La banque de temps de Séville : l'utopie en cash
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léa l.Le quartier Triana de Séville est soi-disant le berceau du flamenco. Mais ici, les gens s’enflamment surtout pour un nouvelle opération, née de la déferlante du mouvement des Indignés : la banque de temps. Ou comment échanger une heure de guitare contre une coupe de cheveux.
Chaque jeudi soir, une rencontre de la banco del tiempo est organisée au Centro Cívico de Triana (l'un des onze districts de la ville de Séville, ndlr). Ce lieu de rendez-vous est nouveau et c'est peut-être la raison pour laquelle, le jour de ma visite, l'endroit est plutôt calme et vide. Dans la salle où a lieu la rencontre en tout cas. Car dans celle d'à côté, on entend de la musique associée à des piétinements et des claquements de mains. Un cours de Sevillanas pour adultes est en train de s'y dérouler.
La banque des indignés
Eva Marino, l'une des initiatrices du projet, raconte la création et les débuts de la banco del tiempo. Des gens se sont rassemblés au moment du Movimiento 15M, le mouvement de protestation qui a vu naître les Indignés. Après le déferlement populaire, de petites commissions pendant lesquelles on pensait et discutait d'alternatives économiques se sont constituées. C'est de là finalement qu'est venue l'idée de créer la banque du temps. L'envie ? Mettre en place quelque chose de concret, autrement dit quelque chose qui aiderait vraiment les gens.
Le principe est simple : un service en l'échange d'un autre. À travers cette opération, il s'agit surtout d'augmenter la solidarité envers les uns et les autres, pas de satisfaire un simple besoin économique. Sont donc échangés : formations, ateliers, cours, compétences linguistiques, aide ménagère, aide aux personnes démunies, travaux de traduction, de couture, de coiffure, et bien plus.
Les citoyens peuvent s'informer et s'inscrire via un site internet. Actuellement, à peu près 160 personnes sont inscrites à la banco del tiempo. Au départ, elles étaient 70. Soit une centaine de gens qui, à côté du service et du contre-service rendus, pensent qu'un pareil échange est aussi porteur d'espoir et peut même s'avérer être une sorte de thérapie. Depuis quelques temps, l'échange se fait aussi entre groupes. Un cours de guitare d'une heure a lieu chaque semaine ici et chaque élève paie avec une heure de son propre service.
Sur les cendres du flamenco
Une coopération avec d'autres banques du temps n'existe pas encore, à l'exception d'un seul partenariat. Ici, on rêve d'un ensemble de réseau, sorte de maillage de banques de services à travers l'Espagne. Mais pour l'instant, les instigateurs préfèrent se concentrer sur Séville. Le travail avec des établissements sociaux est inscrit dans la durée et obéit au même principe. L'encadrement des personnes âgées est très demandé par exemple, de même que le soutien scolaire. Malgré son fort potentiel social, l'initiative des banco del tiempo ne reçoit pour l'instant aucune aide de la ville. Pourtant, Eva Marino soutient que Triana est le lieu idoine pour établir la banque du temps. Ce quartier n'est pas seulement le berceau du flamenco, c'est aussi un lieu où vivent les gens qui s'intéressent aux alternatives, aux échanges, aux autres.
Je suis expatriée allemande à Barcelone et je sais qu'il y a peu de travail et des salaires en conséquence. J'appartiens à ce groupe de personnes qui cherchent un moyen de vivre avec cette situation, dans cette situation et qui essayent d'en tirer le meilleur. Je connaissais beaucoup de mouvements alternatifs mais je n'avais jusqu'ici pas encore entendu parler du principe de la banque du temps. Un équivalent de la banco del tiempo existe aussi à Barcelone. En Espagne actuellement, les signes du temps se prêtent bien à la banque du temps.
Cet article fait partie d'une édition spéciale consacrée à Séville et réalisée dans le cadre du projet « EU-topia Time to Vote » initié par cafébabel en partenariat avec la fondation Hippocrène, la Commission européenne, le Ministère des Affaires étrangères et la fondation EVENS. Retrouvez bientôt tous les articles à la Une du magazine.
Translated from Sevilla: Tanzunterricht in der Zeitbank