connaît Bruxelles comme sa poche et a un énorme carnet d’adresses. Ses principaux clients: les fonctionnaires européens, puisqu’ils représentent quatre vingt pourcent de sa clientèle. C’est là que Vincent intervient. Depuis 6 mois, il s’occupe de ce que l’on appelle la « relocalisation ». « Deelite living » vise les expatriés européens en les aidant à trouver un appartement qui leur ressemble. Par exemple, les Suédois sont friands des grandes villas de Woluwé. Mais Vincent apporte surtout sa touche personnelle en donnant des cours d’"intégration bruxelloise". Il éclaire sur les us et coutumes de la capitale. Selon la culture et le budget des clients, il indique où sortir et où faire les boutiques, quelles sont les écoles renommées ou encore où acheter les tickets de métro. Il pense à tout pour faciliter l’adaptation à la vie bruxelloise. Mais malgré tous ces précieux conseil, Vincent rappelle que pour s’intégrer à Bruxelles le secret : « c’est de connaître un Bruxellois ».
Photo: "Matteo De Simone" / www.youthphotos.eu, CC-License(by-nc-nd) http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/de/deed.en