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La Belgique accouche d'un « gouvernement suédois »

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BruxellesPolitique

Le plat pays a un gouvernement, et ce, « seulement » quatre mois après les élections ! Le nouveau gouvernement de centre-droit a notamment décidé de repousser l’âge de la retraite à 67 ans. Cette décision n’est pas du goût des socialistes, renvoyés en touche après 25 ans au pouvoir.

Ce n’est pas cette fois-ci que la Belgique battra son record mondial du nombre de jours sans gouvernement. Quatre partis se sont associés pour former cette nouvelle coalition : les libéraux francophone et néerlandophone, les indépendantistes de la N-VA et les démocrates-chrétiens du CD&V. Tous ont tiré les leçons de la plus longue crise politique de 2009 et ont réussi à mettre sur un pied un gouvernement en quatre fois moins de temps que la dernière fois.

La coalition suédoise inédite

La « coalition suédoise » est inédite sur de nombreux points. Un gouvernement a été rapidement formé (138 jours au lieu des 541 jours sans gouvernement, en 2009). Les socialistes sont relégués dans l’opposition après 25 ans au pouvoir et la Belgique obtient son plus jeune Premier ministre.

Le président de la N-VA, Bart De Wever, se réjouit de l’absence des socialistes dans ce nouveau gouvernement : « À Anvers, j’ai relégué les socialistes dans l’opposition après plus de 90 ans au pouvoir. […] Au gouvernement fédéral, nous avons fait de même après 25 ans de pouvoir. […] Je préférerais ne jamais les revoir. »

Qualifié de coalition « suédoise », le gouvernement tire son nom des couleurs des partis qui la composent. Les quatre partis sont représentés dans le drapeau du pays scandinave : le bleu des libéraux, le jaune du parti indépendantiste flamand N-VA et la croix des démocrates-chrétiens flamands (CD&V).

Charles le Téméraire

À 38 ans, Charles Michel deviendra le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Belgique après sa prestation de serment auprès du Roi samedi. Fils de Louis Michel, ancien ministre belge et commissaire européen, ce n’est pas la première fois que Charles bat des records : il était déjà devenu en 2008 le plus jeune ministre fédéral, à l’âge de 32 ans.

Le leader des libéraux francophones a pris un pari osé. Il décide non seulement de s’associer à la N-VA, mais son parti sera aussi le seul représentant des francophones. Quand on sait que les Wallons votent traditionnellement à gauche, Charles le Téméraire, chef de la droite dans le sud du pays, doit préparer ses boucliers pour se protéger des attaques des autres partis francophones au cours des cinq prochaines années.       Charles Michel a profité du jeu de chaise musicale à la Commission européenne. Marianne Thyssen, du parti démocrate-chrétien flamand (CD&V), deviendra la prochaine commissaire belge. Du coup, Kris Peeters, lui aussi CD&V et candidat préposé au poste de Premier ministre, ne pouvait plus prétendre à cette fonction, car son parti avait déjà hérité d’un poste important à l’Europe. C’était alors à la famille libérale de mettre en avant un candidat et Charles Michel, en charge des négociations, a naturellement émergé.

Au menu : mesures structurelles

L’accord de gouvernement n’est pas encore officiellement présenté, mais son contenu a déjà été relayé par la presse.

La Belgique est l’un des rares pays européens à appliquer l’indexation des salaires. Tous les ans, le salaire des travailleurs est adapté en fonction du taux d’inflation national, une mesure qui permet d’augmenter le pouvoir d’achat des citoyens belges. Pourtant, l’année prochaine, le gouvernement Michel I introduira un saut d’index « socialement corrigé », qui est censé épargner les plus faibles.

L’âge légal de la retraite passera progressivement de 65 à 67 ans pour s’aligner sur les voisins européens, comme l’Allemagne ou l’Espagne. Les chômeurs de longue durée devront également effectuer des travaux d’intérêt général s’ils ne veulent pas voir diminuer le montant de leurs allocations.